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Coups de griffes, spécial rentrée littéraire (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 07 Octobre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Dors ton sommeil de brute, Carole Martinez, août 2024, Gallimard, 400 pages, 22 €

Après avoir dépassé une hésitation première devant un titre qui maltraite un grand poète et une couverture qui semble indiquer que ce sont les petites filles qui naissent dans les choux, j’ai tout lu mon livre de CM. Comme quand on boit la cuillère que maman elle a dit que c’était bon pour notre gros bobo.

Bon, c’est pas bon. C’est même catastrophique. J’ai essayé de trouver dans ce ramassis de lettres, de mots, de phrases, une raison, un quelque chose qui permette de parler d’auteure. Rien trouvé. On a là une sorte de couette très 70´s, le matériau est laid, les couleurs aussi, les carrés s’emboîtent plus ou moins. On trouve, en vrac (non, non, pas de construction, que ce soit superposition, parallélisme, arc narratif, jeu choral, ou quoi que ce soit d’autre), des clichés femme battue, enfance malheureuse, décès douloureux, amour (avec un bon gros géant bourru) et New Age ringard, réalisme magique de salon de coiffure, avertissements écologiques. Et l’auteure nous donne des clés :

Coups de griffes N°11 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 16 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

 

L’enragé, Sorj Chalandon, Grasset, 2023, 407 pages, 22,50 €

Si vous voulez de la subtilité, allez voir ailleurs. L’enragé c’est un croisement de Détective et de Pif le chien. L’écriture rappelle ces journaux à sensation bien oubliés aujourd’hui, faut qu’ça aille vite, tape fort. L’enragé c’est une curiosité. Comme un de ces romans des 70s où l’auteur témoigne d’un vécu hors de l’ordinaire ; bagne, grand banditisme, voyage au Tibet, expériences hors du corps. Sauf que Chalandon ne nous parle pas de son expérience mais « recrée » la vie d’un évadé du bagne pour enfants de Belle-Isle. Sauf que Chalandon n’est pas Papillon. Alors c’est très touchant question bons sentiments, mais c’est tellement images d’Epinal qu’on étouffe un peu. Beaucoup. Les matons sont vicieux, les élites pourries, les communistes au grand cœur, les filles-mères à plaindre, les marins mouillés et les colons bastonnés. Et l’enragé se calme puis meurt. Et on croise Prévert.

Coups de griffes N°10 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 19 Août 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques

 

Un Papa vivant, Alice Taglioni, Robert Laffont, novembre 2023, 270 pages, 18,90 €

La couverture est une bonne représentation du contenu. Un style un peu cartes de l’UNICEF, simple et épuré. Très joli. Avec de beaux sentiments. Et un enfant. Et des bons sentiments. Et un chien. Je ne connaissais pas l’actrice, ou je l’avais oubliée sitôt entr’aperçue. Cela va sans doute être la même chose avec l’auteure. Petit livre inspiré en grande partie par sa vraie vie – ou quelque chose comme ça – nous dit l’éditeur. Dommage, ça va donner mauvaise conscience de dire à quel point c’est pitoyable. Sujet mièvre : après six ans de veuvage la pianiste/lectrice/bonne fille et bientôt quadra retrouve l’amour. Une poignée de personnages (dont le fantôme du papa mort) échangent des répliques qui semblent provenir de Sète et du Spoon (référence pour les Happy Few).

Coups de griffes N°9 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Mardi, 18 Juin 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

 

La Langue des Choses Cachées, Cécile Coulon, L’Iconoclaste, janvier 2024, 134 pages, 17,90 €

Merci Madame Coulon. Je viens de terminer Le langage des choses cachées, votre dernier (ou avant-dernier, vous écrivez si vite) roman. Disons plutôt votre nouvelle, vous et moi savons que quelquefois les éditeurs… Dès les premières lignes j’ai ressenti une certaine familiarité avec votre récit. Des lieux et un temps restant vagues, mal définis, des personnages semblables aux cartes d’un tarot retrouvé. Un conte moral, bien sûr. J’ai d’abord cru que les nombreux heurts, les hésitations ou contradictions dans vos phrases faisaient partie de votre style ; un sens caché. Un voile levé sur notre monde illogique et brutal. Signifiant/signifié, tout ça tout ça. Malheureusement cette lecture s’est révélée optimiste. Et pourtant quand un livre fait moins de cent pages (quelquefois la pagination et l’édition…), le moindre mot compte, non ?

Coups de griffes N°8 (par Alain Faurieux)

, le Lundi, 27 Mai 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

 

Meurs ressuscite, Albane Prouvost, POL, 2015, 64 pages, 10 €

Merci à M.D pour m’avoir, par curiosité et esprit de contradiction, mené à Albane P. Ça a fait ma journée diraient les anglais. Aurais-je dû rire très fort pendant cette lecture ? Jeter des choses à terre ? Prendre comme témoin du ridicule un passant sur la route ? Je ne suis pas si plouc pour ne pas avoir compris « l’intention »… Le manque, la mort, l’absence. Et puis la blancheur/la neige (la page), la Russie et ses poètes, les peintres, gna-gna-gna. Trente pages en fait (la blancheur et tout ça, ça prend de la place ma chère). Quinze ans pour ça : c’est dur être poète ! Alors que m’a-t-il manqué ? Parce qu’après tout me direz vous, la poésie c’est un ressenti, une liberté. Chacun sa définition. Il m’a donc manqué un jeu, un plaisir des mots, un amour de ceux-ci, une découverte, de la beauté, de la force, ou de la violence, de la provocation, de la surprise, des sentiments, ou une vision, des possibilités. A la place le vivier lexical d’un pays en proie à la famine, un patchwork bancal. Des bouts de catalogue de jardinerie mal découpés collés sur un vieux carton en lieu et place de Chagall ou Matisse. M’a manqué une voix, reste un bafouillement. M’a manqué un rythme, un pas (la neige appelle au moins une trace). Reste rien.