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Pourquoi j’ai mangé du lion, Jean-Pascal Bernard, Caroline Taconet (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Lundi, 04 Janvier 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Jeunesse, Roman

Pourquoi j’ai mangé du lion, Jean-Pascal Bernard, Caroline Taconet, Ed. Les Petites Moustaches, octobre 2020, 72 pages, 12,50 €

 

Voici un roman policier où le commissaire Pillière et son adjoint Dentu sont amenés à enquêter sur un phénomène de taille : pour quelles raisons la girafe Ramona a-t-elle dévoré le lion Bouly, tous deux résidents du zoo de Vincennes ? Selon Pillière, très impressionné, malgré lui, par la présence de l’accusée, la thèse du crime passionnel semble privilégiée. Mais Dentu a une autre intuition : en interrogeant l’ex-compagne du fauve prénommée Sharon, une lionne quelque peu sans-gêne et possessive de surcroît, il apparaît que l’intention première du lion était de dévorer la girafe. Celle-ci aurait-elle flairé le danger et se serait-elle vengée par anticipation ? Est-elle plus calculatrice qu’on ne le pense de prime abord ? Pillière pourrait-il deviner que ses enfants lui apporteront la dernière clé de ce mystère ?

Avec beaucoup d’humour, Jean-Pascal Bernard confronte ici les êtres humains, qui ne maîtrisent plus vraiment la situation, à des animaux à demi sauvages, tout aussi névrosés que les bipèdes que nous sommes. Une manière de nous raconter que l’homme doit parfois se rendre humble devant certaines circonstances remarquables.

Vivre sans amis, Ou comment j’ai (temporairement) quitté Facebook, Arnaud Genon (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 17 Novembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits

Vivre sans amis, Ou comment j’ai (temporairement) quitté Facebook, Editions de la Rémanence, octobre 2020, 126 pages, 12 € . Ecrivain(s): Arnaud Genon

 

Le titre du livre semble nous parler de la radicalité d’un ermite, d’un isolé profond, disposé à une quête spirituelle hors des siens. Mais le sous-titre fait aussitôt sourire : il ne s’agira que d’une déconnexion temporaire de Facebook.

Cette opposition immédiatement exprimée entre une apparente conviction d’ermite et une disparition éphémère sur un réseau social (on ne disparaît pas vraiment quand on disparaît de Facebook, et même, on ne disparaît pas du tout) semble être le fil conducteur de cette suite de réflexions, rédigées au cours d’un mois de sevrage de réseaux sociaux. Et ce qui apparaît inévitable avec une telle décision, c’est la reconnexion qui s’opère avec la vie réelle : le narrateur le sait et l’a toujours su, puisque le livre s’ouvre quasiment avec L’Allégorie de la caverne, de Platon, soulignant que les anciens prisonniers retrouvent ou découvrent une forme de vérité une fois qu’ils sont libérés de leur mur (Facebook).

Tom et le jardin de minuit, Philippa Pearce (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Lundi, 09 Novembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Iles britanniques, Jeunesse

Tom et le jardin de minuit, Philippa Pearce, trad. anglais, Cécile Lœb, 238 pages, 8,90 € Edition: Folio (Gallimard)

 

En 1958, Tom’s Midnight Garden de Philippa Pearce reçoit la Carnegie Medal, prix prestigieux qui, depuis 1936, récompense chaque année un ouvrage destiné à la jeunesse. Le roman qui nous intéresse paraît pour la première fois en français en 1969, chez Fernand Nathan, et connaît des rééditions assez régulières depuis.

Son frère Peter ayant la rougeole, Tom Long se voit obligé de quitter le foyer familial et de vivre, pendant quelques jours, chez son oncle et sa tante, qui habitent au premier étage d’une grande maison à appartements. Malgré les bonnes intentions dont on l’entoure, Tom est amer et déplore qu’il n’y ait pas de jardin. Une nuit, incapable de s’endormir, il entend la très vieille horloge de l’entrée sonner treize coups. N’y croyant pas, il se lève et descend au rez-de-chaussée. La maison semble lui parler et l’inciter à ouvrir la porte de la cour : or, à la place de la cour, il découvre un immense jardin, joliment entretenu, sous un ciel d’été ensoleillé. Un endroit rêvé dont il va faire son refuge pour jouer. Un endroit étrange aussi, où les saisons peuvent s’écouler très rapidement, alors que quelques minutes à peine se sont passées lorsqu’il regagne l’entrée de la maison en pleine nuit.

Une philosophie de la solitude, John Cowper Powys (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Lundi, 02 Novembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Allia, Essais

Une philosophie de la solitude, John Cowper Powys, août 2020, trad. anglais, Michel Waldberg, 208 pages, 12 € Edition: Allia

 

A la lecture de la préface (une préface ne devrait-elle pas être lue comme une postface ?), on pourrait prendre peur. Car on se dit, presque avec automatisme, que cet ouvrage, fraîchement réédité cet été, veut se présenter comme un guide spirituel à l’égard des personnes qui, malgré elles, ont trop subi la solitude durant le confinement. Ce n’est pas qu’une telle démarche serait à déplorer, mais dès l’abord, c’est comme si l’on sentait trop l’écho fait à ce que nous connaissons tous en 2020, et c’est déjà agaçant.

Sauf que cet ouvrage a été publié pour la première fois en 1933 et qu’il a été écrit par John Cowper Powys, grand érudit. Ce qui s’est révélé agaçant dans les premières minutes, sans doute trop influencé par les actualités, devient troublant : la philosophie qu’on cherche à y développer, invitant à retrouver une solitude dépouillée à l’extrême et profondément individuelle, tout particulièrement au milieu des grandes cités, abat les murs des époques.

Chair papier, Juliette Brevilliero (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 13 Octobre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Editions Galilée

Chair papier, Juliette Brevilliero, septembre 2020, 96 pages, 12 € Edition: Editions Galilée

 

Le titre Chair papier tient la promesse des thèmes abordés dans ce premier recueil de poésie de Juliette Brevilliero, ouvert par le poème La femme livre, un portrait possiblement idéal de la Poétesse dans son sens empirique. L’obsession de la création littéraire et l’obsession des mots qui ne viendront peut-être pas sont mêlées à une sensualité ininterrompue, qu’elle se trouve dans les vocables eux-mêmes ou dans les corps que nous croisons. Car ce qui est physique ne cesse pas d’être marié à ce qui est écrit, à ce qui est lu : la volonté de la poétesse est de troubler (non pas de tromper) son monde en faisant des signifiants et des signifiés son armée, une armée mixée, mais si cela apparaît comme un jeu valable de poète, en aucun cas il ne s’avère gratuit. Cette volonté est l’expression d’une quête, d’un sens à apporter, d’une direction. Les poèmes se boivent ici comme des sensations, où l’on tend à un rapprochement exalté, exceptionnel avec l’autre, où l’on appréhende et accepte les déceptions d’un amour qui avait l’allure du parfait : « Mon cœur veut des mots plus forts / des mots qui impriment le ciel / Que ferons-nous s’ils ont tort ? » ; « mes lettres s’emmêlent aux tiennes / qu’elles foudroient l’infini ».