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Le corps et l'amour dans la littérature algérienne : l'ange ou le démon (1)

Ecrit par Amin Zaoui , le Jeudi, 07 Juillet 2011. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers

L'ange ou le démon

Tantôt, de gauche à droite, j’écris. Et ma mère me dit : c’est le chemin des roumis. Tantôt, de droite à gauche, j’écris. Et ma mère me dit : c’est le chemin des musulmans, le chemin droit. Il en va de même pour la lecture. Pour moi, cette valse n’est qu’une malédiction de Sisyphe. Cycle absurde où je me recherche, dans une lumière obscure. Chute de Sisyphe, je tâtonne le vide noir et j’écris : « je » en français ou « ana » en arabe, peu importe ! Ecrire le « je » ou le « ana » dans tous ses états, tous ses éclats et dans toutes ses brumes est un « jeu » draconien. Supporter, transporter la pierre de Sisyphe jusqu’au sommet du paradis, ensuite descendre jusqu’au fond de l’enfer de Dante : écrire le « je » ou le « ana ». Fixer le miroir, collé devant soi, afin de détailler les traits les plus délicats et compter toutes les rides discrètes et les vagues successives des soupirs parvenant d’un fond feu est un exercice sévère : écrire le « je » ou le « ana », qu’importe. Amertume ou allégresse ? Par ce chemin sauvage, incertain et rocailleux, passent la genèse et le défi du texte littéraire. Je ne suis pas sûr ! Incertain. Certain. L’écrivain appartenant à ce monde obscurci et complexe appelé « arabo-musulman », est conçu, depuis son enfance, dans l’hégémonie d’une culture dominante celle de « l’hypocrisie ». Depuis l’enfance, nous vivons dans le non-dit, dans le non-vu, le non-entendu. Et nous continuons à vivre cette situation aberrante et insensée.

"Souffles" 4 : Premier livre, premier amour

Ecrit par Amin Zaoui , le Dimanche, 19 Juin 2011. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers

Chroniques "Souffles"

 

Dans la vie, on adore les premières choses. On ne les oublie jamais. Les premières expériences sont toujours belles et resteront tatouées sur l'âme. Ancrées dans la mémoire. La première bêtise commise en l'absence des parents : jeter une tête d'allumettes sur un amas de foin. Le premier grand succès : arriver à monter le dos d'âne des voisins qui se termine par une chute et une dent cassée. L'image de la première fille embrassée à la hâte au coucher du soleil, pas loin du seuil de la grande maison parentale. La cousine ! Une fille en bouche et en seins ! Une vraie, pas celle du rêve. La première bière bue en cachette, à l'insu des yeux du frère aîné. Le méchant ! La première peur, celle de la circoncision ! Les ciseaux ! Voir la mer pour la première fois : hallucination ! Le premier bus monté pour un premier voyage vers une ville ogresse. Le premier pipi chaut fait dans le pantalon par peur de sortir la nuit jusqu'au pissoir ! La première cigarette sifflée, plutôt le premier mégot ramassé d'un sol mouillé. Et le premier livre lu. Lu de bout en bout ! Des mots et des phrases qui font une histoire intégrale et géniale! Je me souviens de tout cela, certes, vous aussi ! Ces choses avec leurs détails sont mon miroir, moi ! Je ne suis rien sans ces choses qui vivent à perpétuité en moi. Vous aussi. La première lecture du premier livre fut un miracle pour moi! Je ne savais pas que les livres parlent. Comme nous les êtres humains, ils ont une langue magique. Et ils parlent beaucoup de langues ! Le livre parle pour nous dire cette vie qui resserre dans leurs tripes. Des vies en mots et en encre.

"Souffles" 3. Le roi des ciseaux ...

