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Une Mère, Alejandro Palomas

Ecrit par Gilles Brancati , le Mercredi, 28 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Espagne, Roman, Le Cherche-Midi

Une Mère, mars 2017, trad. espagnol Vanessa Capieu, 310 pages, 21 € . Ecrivain(s): Alejandro Palomas Edition: Le Cherche-Midi

 

C’est un voyage en émotions. Un mille-feuille. Chaque fois qu’une feuille se détache, un personnage se découvre un peu plus. Le principal, en fil rouge, est celui de la mère de deux filles et d’un garçon. Elle n’a plus pour famille que ses enfants et un frère quelque peu hâbleur. Une amie, aussi, qui lui sert tour à tour d’alibi ou de justification.

Le soir de la Saint-Sylvestre, ils sont tous réunis autour de la table familiale. Le couvert est dressé pour tous plus un autre, à une place qui reste vide. On apprendra pourquoi.

La mère pourrait paraître fantasque, mais en vérité elle détourne d’un revers de main (elle est assez maladroite) ou par un biais de langage tout ce qui pourrait contrarier l’équilibre de sa famille. Elle sait, comme une mère, les souffrances de ses enfants, leurs difficultés, plus celles qu’elle découvre ce soir-là, ce que jusqu’à présent on ne lui avait pas dit. Son devoir est de les aider à se restaurer, sans jamais tomber dans un méli-mélo dramatique, car le sujet s’y prête (et l’auteur a été très attentif à ce piège), sans jamais aller vers l’excès. Cette femme est attachante et touchante dans son efficace simplicité !

Lénine 1917, Le train de la révolution, Catherine Merridale

Ecrit par Gilles Brancati , le Lundi, 29 Mai 2017. , dans La Une Livres, Payot, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Histoire

Lénine 1917, Le train de la révolution, mars 2017, trad. anglais Françoise Bouillot, 280 pages, 24 € . Ecrivain(s): Catherine Merridale Edition: Payot

La première chose à dire sur ce livre est la richesse de sa documentation. Trente-huit pages de renvois vers d’autres œuvres attestent que ce récit historique fait partie des livres majeurs sur le sujet et que rien n’a été laissé au hasard. C’est bien une synthèse de ce qui a été écrit que Catherine Merridale nous propose.

Le train de la révolution est celui dans lequel Lénine a voyagé pour rentrer en Russie depuis la Suisse où il est en exil depuis 1905. Un long, un très long voyage à travers l’Allemagne, la Suède, la Finlande et son achèvement à Petrograd. Le révolutionnaire exilé, assez peu connu en Russie, n’a pas participé au début de la révolution populaire. Quand il revient en Russie, le Tsar a déjà abdiqué et un gouvernement provisoire a été constitué.

La ligne de fracture entre les deux camps – Mencheviks et Bolcheviks – est avant tout le maintien ou le retrait des troupes russes dans la guerre contre l’Allemagne. Ce qui veut dire que tous sont instrumentalisés par les puissances étrangères concernées. L’Allemagne a intérêt à ce qu’une paix séparée soit signée pour porter son effort de guerre sur le front de l’ouest, et les alliés veulent le contraire. De là à dire que les Allemands ont aidé Lénine, partisan de la paix, c’est une évidence. De là à dire qu’ils ont financé les bolcheviks, rien n’est vraiment avéré, mais probable.

Proche lointain, Martine Rouhart

Ecrit par Gilles Brancati , le Mardi, 18 Avril 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Proche lointain, Martine Rouhart, éditions Dricot, janvier 2017, 152 pages, 14 €

 

Bien qu’il y ait des reproches à faire à ce livre, je dois avouer qu’on se fait prendre malgré les défauts. Je m’explique.

