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Algorithme éponyme, et autres textes, Babouillec

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 27 Juin 2017. , dans La Une Livres, Rivages, Les Livres, Critiques, Essais, Récits

Algorithme éponyme, et autres textes, 138 pages, 15 € . Ecrivain(s): Babouillec Edition: Rivages

 

Je viens enfin de terminer un livre de Babouillec. En fait, je ne savais pas exactement ce que j’allais lire mais je savais que ce serait une claque et puis au final c’est une formidable résonance. Je retrouve tellement de mes propres ressentis, de mes questionnements, mes révoltes même, dans ses mots, que je me dis que moi aussi je dois être autiste, camouflée derrière une apparente normalité et que nous sommes même peut-être tous des autistes plus ou moins intégrés dans la normalité, et alors la question s’impose : qu’est-ce que ça veut dire « être normal » ? La question que nous posent, parfois comme un flingue sur la tempe, tous les dits « anormaux », tous les « différents », peut-être pour nous montrer à quel point nous sommes éloignés, coupés de nous-mêmes, de notre être véritable, unique et extraordinaire dans son anormalité.

Qu’est-ce que ça veut dire « être normal » ?

C’est la question qui vient nous remettre en question justement, qui vient nous réveiller. Une question qui dérange notre sommeil, une sorte de sommeil collectif hypnotique.

Fragments, Corinne Pluchart

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 09 Mai 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Fragments, Éd. Vagamundo, 2016, 144 pages, 13 € . Ecrivain(s): Corinne Pluchart

 

Fragments est un recueil de silences, et n’est-ce pas le plus difficile à atteindre avec des mots : le silence ? Ici, ils sont de différentes textures, ponctués de souffle, recueillis comme une prière ou « le silence brutal – coupant la gorge ». Les images sont comme des petites taches devant les yeux, des taches de bleu souvent, ou plus grises, plus sombres comme la pierre, le granit.

 

– et de s’écorcher les genoux

sur la ténacité des pierres.

 

Il y a le vide, l’absence,

Rancœurs de province, Carlos Bernatek

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 02 Mai 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, L'Olivier (Seuil), Roman

Rancœurs de province, février 2017, trad. Espagnol (Argentine) Delphine Valentin, 288 pages, 22 € . Ecrivain(s): Carlos Bernatek Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Selva et Leopoldo, dit Poli. Une jeune femme un peu coincée et un homme déjà mûr, deux tranches de vies, pas très belles, amères même. Deux histoires qui sont racontées ici en alternance sans aucun lien entre elles, si ce n’est qu’elles se passent toutes deux dans la province argentine, éloignée de Buenos Aires. Deux personnages modestes, voire fades, sans envergure, qui se retrouvent chacun happé par des évènements hors de leur contrôle.

Poli, petit vendeur itinérant d’encyclopédies, qui gagne de quoi assurer un minimum qui ne suffit pas à sa famille qu’il voit peu, découvre que sa femme le trompe depuis un moment avec un riche avocat. Celle-ci le met alors à la porte sans ménagement, alors que dans un même temps il est remercié par sa boite. Il perd donc sa femme et son fils qui ont trouvé un meilleur parti, son travail, sa maison. Ne lui reste que sa camionnette et quelques encyclopédies, avec lesquelles il part au hasard, complètement largué sur tous les plans. C’est ainsi qu’il atterrit dans un petit village où une bande d’évangélistes l’embauche pour vendre des Bibles et du dentifrice…

Exode, Daniel De Bruycker, Maximilien Dauber

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 26 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Carnets du dessert de lune

Exode, mars 2017, 80 pages, 16 € . Ecrivain(s): Daniel De Bruycker, Maximilien Dauber Edition: Carnets du dessert de lune

De magnifiques photos de Maximilien Dauber pour cet écrin de désert où la poésie de Daniel De Bruycker vient se fondre et se confondre avec les pierres, le ciel, le sable.

 

Tout ici était saisissant –

le sol, l’espace, les ombres

et, plus encore, d’être du nombre.

 

Dans le désert, nous sommes transportés, nuées, ombres, nous avançons dans la lecture comme on marche, lentement, avec cette sensation que l’espace s’ouvre tout autour et en nous et le sentiment de se dissoudre dans cette immensité. Nous nous sentons de plus en plus petits, insignifiants, à chercher des signes qui se font et se défont, désert que nul langage ne saurait contenir.

Le ciel du dessous, Jean Azarel

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 19 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Le ciel du dessous, octobre 2016, 64 pages, 12 € . Ecrivain(s): Jean Azarel

Entre paganisme et mysticisme, la frontière est charnelle et Jean Azarel la franchit allègrement dans les deux sens, et en invente d’autres, des sens, dans une langue toute personnelle, et s’il nous guide, tel le lapin d’Alice, c’est pour mieux nous perdre dans la touffeur du ciel du dessous. Là où il n’y rien à comprendre, mais beaucoup à capter, à sentir, voire à renifler, que ce soit l’origine du monde, façon Courbet ou sa fin.

 

J’ai connu un temps

où les forêts étaient épaisses,

le gibier joyeux.

Ce qui vivait au dessus

était mû par le règne

du dessous.