Identification

Articles taggés avec: Saha Mustapha

Jean-Jacques Sempé, Le Funambule (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Mardi, 20 Septembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Paris. Vendredi 12 mai 2022. Jean-Jacques Sempé fait sa valise, à quatre-vingt-neuf ans, dans sa résidence de vacances à Draguignan. Son nom restera sans doute gravé dans le Dolmen de la Pierre de la fée. Paris est fait pour vivre, non pour mourir. La dernière fois que je le revois à la librairie L’Ecume des pages, boulevard Saint-Germain, je cherche, étonnante synchronicité, son livre L’Information consommation, publié en octobre 1968. Il est très fatigué. Il est malade depuis longtemps, mais il n’arrête pas de travailler. Comme les vrais paresseux. Je dessine, donc je suis. René Descartes est inhumé à deux pas, dans l’église Saint-Germain, où le dernier hommage est rendu à l’artiste. De nombreuses années auparavant, je lui avais offert Le Droit à la paresse de Paul Lafargue. La paresse, mère de toutes vertus. Il n’a pas assez de force pour partager un verre au Café de Flore à côté. Il me lance en me quittant : « Adieu l’ami. Je prépare mes bagages ».

Le calligraphe des Sables, Mustapha Saha

Ecrit par Mustapha Saha , le Mardi, 06 Septembre 2022. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

Le calligraphe des Sables, Mustapha Saha, Les Éditions Orion, 2021, 100 pages, 12 €

 

Le temps des barricades

 

Rappelle-toi Clara la cachette stressante

Où nos corps éprouvés par les coups de matraque

S’aimantèrent sans bruit jusqu’à l’aube naissante

Pendant que rugissaient les griffons de la traque

 

Mon mouchoir imprégné d’une odeur de manille

Comme unique parade aux gaz lacrymogènes

Ton haleine embaumée d’un nectar de vanille

Où mon souffle puisait ses bulles d’oxygène

Avoir 20 ans à l’été 1968 (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Mercredi, 31 Août 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

« On vivait une parenthèse enchantée »

Avec le sociologue Mustapha Saha, la philosophe Martine Storti, le photographe Thierry Baïze. Reportage Louis Borel

 

Ils avaient une vingtaine d’années quand, à l’approche des beaux jours, un événement a tout précipité. En août, ELLE revient sur ces moments où de simples trajectoires personnelles se mêlent, plus ou moins par hasard, au destin commun. Pour ce premier épisode, la « parenthèse enchantée » de Mai 68 racontée par deux étudiants engagés et un photographe de l’époque.

Et soudain, tout le monde se parlait, sans barrière. Vous vous baladiez, vous alliez au café, vous discutiez, avec n’importe qui. De tout, de rien, du présent, de l’avenir. C’était Mai 68.

Najib Bendaoud (1953-2022) Il est mort le poète (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Jeudi, 10 Mars 2022. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

Najib Bendaoud, professeur à l’école normale supérieure de Tétouan, et avant tout poète, est mort comme meurent les poètes, dans une fulgurance cardiaque. La mort, énigme des énigmes, sa compagne indomptable, sa muse, sa lyre, sa déesse, il la chante pour l’éternité.

Yeux d’amande

Par Najib Bendaoud

Amour terrestre

Combien tu es affreusement éphémère

Combien tu es un passant

Combien tu es ignoblement fragile

J’aime aimer l’éternel

La mort est ma vraie femme réelle

Du retour salutaire à l’Islam laïque d’Andalousie (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Jeudi, 25 Février 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

« Celui qui interdit l’étude des livres de philosophie à quelqu’un qui y est apte, parce qu’on juge que certains hommes de rien sont tombés dans l’erreur pour les avoir étudiés, nous disons qu’il ressemble à celui qui interdirait à une personne assoiffée de boire de l’eau fraîche et bonne et la ferait mourir de soif, sous prétexte qu’il y a des gens qui se sont noyés dans l’eau » (Ibn Rochd, Discours décisif, trad. française, Flammarion, 1996).

L’Islam des lumières a toujours existé. Cet Islam porté par des mathématiciens, des astronomes, des physiciens, des chimistes, des poètes, des philosophes, des penseurs rationalistes, des navigateurs au long cours, n’a jamais cessé de vivre au grand jour dans ses phases de rayonnement, dans les universités subjacentes, les retraites phosphorescentes, les transmissions efflorescentes pendant ses persécutions. L’Islam éthique et didactique se démarque, se singularise, se révolte quand sa sociosphère est plongée dans les ténèbres.