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Nos souvenirs flottent dans une mare poisseuse, Michaël Uras

Ecrit par Arnaud Genon , le Mardi, 16 Juin 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Nos souvenirs flottent dans une mare poisseuse, Christophe Lucquin Éditeur, mai 2014, 224 p. 16 € . Ecrivain(s): Michaël Uras

A l’ombre des souvenirs retrouvés

A lire les informations que l’on trouve ça et là sur Internet concernant la vie de l’auteur, on se dit que le petit Jacques, narrateur de Nos souvenirs flottent dans une eau poisseuse, n’est pas étranger à Michaël Uras. Mêmes origines italiennes du côté du père, maçon de profession, mêmes voyages l’été en direction de la Sardaigne, mêmes enfances et adolescences dans « une petite ville perdue »… Il parle d’ailleurs de ce roman, son deuxième (1), comme d’une « autofiction » (2), même s’il relève davantage, par le mélange assumé du réel et du fictif et par l’absence de pacte, du roman autobiographique.

Mais l’essentiel est ailleurs. A travers un ensemble de situations anecdotiques – premières amours, départs en vacances, jeux avec les enfants du quartier… – le narrateur nous plonge dans son âge tendre qui est celui d’un jeune garçon d’origine modeste, entouré de ses deux frères, de sa mère et de son père immigré italien, vivant dans une petite ville française où se côtoient, au sein du même lotissement, classes moyennes et populaires. Les aventures heureuses et malheureuses de Jacques se succèdent à travers une vingtaine de chapitres qui constituent un ensemble, mais peuvent se lire de manière autonome.

Ecrire sa vie. Du pacte au patrimoine autobiographique, Philippe Lejeune

Ecrit par Arnaud Genon , le Mercredi, 10 Juin 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Ecrire sa vie. Du pacte au patrimoine autobiographique, éd. du Mauconduit, mai 2015, 128 pages, 13 € . Ecrivain(s): Philippe Lejeune

Quand le théoricien se raconte

C’est incontestablement à Philippe Lejeune, « le pape de l’autobiographie », ainsi que certains le surnomment à raison, que l’on doit l’intérêt grandissant porté aux écritures de soi. Depuis 1975, date à laquelle il publia son célèbre essai intitulé Le Pacte autobiographique (Seuil, coll. Poétique), il n’a cessé de s’intéresser aux écritures autobiographiques et à offrir à ces textes que l’on méprisait jusqu’alors, l’éclairage et l’attention qu’ils méritent.

C’est son propre parcours que Philippe Lejeune décide de partager dans le premier des cinq textes qui composent le présent ouvrage. L’aventure intellectuelle qui est la sienne n’est pas simplement celle d’un théoricien qui a exploré les chefs-d’œuvre de l’autobiographie (Rousseau, Stendhal, Gide, Sartre, Leiris…) et en a inventé la « grammaire ». Philippe Lejeune, par l’intermédiaire du travail qu’il a mené sur l’autobiographie de son arrière-grand-père paternel, Les étapes de la vie, s’est peu à peu détaché du « canon littéraire » pour étendre ses recherches aux écritures ordinaires. La découverte du texte de Xavier-Edouard Lejeune, son aïeul, a aussi été l’occasion pour lui de s’aventurer sur les chemins de la critique génétique, c’est-à-dire l’étude des brouillons d’une œuvre, aventure que le troisième texte – « Du brouillon à l’œuvre » – relate et explique.

Hervé Guibert ou les morsures du destin, Frédéric Andrau

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 18 Mai 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Biographie, Essais, Récits, Séguier

Hervé Guibert ou les morsures du destin, Frédéric Andrau, Séguier, mai 2015, 344 pages, 19 € . Ecrivain(s): Frédéric Andrau Edition: Séguier

Le rendez-vous manqué

Frédéric Andrau aime indéniablement Hervé Guibert. Tout au long de son récit, il salue le talent de l’écrivain, son style, son courage, il apprécie et mesure justement ses qualités de photographe. On ne s’investit pas dans une entreprise biographique de ce genre si l’on n’éprouve pas pour celui à qui l’on consacre plusieurs mois de travail, un minimum d’estime et d’admiration. Et c’est avec passion, mais le regard clair – ainsi que le signale la quatrième de couverture – que Frédéric Andrau nous propose de revenir sur les morsures du destin d’un des écrivains les plus marquants de la fin du XXe siècle.

