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A propos de "Les gens dans l’enveloppe" d'Isabelle Monnin

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 23 Novembre 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques

Les gens dans l’enveloppe, Isabelle Monnin, JC Lattès, 2015, (auteur compositeur, Alex Beaupain, pour le disque), 381 pages, 22 €

 

Est-il possible d’inventer une histoire romanesque à partir de photos ordinaires d’une famille française, achetées chez un brocanteur ? Sous la plume magique et profonde d’Isabelle Monnin, cette famille a priori banale reprend des couleurs et une respiration, les gens ordinaires ont eux aussi une histoire à nous raconter. Les photos retouchées et inodores de Instagram peuvent aller se rhabiller.

Le style et l’authenticité des personnages m’ont tellement émue que j’ai prêté le livre à mon père qui a eu le même coup de cœur que moi. Nous avons alors décidé d’écrire cette chronique à quatre mains (moi, en écriture droite et mon père, en italique) pour expliquer notre enthousiasme sur ce bijou littéraire et musical, mi-enquête mi-roman, le tout mis en musique par Alex Beaupain. Cet article aurait pu être publié plus tôt, mais nous avons pris le temps de digérer ces pages comme un plat subtil si français. Toutefois, il coïncide avec sa parution en poche (prévue en novembre 2016).

Lorsque ma fille au cours du printemps 2016 m’a prêté le livre en me disant « Papa tu vas apprécier le style » je ne me doutais pas que « Les gens de l’enveloppe » allaient me plaire à ce point. En fait, j’ai tout aimé, j’aime tout.

Liberté inconditionnelle, Francis Métivier

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Samedi, 08 Octobre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Liberté inconditionnelle, Pygmalion, avril 2016, 254 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Francis Métivier

 

Francis Métivier, par son titre Liberté inconditionnelle qui détonne, fait un pied de nez à la tendance actuelle qui consiste à proposer des livres « mode d’emploi » pour accéder au bonheur ou à la joie. Point étonnant pour ce philosophe rock‘n’roll (auteur de Rock’n philo) de ne pas souscrire à toute cette mollesse monotone autour du bonheur. Il dénonce d’ailleurs cet éloge de la joie qui a tendance à déformer la théorie de Spinoza et le brandir comme le philosophe phare de la joie… Alors qu’en réalité, la joie spinoziste tend vers Dieu.

Aujourd’hui, tout est centré sur cette quête du bonheur. Même au travail, on crée des métiers exotiques de « chief happiness officer » pour valoriser le bien-être en entreprise. On mesure même le bonheur intérieur brut des pays… Mais on se préoccupe de moins en moins de notre degré de liberté. « Le bonheur est au fond un concept très contemporain. L’homme dans l’histoire de la pensée, s’est interrogé sur le soulagement, l’ataraxie, l’absence de douleur ». Or, de nos jours, la philosophie, pour se faire aimer, s’est transformée en marchande du bonheur. « Le bonheur est devenu une grande surface commerciale où poussent les rayons joie, bien-être, connaissance de soi ou beauté ».

Je selfie donc je suis, Elsa Godart

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Vendredi, 30 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Albin Michel, Essais

Je selfie donc je suis, mai 2016, 209 pages, 16 € . Ecrivain(s): Elsa Godart Edition: Albin Michel

 

Faut-il s’inquiéter des selfies ? De ce moi jetable et de toutes ces émotions capturées dans des images standardisées ? Derrière le phénomène superficiel du selfie, se cache en réalité un changement radical de notre rapport au monde et aux autres. Elsa Godart tente de décoder dans ce livre ce que nous révèle l’ère des selfies, cette nouvelle communication facile et instantanée, qui nous rend immanents dans l’espace et le temps, mais qui peut appauvrir dangereusement notre capacité à communiquer de façon rationnelle et critique.

Dans le virtuel, l’espace et le temps sont enfermés dans nos téléphones, ce qui réduit notre monde à deux dimensions. Le lointain est devenu le proche, le tout à l’heure est devenu le maintenant et l’invisible est devenu le visible (avec Skype). Le temps virtuel ne connaît que l’immédiateté. Elsa Godart appelle ce phénomène le « hic et nunc ». Cette immédiateté, certes attractive, peut néanmoins sérieusement mettre à rude épreuve notre capacité à supporter la frustration et à s’ouvrir aux autres.

La jeune fille et Gainsbourg, Constance Meyer

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Jeudi, 02 Juin 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits

La jeune fille et Gainsbourg, Archipoche, janvier 2016, 165 p. 6,80 € . Ecrivain(s): Constance Meyer

C’est l’histoire (vraie) d’une jeune fille qui, « la tête remplie de rêves » en 1985, eut l’audace de laisser une longue lettre sous la porte de l’hôtel particulier du 5 rue de Verneuil. Serge Gainsbourg fut alors immédiatement séduit par l’authenticité et la puissance de ses mots, de ces « petits riens » qui embellissent la vie, même les plus exceptionnelles, y compris celle d’un albatros aux ailes de géant. C’est ce petit bout de jeune fille qui lui inspira le mot « constance » dans ses chansons à partir de 1986. « Constant dans l’inconstance, tu ne sais pas où tu vas », lui susurre Charlotte dans la chanson Plus doux avec moi. La vie est souvent à la croisée d’heureux hasards. Encore faut-il savoir saisir ces instants. Constance sut tout de suite que Serge était une âme amie : « Je me sens déphasée avec un je-ne-sais-quoi de proximité. Cet inconnu m’est bizarrement très familier ».

Constance Meyer a attendu 25 ans avant d’oser raconter son histoire extraordinaire avec cet être hors norme qu’était Serge Gainsbourg. Suite à la parution de ce témoignage en 2010, elle a pu rencontrer et échanger avec des proches de l’icône française, ses biographes, le patron du Galant Verre ainsi que son ancien voisin Jean-Jacques Debout (auteur compositeur marié avec Chantal Goya) qui a très bien connu Serge mais qui ignorait que la mystérieuse « étudiante » était en fait sa gentille voisine, Constance.

Une Anglaise à Paris, Nancy Mitford

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Samedi, 14 Mai 2016. , dans La Une Livres, Payot, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Récits

Une Anglaise à Paris, 2008 (trad. française Jean-Noël Liaut) et 2010 (version poche), 153 pages, 6,60 € . Ecrivain(s): Nancy Mitford Edition: Payot

 

Dans Une Anglaise à Paris, Nancy Mitford, écrivain et femme du monde anglaise née en 1903, nous offre un voyage inédit dans le temps pour découvrir le Paris d’après-guerre, à travers ses chroniques écrites entre 1948 et 1968. Il est toujours enrichissant d’observer son pays à travers le regard d’un étranger pour apprendre à mieux se connaître, surtout lorsque ce regard est coloré d’humour anglais.

Si comme dans les années 50, les bouquinistes assurent encore une présence rassurante sur les quais de Seine, on ne peut désormais plus surprendre un vitrier qui parcourt Paris avec une lourde vitre sur le dos ou encore mieux, un troupeau de chèvres que l’on trait sur le trottoir. Heureusement les intérieurs des taxis ont changé « depuis la bataille de Marne » (surtout depuis qu’Uber est arrivé). Et nous n’entendons plus les voix assassines des téléphonistes qui disent « Allô ! J’écoute… ». A cette époque, les plus prometteurs des écrivains étaient Mme Colette et Mr Cocteau. Picasso était le peintre incontournable et on allait se distraire dans les pièces de théâtre de Mr Guitry.