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Berezina, Sylvain Tesson

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 16 Février 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits

Berezina, Ed. Guérin, janvier 2015, 200 pages, 19,50 €

 

Sylvain Tesson est un grand voyageur, et il a toujours tiré parti de ses voyages et aventures pour alimenter ses écrits, dans des genres divers : le récit de voyage, la nouvelle, les essais ou écrits plus intimes, les aphorismes. Dans Berezina, le prétexte est un périple de quatre mille kilomètres, de Moscou à Paris, du Kremlin aux Invalides, sur les traces de la Grande Armée. Un voyage fait en décembre 2012, deux cents ans après la terrible retraite. Les ingrédients sont habituels chez Tesson : la Russie, les grands espaces, la neige et le froid, la vodka pour se réchauffer. Et les amis.

Cinq hommes chevauchent des motos, des Oural, ou se cramponnent dans les side-cars. Ces « motocyclettes à panier adjacent » sont des éléments essentiels du voyage : outre le caractère folklorique et capricieux – et relativement dangereux – de ces engins, elles rendront le voyage assez court –13 jours – ce qui n’est pas habituel chez Sylvain Tesson, qui nous a souvent proposé des récits de longs périples. Départ de l’avenue Koutouzov à Moscou, réplique du bicorne de l’Empereur sur la tête, fanion impérial accroché au guidon, avec cette première envolée : « Rien n’aurait su nous dérouter de notre obsession : rentrer chez nous ».

Les vents de Vancouver, escales dans l’espace-temps du Pacifique Nord, Kenneth White

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 24 Novembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Le Mot et le Reste

Les vents de Vancouver, escales dans l’espace-temps du Pacifique Nord, mars 2014, traduction de Marie-Claude White, 176 pages, 17 € . Ecrivain(s): Kenneth White Edition: Le Mot et le Reste

 

Kenneth White nous a déjà emmené dans des contrées blanches et bleues, au Labrador, dans La route bleue (1983, prix Médicis). Il fait d’ailleurs un petit clin d’œil à cette route à la fin de son périple : « Mais, bon, il est temps de reprendre la route, la route sceptique, la route surnihiliste, la route bleue avec ses moments bleus, ses lumières blanches et ses lignes noires et fermes ». Cette fois c’est à l’opposé, à l’ouest du continent américain, que le voyageur et écrivain nous transporte, du côté de Vancouver, le long du Pacifique Nord et des côtes ouest du Canada et de l’Alaska.

D’abord, les lieux. White sait décrire les lieux. Ici Vancouver, avec sa litanie poétique de noms de quartiers, avec une description de la ville bruyante, en effervescence. La ville, le musée, le port et sa faune hétéroclite, le cimetière. Pour White, musarder dans un musée c’est la possibilité de « trouver une image cohérente du monde » et la lecture des inscriptions des pierres tombales lui permet de « pénétrer dans le théâtre du monde ».

Les autonautes de la cosmoroute ou Un voyage intemporel Paris-Marseille, Carol Dunlop et Julio Cortázar

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 26 Mai 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Récits, Gallimard

Les autonautes de la cosmoroute ou Un voyage intemporel Paris-Marseille, traduit de l’espagnol par Laure Guille-Bataillon et Françoise Campo, 281 pages, 25 € . Ecrivain(s): Carol Dunlop et Julio Cortázar

La célébration d’écrivains argentins au salon du livre de Paris en 2014 nous donne l’occasion de nous replonger dans la littérature de ce pays. Et par exemple dans ce récit, pas du tout argentin. Mais au départ un projet original : faire le voyage de Paris à Marseille en camping-car sans quitter l’autoroute une seule fois ; visiter deux parkings par jour en passant toujours la nuit dans le deuxième ; prendre note de toute observation pertinente ; écrire le livre de l’expédition en « s’inspirant peut-être des récits de voyages des grands explorateurs du passé ». Le projet littéraire : « raconter d’une façon tout à fait littéraire, poétique et humoristique, les étapes, événements et expériences divers que va nous offrir sans doute un voyage aussi étrange ». Résultat : Les autonautes de la cosmoroute, Un voyage intemporel Paris-Marseille par Carol Dunlop et Julio Cortázar.

L’autoroute n’est peut-être pas seulement « un ouvrage moderne minutieusement étudié pour permettre à des voyageurs, enfermés dans des capsules à quatre roues, de parcourir (rapidement) un trajet ». Mais qu’allait-il se passer avec une progression au ralenti alors que tout le monde fonce à toute allure ?

Ienisseï suivi de Russie blanche, Christian Garcin

Ecrit par Lionel Bedin , le Vendredi, 09 Mai 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Verdier

Ienisseï suivi de Russie blanche, février 2014, 96 pages, 11,80 € . Ecrivain(s): Christian Garcin Edition: Verdier

 

 

Ça n’est pas la première fois que Christian Garcin voyage en Sibérie, ni la première fois qu’il propose des récits de ces voyages et de ses « croisière » sur un fleuve : voir par exemple le récit sur la Lena dans En descendant les fleuves, Carnets de l’Extrême-Orient russe, avec Éric Faye, (Stock, 2011). Il nous propose ici deux courts textes, dont le premier, Ienisseï, est un récit qui raconte ce qu’il voit, ce qu’il entend durant la descente du fleuve Ienisseï, de Krasnoïarsk à son embouchure dans l’Arctique. Et ça commence mal : pas assez d’eau pour que le bateau, l’Alexandre Matrosov, puisse naviguer… Un moment il est même envisagé d’ouvrir les vannes d’un barrage. Il y a toujours des problèmes, en Sibérie, et il y a toujours des solutions… Plus ou moins démesurées. La solution sera plus naturelle. Et l’on pourra partir.

L’égaré de Lisbonne, Bruno d’Halluin

Ecrit par Lionel Bedin , le Vendredi, 18 Avril 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

L’égaré de Lisbonne, Éditions Gaïa, février 2014, 246 pages, 18 € . Ecrivain(s): Bruno d’Halluin

 

Après la relation d’un récit de voyage sur les mers – La Volta Au cap Horn dans le sillage des grands découvreurs, éditions Transboréal, 2004 – Bruno d’Halluin s’était déjà frotté au roman historique, avec Jon l’Islandais (Gaïa 2010). Et déjà avec la même époque en arrière-plan, le XVe siècle. Et déjà avec un sujet identique : des explorateurs qui, à bord de voiliers de plus en plus performants, repoussent les limites du monde connu. C’est dire si la période et l’exploration maritime sont les thèmes chers à l’auteur, qui récidive avec ce roman, particulièrement réussi : L’égaré de Lisbonne.

Le roman débute en 1500. L’histoire est racontée par Joao Faras, médecin et cosmographe. La première partie se déroule en mer et est très agitée, effroyable. Ça tangue, ça roule, ca tempête, ça vomit, ça gueule, ça prie, ça chavire, ça naufrage, beaucoup meurent, et quelques-uns survivent.

L’expédition de treize nefs et caravelles commandée par Pedro Alvares Cabral est entraînée jusqu’à la terre de Vera Cruz (le Brésil), contourne le cap de Bonne-Espérance, navigue le long de la côte orientale de l’Afrique, et subit tant de déboires et de pertes qu’on ne sait plus si l’on est encore humain.