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Articles taggés avec: Mahdi Yasmina

Gens de couleur, Henry Louis Gates Jr. (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 07 Mars 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, USA

Gens de couleur, Henry Louis Gates Jr., Les Éditions du Canoë, septembre 2024, trad. anglais (États-Unis), Isabelle Leymarie, 368 pages, 24 €

 

Un enfant noir du Comté de Mineral

Gens de couleur est le récit de l’enfant « noir » que fut Henry Louis Gates Jr. (lauréat du Heartland Award du journal Chicago Tribune et du Prix Lilian Smith pour ce livre). Gates grandit à l’époque de la ségrégation raciale aux États-Unis, et se sent, lui et les siens, « comme si nous étions des bateaux se croisant dans une mer de gens blancs ». La couleur de peau est et reste un déterminisme pour celles et ceux porteurs de la couleur noire, catégorisés, figés et abandonnés à une communauté, refoulés tels des parias, et pire, assimilés à une « race ». Ici, le « colored boy » commence son existence à Piedmont, en Virginie-Occidentale, « ville industrielle sur le déclin typique, avec une infrastructure qui se délite et des habitants résignés à sa lente agonie [pourtant au] passé fier et brillant (…) ; ville d’immigrants. Le Piedmont blanc était italien et irlandais, avec une poignée de riches Anglo-Saxons à East Hampshire Street, et, partout ailleurs, des quartiers “ethniques” de gens de classe ouvrière, de couleur et blancs ».

Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 05 Mars 2025. , dans La Une Livres, Seuil Jeunesse, Les Livres, Recensions, Jeunesse

Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard, Seuil Jeunesse, Coll. Seuil’issime, janvier 2025, 64 pages, 5 € Edition: Seuil Jeunesse

 

Les léporidés qui s’habillent

Voici un nouvel album jeunesse, au format de 15x19 cm, entièrement écrit et illustré par Antonin Louchard, né en 1954 à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), auteur doté de plusieurs Prix dont le Prix Sorcières 2000. Plusieurs de ses ouvrages font partie de la Bibliothèque idéale du Centre national de la littérature pour la jeunesse (BnF). À la question Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard répond par un conte : il était une fois un jeune lapin, un lapereau (déjà sevré) affublé d’un prénom impossible à prononcer, surnommé simplement Zou.

« Le matin de notre histoire, Zou est joyeux, très joyeux même. Bien plus joyeux qu’un lapin ordinaire ». Ainsi, le héros de l’histoire s’en va musardant, chantonnant, se balader en forêt parmi les trèfles et les marguerites, cueillir des fleurs. Bref, Zou est un être champêtre. De plus il est amoureux de la jolie Betty, une demoiselle lapine aussi blanche que lui. Mais la communication s’avère difficile car la nature a ses droits et ses travers.

Nos insomnies, Clothilde Salelles (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 21 Février 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Nos insomnies, Clothilde Salelles, Gallimard, Coll. L’arbalète, janvier 2025, 256 pages, 20,50 € Edition: Gallimard

 

Si chacun d’entre nous est incommunicable en proportion de sa richesse affective, il ne peut tourner cet obstacle que par la ruse d’une évocation (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955)

Agrypnie

Une petite fille, dont la famille vit au sein d’« un quartier presque désert, entouré de champs et de hameaux, avec au loin des habitants qui se fondaient dans une colline, et de l’autre côté de la colline, la ville la plus proche », parle à la première personne et soliloque. Elle utilise l’imparfait, tout comme la vie de cette famille est imparfaite, révélant au fur et à mesure de douloureux inconforts. Oui, quelque chose de cauchemardesque plane dans cet univers parental. Nos insomnies est le premier roman de Clothilde Salelles (docteure en sociologie, ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, chercheuse en Science politique au sein de l’Université d’Anvers).

L’invention des miroirs, Mérédith Le Dez (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 14 Février 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

L’invention des miroirs, Mérédith Le Dez, éditions Des femmes-Antoinette Fouque, janvier 2025, 236 pages, 18 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

La femme sans nom


Une femme, Laurence Metis, émerge d’un coma et se pense une autre, une petite fille, oubliant qui elle était. Elle se transforme en une malade sans nom pour l’administration, une femme perdue. À travers les bribes de souvenirs d’une enfance humble, Mérédith Le Dez nous fait déambuler entre présent flou, anamnèse et passé troublé. N’oublions pas qu’un nom de famille a des racines patronymiques, transmis sur plusieurs générations, et que le nom et le prénom sont des attributs qui nous identifient, encadrés par la législation. Ces identifiants nous affilient au monde et à la société. Les confondre sont les conséquences, soit d’un choc violent, de l’amnésie, soit de la falsification d’identité.

Du fil à retordre, Michelle Gallen (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 04 Février 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Joelle Losfeld, Iles britanniques, Roman

Du fil à retordre, Michelle Gallen, éditions Joëlle Losfeld, janvier 2025, trad. anglais (Irlande), Carine Chichereau, 352 pages, 25 € Edition: Joelle Losfeld

 

Une histoire irlandaise

Dans son nouveau roman, Du fil à retordre (Factory Girls), Michelle Gallen campe le portrait de Maeve, née en 1994 dans une petite ville de l’Irlande du Nord, qui s’exprime dans un idiome populaire anglo-irlandais, lequel forme une sorte de sociolecte qui permet de combattre l’anglais institutionnel. Le ton enlevé, revanchard mais spirituel est émaillé de propos non dénués d’humour (noir) permettant à la jeune fille de résister, de braver l’altérité, l’adversité (…) « ça lui foutait la gerbe de la voir fringuée comme ça, avec sa jupe droite beige et son chemisier en dentelle couleur crème. Putain, un chemisier ! Sûr que c’était sa mère qui l’avait habillée ». Brutalité rime avec précarité dans cet univers très dur. Le problème irlandais est évoqué sans ambages : « Et les frontières, ça a besoin de soldats. Plus y sont jeunes, plus y sont naïfs. C’est pour ça que les Rosbifs filent des armes à des gamins. L’IRA fait pareil. Parce que ça marche ».