Force est de constater que les sentiments les plus louables et respectables ne suffisent pas à faire un bon livre. Frédéric Andrau a beau exprimer une empathie certaine pour l’œuvre de l’écrivain-photographe, ce dernier ne paraît être tout au long du livre qu’un « sujet » duquel le biographe tente de s’emparer sans avoir préalablement saisi l’ampleur de la tâche qui l’attendait. Andrau suit Guibert à la trace, mais Guibert lui échappe toujours. Avant lui, François Buot et Christian Soleil s’étaient essayés à cerner le « personnage ». Les deux tentatives – que Frédéric Andrau ignore totalement – avaient été il est vrai peu concluantes. Les approches convenues des deux biographes avaient dessiné les contours d’un portrait sans relief, nourri des clichés que les médias avaient avant eux déjà largement diffusés.

L’œil de Paris, Jean-Philippe Charbonnier

Ecrit par Arnaud Genon , le Mercredi, 11 Février 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Séguier

L’œil de Paris, novembre 2014, préface Emmanuelle de L’Écotais, 86 pages, 80 photographies, 10 € . Ecrivain(s): Jean-Philippe Charbonnier Edition: Séguier

L’œuvre de Jean-Philippe Charbonnier (1921-2004) est injustement méconnue du grand public. L’exposition Jean-Philippe Charbonnier – L’œil de Paris tenue au Musée d’Art moderne de la ville de Paris (novembre 2014/février 2015) et dont le présent ouvrage constitue le catalogue, est un bel hommage rendu à l’un des plus grands photographes français de la société d’après-guerre.

Emmanuelle de L’Écotais qui a dirigé le livre et qui en signe l’éclairante préface, « Jean-Philippe Charbonnier ou l’art du grotesque en photographie », analyse les raisons de cette injustice qu’elle qualifie d’« erreur historique ».

Alors qu’il est publié depuis 1945 et qu’il travaille à plein temps pour la revue Réalités à partir de 1950, Charbonnier ne fait pas partie des 500 photographes réunis au MoMA lors de l’exposition d’Edward Steichen intitulée The Family of Man (1955). Désignée à l’époque comme la « plus grande exposition photographique de tous les temps », elle parcourt ensuite pendant une dizaine d’années le monde entier (Allemagne, Japon, Australie, Afrique du Sud…) et elle est vue par près de 9 millions de personnes. Si Charbonnier n’en est pas, ses compatriotes Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau ou Edouard Boubat sont du voyage…

La philosophie comme un roman, de Socrate à Arendt, Laurence Hansen-Löve

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 15 Décembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

La philosophie comme un roman, De Socrate à Arendt, avec Laure Becdelièvre et Fabien Lamouche, Presses de l’Université de Laval, septembre 2014, 306 pages, 24 € . Ecrivain(s): Laurence Hansen-Löve

Les ouvrages de vulgarisation philosophique ont envahi ces dernières années les rayons des librairies. Les œuvres des grands penseurs, considérées difficiles d’accès, ont laissé place à une multitude de commentaires, de synthèses, de condensés plus ou moins aboutis, plus ou moins nécessaires. Les commentateurs se commentent parfois eux-mêmes faisant presque oublier l’œuvre première, la vraie, l’unique…

Heureusement, dans cette multitude éditoriale souvent assez fade, certains ouvrages se distinguent par leur originalité, leur fraîcheur, leur audace et donc, leur réussite. La philosophie comme un roman est de ceux-là.

La philosophie, nous rappelle Laurence Hansen-Löve dans son « avant-propos », est une « discussion ininterrompue, une conversation permanente des hérauts de l’esprit en acte », elle est un dialogue accidenté, « un cheminement protéiforme mais “dialectique”, car orienté et unifié par la recherche du sens ». Partant de ce principe, l’auteure a décidé de réunir quinze des plus grands philosophes et de les interroger « comme s’ils étaient nos contemporains ». Sont ainsi convoqués, dans l’ordre chronologique, Socrate, Epicure, Epictète, Descartes, Spinoza, Hume, Rousseau, Kant, Marx, Nietzsche, Freud, Russell et Arendt.