Identification

Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

La Condition solitaire, Olivier Larizza (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 05 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

La Condition solitaire, Olivier Larizza, éditions Andersen, mars 2023, 120 pages, 9,90 €

Publiée par les éditions Andersen dans la Collection Poesia, La Condition solitaire nous offre un nouveau rendez-vous avec l’écrivain et universitaire Olivier Larizza (poète, romancier, nouvelliste, essayiste, conteur et dramaturge, enseignant-chercheur à la faculté de Strasbourg, des Antilles puis de Toulon). Rendez-vous d’autant plus rayonnant qu’il était inattendu, puisque le poète de La Mutation, précédemment publiée chez le même éditeur dans la Collection Confidences (2021), nous avait annoncé que « la poésie c’était en quelque sorte fini pour (lui) : (qu’il avait) arrêté avec cette drogue douce ». Il nous expliquait alors que sa situation autobiographique avait amoindri avec le temps la source de son inspiration poétique, le poète étant parvenu à une période de sa vie (comme il la transpose via ses poèmes dans le cycle « La vie paradoxale » amorcé en 2016 avec L’Exil suivi de L’Entre-deux en 2017 puis de La Mutation en 2021).

À l’écoute du poème, La voix dans la voix, Revue L’Oreille voit, n°1, Éditions du Cygne (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 21 Juin 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Poésie, Revues

À l’écoute du poème, La voix dans la voix, Revue L’Oreille voit, n°1, Éditions du Cygne, mai 2022, 70 pages, 12 €

L’Oreille voit n°1 publie Mathias Pérez, Serge Martin-Ritman, Laurent Mourey, Armand Dupuy, Cédric Le Penven, Yann Miralles, Frédéric Cosnier, Alexandra Anosova-Shahrezaie, Arnaud Le Vac.

Poème organique, Poésie torcheculative à la moelle gargantuesque, Écriture sensitive… Chant polyphonique énoncé par un sujet qui ne se saisit qu’au contact du Je avec l’Autre… Dire poétique qui prend corps et langage par la voix et résonne de bouche à Oreille par l’Oralité qui l’accouche, l’expulse du silence de sa nuit vers la lumière qui le façonne et le module à la mesure du monde qui l’accueille… Qui contesterait que la Voix poétique : Je-Poème-Proue de mille vaisseaux battant pavillon sur le sable échevelé et dans le sang lourd du monde, vertigineusement nous embarque dans une synesthésie sensorielle et spirituelle qui ouvre, à l’infinitième inconnue, la perspective de nos perceptions et fonde les poèmes-relation de nos vies par le passage qu’elle opère dans la langue de nos existences ?

En bleu adorable, Carnets 2019-2022, Pascal Boulanger (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 16 Juin 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Tinbad

En bleu adorable, Carnets 2019-2022, Pascal Boulanger, Éd. Tinbad, avril 2023, 90 pages, 15 €

L’écriture poétique, inactuelle : atemporelle, et intempestive, peut-elle rendre compte du tohu-bohu et des aléas du monde qui nous entoure ? Joseph Delteil n’écrivait-il pas que le poète existe « à contre-temps » ? Autrement dit que faute d’occuper un monde habitable, le poète habite un autre monde, toujours à l’écoute de celui qu’il ne peut changer mais à l’écart, depuis un éloignement choisi d’où son regard observera canalisera exprimera par la transfiguration ou la figuration poétique des mots. Pascal Boulanger reprend, dès la première page, cette assertion éloquente de Claude Minière : « Quand vous êtes un poète, vous êtes fixé là, dans l’éloignement ». Cet éloignement, peut se demander le lecteur lambda, légitimise-t-il le fait que le poète puisse rendre compte du réel pragmatique de la vie journalière ? Oui, si l’on postule que tout poète est nécessairement au monde, que son état civil l’érige en citoyen du monde comme tout individu acté dans la société, et qu’écrire, en l’occurrence écrire de la poésie, incite à une mise à distance de la réalité propice à l’interprétation objective du réel environnant et de l’état du monde dans lequel le poète se positionne. Pascal Boulanger, poète et critique littéraire, atteste d’ailleurs par son parcours que l’écriture poétique peut chez un même auteur se pratiquer dans l’espace scriptural, simultanément à l’art poétique, lequel peut induire une vision éthique et politique que souhaitera, ou non, rendre publique le poète en question.

Un refuge autre que l’exil, Theombogü (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 24 Mai 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Un refuge autre que l’exil, Theombogü, Éditions du Cygne, Coll. Voix au poème, février 2023, 60 pages, 10 €

 

Dès le début, avec un texte d’ouverture dédié au « pays » (le Cameroun), le lecteur comprend que l’exil était acté pour l’auteur de ce livre publié aux éditions du Cygne. Au fil des pages l’on entend le cœur d’un homme terrassé par la terreur, aux « frontières de cet immense pays tracées avec le sang des dominés subversifs » :

Au départ…

Ce n’était qu’une grève, une protestation, une revendication…

Et ils sont venus avec leurs armes. Ils ont demandé à tout le monde de se mettre à plat ventre, les deux mains posées sur la nuque.

Ils ont tiré… tiré… tiré… Huit cent mille déplacés… Quatre cent mille exilés… Quinze mille prisonniers… Cent mille morts…

Imprécations nocturnes, Grégory Rateau (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 13 Avril 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Imprécations nocturnes, Grégory Rateau, Éditions Conspiration, novembre 2022, Préface Jean-Louis Kuffer, 78 pages, 10 €

 

Contre qui le poète Grégory Rateau lance-t-il ses « imprécations nocturnes » ? Quels oiseaux de malheur tente-t-il d’anéantir ? La poésie semble dans tous les cas la forme requise, puisque l’imprécation est du registre de la prière, ici invocatrice plutôt que de recueillement. Le titre rappelle la magie noire versus la magie blanche, les oiseaux nocturnes à différencier des espèces diurnes, Artaud le Mômo invoquant et proférant/vociférant dans le martèlement de la Langue qu’on en finisse une bonne fois pour toutes avec l’Imposture… La Voix du poète lance l’anathème contre : contre les impasses de l’amitié (« j’ai échoué en suivant des ombres / dans les impasses de l’amitié »), les inepties du déterminisme (« bringuebalé aux douanes du hasard »), l’imposture des croyances, des attaches et des liaisons mensongères (« mythes sans fondation » ; « inconnus sans adresse/poussière noire balayée au fil du patronymes/ et malmenée par les unions indignes »)… On se souvient des « fureurs » lancées par Léo Ferré et son fils Mathieu reprenant ce terme même pour désigner l’intégralité de l’Œuvre du poète-chansonnier, Les Chants de la fureur.