« La pluie tombait tiède et fine. Elle tirait sa petite valise à roulettes dans les flaques, sur le bord de la route ; ses pieds étaient nus ; ses joues noires de crasse. Le délire l’avait menée sur les rivages salés de son enfance, l’aveuglante lumière du Sud. A toutes les personnes qu’elle avait croisées ce jour-là, elle avait demandé : Babylone, c’est encore loin ? ».
Un des plus forts ; un des plus beaux livres du Printemps – assurément bien davantage – est là, replié dans ses 138 pages, comme chrysalide palpitant à peine. Promesse de vie ou de mort ? Les deux sans doute, les deux peut-être. En tous cas, livre-choc ; livre-voyage ; livre-rencontre avec une femme, devenue malade psychique, portée là, sur ces rivages de la folie si peu ordinaire, par son enfance, les accidents de sa vie, sans compter nous, notre société, notre Histoire. Nous en sortons, ballottés, émus-aux-larmes ; Majda, qu’on emporte, nôtre.