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Articles taggés avec: Bedin Lionel

Le voyage de Nietzsche à Sorrente, Paolo D'Iorio

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 10 Septembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, Italie

Le voyage de Nietzsche à Sorrente, Genèse de la philosophie de l’esprit libre, CNRS Éditions 2012, 246 p. 20 € . Ecrivain(s): Paolo D'Iorio

 

Nietzsche est alors un jeune professeur de philosophie à Bâle, un poste qui commence à lui peser lorsque, à l’invitation de son amie Malwida von Meysenbug, il part à Sorrente, où il retrouve d’autres amis. Dans cette petite ville du golfe de Naples on y croise des habitués, comme Wagner, dont Nietzsche est alors un fervent propagandiste. Mais ce voyage va tout changer. Car si la première raison du séjour à Sorrente est la santé du philosophe, ce qui va se passer en réalité est d’une importance capitale pour Nietzsche – et du coup pour la philosophie.

« Cheminer par des allées de douce pénombre à l’abri des souffles, tandis que sur nos têtes, agités par des vents violents, les arbres mugissent, dans une lumière plus claire ».

A Sorrente, Nietzsche jouit « de l’état d’âme particulier du voyageur, de celui qui ne cherche pas à être chez soi mais veut être ailleurs, qui apprécie le voyage, le paysage, les beautés de la nature et de l’art avec des yeux de touristes ». Des dispositions bienvenues pour qui veut s’ouvrir au monde. Et pas n’importe quel monde ! « Du balcon de la Villa Rubinacci, Nietzsche voit tous les jours dans le lointain, au milieu de la mer entre le Vésuve et Capri, la silhouette escarpée de l’île d’Ischia ». Il y a pire… Et il y a sans aucun doute un rapport avec les îles bienheureuses de Zarathoustra.

Manifeste vagabond, Blanche de Richemont

Ecrit par Lionel Bedin , le Mercredi, 01 Août 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, Plon

Manifeste vagabond, 2012, 126 pages, 12,90 € . Ecrivain(s): Blanche de Richemont Edition: Plon

 

Ce Manifeste vagabond est un témoignage, un journal intime, un bilan, un manifeste, celui de Blanche de Richemont, une jeune femme qui s’interroge : « cela fait des années que tu cours sur les routes après un sens ; existe-t-il ? » Lorsque le retour devient difficile, lorsque « le voyage est devenu un esclavage », il faut s’arrêter, réfléchir. Écrire.

Pourquoi partir ? Parce que « les horizons ont leur mot à dire ». Parce que « notre âme n’est pas faite pour ces vies sédentaires figées dans le béton ». On part aussi, comme Blanche de Richemont, pour guérir des blessures ». Le décès d’un petit frère. Et « si la route ne nous libère pas de nos maux » mais au contraire « les met en lumière », un voyage difficile comme celui au Sinaï – « l’épreuve du feu » – permet de comprendre certaines choses sur le fonctionnement du corps et de l’âme. Partager le chemin et le bivouac met du plomb dans l’aile de quelques règles trop bien ancrées de notre société. « J’avais réalisé dans le désert que notre vie servait un autre but que la réussite ». Et lire Les clochards célestes inculque quelques idées nouvelles : « les clochards célestes savent s’emparer de leur destin, ignorant le regard de la société ». Avec tout ça, comment revenir dans « le monde des hommes » ?

Au carnaval des espérances, Jean-Claude Baise

Ecrit par Lionel Bedin , le Samedi, 21 Juillet 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Au carnaval des espérances, Les presses du midi, 2011, 224 p. 18 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Baise

 

Au Carnaval des espérances est un roman dans lequel Jean-Claude Baise nous transporte dans un pays qu’il connaît bien : la Guyane. La Guyane et ses lieux emblématiques : Saint-Laurent-du-Maroni, Kourou, Cayenne. La Guyane et son exubérance végétale. La Guyane et sa moiteur, sa chaleur. Un pays où les corps sont peu vêtus, où les jeunes femmes marchent avec des « mouvements fondus et harmonieux, sveltes et félins ». Un pays dans lequel des populations se sont mélangées aux cours des siècles. « Ici, l’humanité pétillait comme si l’Histoire, avec des talents d’artiste, s’était servie de toute la palette des races humaines pour créer des teintes et des nuances toujours différentes ». Un pays avec un décor de rêve : le fleuve Maroni et les petites rivières se parcourent en pirogues ; les mygales surgissent sur les empennages de bois, les crabes aux pinces rouges s’enfuient sur le sol spongieux… Un pays de rêve ou de cauchemar, tout dépend.