Ecrit par Amin Zaoui , le Samedi, 04 Juin 2011. , dans Nouvelles, Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques, Ecriture, Chroniques Ecritures Dossiers

... coiffure, circoncision, parfum, politique et poste restante

 

Le coiffeur a abandonné le village ! S'asseoir sur ce siège-là rembourré avec ses deux accoudoirs de bois fut, pour moi, un moment sans pair. Assis, pour la première fois, sur ce trône royal qui pivotait sur un ressort, j'avais un sentiment de crainte. La musique des ciseaux, qui chuchotaient à mes oreilles, me donnait ravissement et bonheur. Tak-tak-tak, quelle belle mélodie ! Et ce parfum ! Un parfum qui n'avait pas de nom. Le coiffeur de notre village était un homme amusant avec de longues moustaches bien tenues, huilées et peignées vers le haut. Toujours tournées vers le ciel ! Une serviette claire sur son épaule et un sourire permanent sur les lèvres. Dans son petit local, un espace d'à peine trois mètres de large sur quatre mètres de profondeur, il avait installé deux longs bancs sur lesquels une douzaine de gens étaient en permanence amassés. Serrés ! Ils étaient composés de vieux et de moins vieux. Le coiffeur parlait. Il parlait sans arrêt ! Il ne faisait que parler et faire danser ses ciseaux autour de ma tête. Les hommes l'écoutaient. Eux aussi parlaient, commentaient et se taisaient. Ici on se parlait. Assis sur le trône royal entouré de tout ce monde qui discourait, je n'arrivais pas à comprendre tout ce qui se racontait. Je regardais les centaines de photos collées anarchiquement sur le mur peint en bleu.

"Souffles" 2. Ecrire avec les deux mains

Ecrit par Amin Zaoui , le Dimanche, 08 Mai 2011. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Maghreb


Ecrire de gauche à droite ou de droite à gauche, cela est un jeu extraordinaire. Mais écrire de droite à gauche et de gauche à droite cela est un plaisir. Ecrire avec les deux mains ! Ecrire avec deux langues, plutôt dans deux langues, c’est voler, en toute liberté et en toute énergie et détermination, avec deux grandes ailes dans un vaste ciel qui ne ressemble qu’à lui-même. La première est étendue sur l’orient et l’autre sur l’occident. Ecrire avec deux mains et un cœur comblé de rêves et d’illumination est un jeu d’ombres et de lumières. Ecrire avec deux mains, c’est agiter deux imaginaires, deux mers de folies. Voyages ouverts à toutes les géographies et les musiques. Le génie le plus génial que l’homme a créé, dans toute l’histoire humaine, fut le jeu. Et la littérature est un jeu fabuleux. Lorsqu’une nouvelle langue est née sur le bout de notre plume, les choses prennent la forme d’une danse.
Toutes les choses ! Dès qu’une nouvelle langue pointe sur le bout de notre langue les mots deviennent un chant de liberté, ou un champ de blé. Et la liberté gagne de la géographie, gagne de la lumière.

Booker Prize arabe : entre scandale, complot et surprise

Ecrit par Amin Zaoui , le Dimanche, 17 Avril 2011. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers

Le Booker prize arabe, ou « le Booker arabe » est un prix destiné à récompenser le meilleur roman arabe de l’année. Il a été fondé en 2007 à Abou Dhabi en collaboration avec le célèbre prix Booker britannique. Entre scandale, complot et surprise le Booker prize s’arabise ! À chaque année le Booker arabe s’installe confortablement dans une odeur empestée. Avec ses quatre éditions écriées et hurlées, le BPA nous livre une image de la culture arabe noyée dans l’argent et qui jour après jour s’ancre davantage dans des traditions non culturelles ou plutôt anti-culturelles. Chaque année, à chaque édition du BPA, on découvre un peu plus les traits d’un visage défiguré de la culture et des intellectuels arabes. Le Booker arabe avec ses scandales et ses complots n’est que l’image littéraire d’une culture soumise au pouvoir politique de l’argent impur et de l’argentier courtier ! Il est aussi le miroir reflétant la représentation des intellectuels bien servis par des services hautement branchés ! La création, à mon sens, de ce prix n’est qu’une « esthétique du boucher » ! Pour museler la culture résistante. À la marge de cette création, une mafia de la littérature est née. Une autre, manipulatrice et manipulée, a vu le jour dans les milieux de la presse écrite libanaise et égyptienne.

Une brève lecture des trois premières éditions, dont le BPA est revenu respectivement aux Egyptiens Bahaa Taher pour L’Oasis du crépuscule et Youssef Zeidan pour Azazil, au nouvelliste saoudien Abdou Khal pour Elle lance des étincelles, nous enregistrons ce qui suit :