La nuit, je mens, Cathy Galliègue
La nuit, je mens, avril 2017, 217 pages, 16 €
Ecrivain(s): Cathy Galliègue Edition: Albin Michel
La nuit, je mens, est un titre d’Alain Bashung sorti en 1998, sur son album Fantaisie militaire. Quel rapport avec le livre de Cathy Galliègue ? J’ai écouté la chanson et je ne suis sûr de rien sauf peut-être ce vers : « J’ai fait l’amour, j’ai fait le mort ». Je dis bien peut-être parce que le thème n’est pas le même.
Mathilde a une sœur jumelle, Constance, celle qui a réussi ses études, a un beau métier, tandis que l’autre est dotée d’un tempérament d’artiste, veut jouer au théâtre et écrire. Ah ! Écrire ! On sent bien que le rêve de Mathilde est d’abord celui de Cathy.
Mathilde a aimé. Guillaume, un « paumé » de la vie, un pas à sa place, un qui aurait dû naître ailleurs ou jamais. Ils se sont aimés, ils se sont séparés quand le roman commence et Guillaume se suicide après avoir laissé une lettre pour Mathilde.
C’est une histoire finie… ou pas !
Du temps passe, Mathilde rencontre Gaspard, le fils de parents exilés en Italie où ils cultivent et font commerce de plantes aromatiques. La belle histoire commence, Mathilde s’habitue puis aime, sincèrement quand Gaspard l’aime intensément. Elle en est sûre, leur amour durera longtemps. Elle est bien trop fine pour laisser passer sa seconde chance, pour ne pas la protéger. Oui, mais… Guillaume revient, dans ses rêves. Après des années d’errance, son âme est là, enfouie dans l’inconscient de Mathilde. Les visites se font fréquentes, pressantes ; un appel irrésistible. C’est le début d’une descente vers des enfers que Guillaume lui-même n’aurait pas imaginés. Comment faire pour sortir Mathilde de la confusion ? Par un cocktail de présences, de drogues, par l’écriture libératrice ?
Et, au-delà des rêves cauchemardesques, une autre réalité va apparaître. Mais, je vous ménage le suspense, je n’en dis pas plus. Qui sortira vainqueur de ce qui perd gagne ? Gaspard, Guillaume, Mathilde, Constance ?
C’est tellement bien écrit, avec une telle vivacité, un tel appétit de mots justes. C’est tellement criant de vérité. Quand on lit : « sniffer encore un peu dans son sillage les paillettes du clown fatigué », on sait qu’on a affaire à une auteure de grand talent. Et comme c’est dans les premières pages, on ne lâche plus.
C’est un roman à quatre personnages centraux, sur leurs « je t’aime, je ne le savais pas » ou bien leurs « je t’aime, j’ai oublié de te le dire ». C’est toute la finesse des relations amoureuses jetées à la figure de l’autre ou implorantes ou bien encore en souffrance.
Gilles Brancati
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