Tout dépend du moment où l’on y arrive et ce que l’on vient y faire. L’histoire démarre à Cayenne, et par un grand moment : le carnaval. Une grande fête, un incroyable spectacle.

Les bisons du Coeur-Brisé, Dan O'Brien

Ecrit par Lionel Bedin , le Samedi, 14 Juillet 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, Au Diable Vauvert, USA

Les Bisons du Cœur-brisé, traduit de l’américain par Laura Derajinski, 2007 . Ecrivain(s): Dan O'Brien Edition: Au Diable Vauvert

 

Avez-vous déjà vu le pare-chocs de votre auto se refléter dans les yeux d’un bison ? Ce fut une révélation lorsque l’auteur se trouva un jour « suffisamment près pour voir le pare-chocs du pick-up se refléter dans ses sombres yeux ronds surmontés d’une touffe de poils noirs et frisés. Sa tête était aussi grosse qu’une machine à laver ». Même s’il fut alors « incapable de trouver un lien entre ce vieux bison poussiéreux » et lui, Dan O’Brien comprit que cette vision était un signe. Peu de temps après il loua un ranch. Au début il y vécu dans des conditions spartiates et difficiles. Plusieurs obstacles durent être surmontés : les éléments naturels, certes, mais aussi les problèmes de voisinages et d’autres liés à l’écosystème, complètement stérilisé par des « erreurs » antérieures. Ce sont ces questions qui donnent à ce livre plusieurs pistes de lectures et donc son intérêt et son épaisseur.

Ce récit est celui de l’Histoire, et aussi de l’histoire économique de la région. Nous sommes au pied des Black Hills, « de l’herbe qui oscille à l’infini dans le vent et un ciel qui engloutit la moitié du monde », les terres indiennes de Sitting Bull, dans les Grandes Plaines du Dakota. Ces plaines qui ont vu la « disparition » des peuples autochtones, les Indiens, en même temps qu’un autre massacre, celui des bisons.

Ce que savent les baleines, Pino Cacucci

Ecrit par Lionel Bedin , le Vendredi, 22 Juin 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Aventures, Recensions, Italie, Récits, Christian Bourgois

Ce que savent les baleines, traduit de l’italien par Lise Chapuis, mars 2012, 15,00 € . Ecrivain(s): Pino Cacucci Edition: Christian Bourgois

 

D’événements graves (les Conquistadors, le massacre des baleines) à d’autres plus anecdotiques (la « véritable » histoire de l’Hôtel California), en passant par les moment de grâce, tels les spectacles de la nature qui laissent « muet, en extase » comme ces baleines grises « qui ponctuent de souffles vaporeux toute la ligne d’horizon (et) s’approchent du bord et remuent le fond sablonneux à quelques mètres du rivage », Pino Cacucci emmène ses lecteurs pour une promenade du sud au nord de la « Baja California », la Basse-Californie, de La Paz – la première tentative d’implantation espagnole, là où Hernán Cortés s’avança en 1535 – à la frontière, du côté de Tijuana. Son credo : la nature.

 

« On part. Et pour ce long voyage, on a une robuste Dodge Durango, plus spacieuse et confortable que la Bronco. En fond sonore : Bruce Springsteen ». La région semble belle, avec des bords de mer magnifiques, des baies des anges, des terres où poussent « le petit cactus tonneau jusqu’au robuste saguaro ou au cactus cierge haut de vingt mètres », des pics du diable et, « en somme, traverser la Baja en février est un plaisir sublime ».