De quoi s’agit-il ? D’une histoire d’amitié, entre deux hommes, qui s’effrite jusqu’à disparaître ou presque. Mais l’auteure a la finesse de nous le dire tout de suite sans rien révéler. Pour savoir le pourquoi des choses, il faut aller au bout. Alors on y va, et on découvre, outre les évènements – parfois un peu attendus comme la liaison de l’ami avec l’épouse du narrateur avant leur rencontre –, des personnages auxquels on finit par s’attacher. Ils se découvrent au fur et à mesure, ne se livrent pas d’emblée, c’est plaisant pour la lecture.

Dès les premières pages, je n’ai pas été captivé, je trouvais que ça débutait mal et j’ai failli abandonner. Je me serais privé d’un bon sujet. Par correction, j’ai continué ma lecture et je suis entré dans les relations simples entre les personnages. On peut regretter d’ailleurs qu’elles ne soient pas parfois un peu plus fouillées, on aurait aimé en savoir un peu plus sur leur intimité. J’ai dit parfois, ce n’est donc pas un reproche majeur, seulement une constatation.

La nuit, je mens, Cathy Galliègue

Ecrit par Gilles Brancati , le Mardi, 11 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Albin Michel, Roman

La nuit, je mens, avril 2017, 217 pages, 16 € . Ecrivain(s): Cathy Galliègue Edition: Albin Michel

 

La nuit, je mens, est un titre d’Alain Bashung sorti en 1998, sur son album Fantaisie militaire. Quel rapport avec le livre de Cathy Galliègue ? J’ai écouté la chanson et je ne suis sûr de rien sauf peut-être ce vers : « J’ai fait l’amour, j’ai fait le mort ». Je dis bien peut-être parce que le thème n’est pas le même.

Mathilde a une sœur jumelle, Constance, celle qui a réussi ses études, a un beau métier, tandis que l’autre est dotée d’un tempérament d’artiste, veut jouer au théâtre et écrire. Ah ! Écrire ! On sent bien que le rêve de Mathilde est d’abord celui de Cathy.

Mathilde a aimé. Guillaume, un « paumé » de la vie, un pas à sa place, un qui aurait dû naître ailleurs ou jamais. Ils se sont aimés, ils se sont séparés quand le roman commence et Guillaume se suicide après avoir laissé une lettre pour Mathilde.

C’est une histoire finie… ou pas !

Monsieur Léon, juif russe, Daniel Chambon

Ecrit par Gilles Brancati , le Jeudi, 05 Mai 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits

Monsieur Léon, juif russe, Les Éditions de Paris, avril 2014, 185 pages, 16 € . Ecrivain(s): Daniel Chambon

Les Russes ont cette coutume : ils vont pique-niquer sur la tombe de leurs défunts pour entamer avec eux un dialogue. C’est ainsi que commence ce récit. L’auteur vient chercher auprès de son grand-père décédé, l’histoire de sa famille. Et Evsei-Leib Doubrovsky ne se fait pas prier pour raconter sa vie et celle de ceux qui l’ont entouré, parents, enfants, oncles, tantes, cousins…

Les juifs, en Russie, sont cantonnés dans une zone dite « zone de résidence », leurs droits sont restreints et ils sont victimes de pogroms. Comme toujours ils sont les victimes expiatoires d’une humanité sans repères dès que quelque chose va mal. Evsei-Leib, jeune homme, s’enfuit pour la France, pays d’accueil, où il sait qu’il sera accueilli par ceux qui l’ont précédé. Pour affirmer sa volonté de s’intégrer, il prend le prénom de Léon et s’engage dès le début de la Grande Guerre. Elle ne voudra pas de lui à cause de sa santé précaire et le réformera.

Il travaille comme tailleur, comme tous les autres parce que le métier s’apprend de père en fils et que tant d’autres voies leur sont interdites. C’est l’époque du sur-mesure et la naissance du prêt-à-porter. Après le décès de Rachel, sa première épouse dont il a eu un fils, Jean-Charles, la Belle Jardinière, en avance sur son époque, lui confie du travail et l’envoie à Stamboul où il rencontre Anna qu’il épouse et donnera naissance à un garçon et deux filles.