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Les Livres

Camille mon envolée, Sophie Daull

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mercredi, 02 Décembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Philippe Rey

Camille mon envolée, août 2015, 192 pages, 16 € . Ecrivain(s): Sophie Daull Edition: Philippe Rey

 

Écrire la douleur pour ne pas se laisser entraîner dans son cyclone destructeur, pour conjurer cette envie d’anéantissement qui habille chaque cri, chaque sanglot, quand la réalité vous ramène dans cet interstice d’un temps qui semble désormais s’être figé pour l’éternité entre l’avant et l’après. Écrire pour ne plus sentir dans sa chair ce lent écorchement à vif né du sillon de l’indicible. Écrire pour donner un semblant de continuité à ce qui ne peut plus en avoir. Écrire pour étoffer une vie qui a cessé et pour ne pas qu’elle soit oubliée. Écrire pour exorciser la perte, pour conjurer la mort, celle de son enfant qui vous laisse les entrailles vides, désertes et désertées.

C’est à cet exercice thérapeutique que se livre Sophie Daull dans Camille mon envolée. Un récit élégiaque en hommage à sa fille de seize ans emportée quelques jours avant Noël par la fulgurance mortifère d’une maladie pathétiquement mal diagnostiquée, quasi une erreur médicale par indifférence professionnelle. Les préparatifs du 25 décembre s’entrecroisent dès lors avec ceux de l’enterrement. Les joyeux Noëls font écho aux condoléances. La disparition de la jeune fille en tire d’autres de leur néant.

C’est l’Histoire de la Série Noire, Alban Cerisier et Franck Lhomeau (dir.)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 01 Décembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Gallimard

C’est l’Histoire de la Série Noire, Alban Cerisier et Franck Lhomeau (dir.), novembre 2015, 264 pages, 29 € Edition: Gallimard

 

Le slogan sur la jaquette est magnifique de vérité : « Notre but est louable : vous empêcher de dormir » – et que ceux qui ne se sont jamais endormis trop tard, voire pas du tout, parce qu’ils étaient en train de lire un roman publié par la Série Noire avouent n’en avoir jamais lu, ce sera plus simple. Car combien de soirées tardives ou de nuits blanches doivent les amateurs du genre à Hammett, Chase, Chandler, Manchette, Pouy ou encore Dantec ? Ces auteurs, et bien d’autres, à vrai dire : et tous les autres, publiés un jour (ou une nuit…) dans la Série Noire, sont présents dans l’album C’est l’Histoire de la Série Noire, première somme dédiée à cette collection pas comme les autres créée par Marcel Duhamel au sortir de la Seconde Guerre mondiale, au moment où les auteurs anglo-saxons étaient à nouveau permis de séjour dans les librairies de France et de Navarre. De La Môme Vert-de-Gris, signé Peter Cheyney, à la scène mondiale du polar contemporain traduite en français, des années Duhamel à aujourd’hui, c’est un panorama complet de la Série Noire que proposent les auteurs de cette somme :

Les voleurs de sexe, Janis Otsiemi

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 01 Décembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Jigal

Les voleurs de sexe, septembre 2015, 200 pages, 18 € . Ecrivain(s): Janis Otsiemi Edition: Jigal

 

Chaque nouveau roman de Janis Otseimi est l’occasion pour le lecteur éloigné du Gabon de découvrir de nouvelles plaies qui rongent comme un cancer ce pays aux multiples richesses naturelles. Le patchwork amorcé dans ses précédents romans (cf. les critiques publiées dans La Cause Littéraire) se complète ici de deux affaires très liées aux croyances locales et de l’évocation au travers d’un fait divers d’une réalité socio-économique qui contribue à accentuer les écarts entre les riches et les pauvres.

La première affaire qui donne le titre à l’ouvrage se réfère à la croyance relayée par le « radio-trottoir » que des hommes en serrant la main, ou en frôlant un autre mâle, lui volent son sexe. Crime odieux dans un pays où la virilité masculine est plus sacrée que les couleurs du drapeau national et où l’impuissance est maudite. Crime le plus souvent imputé à des étrangers de préférence de confession musulmane, réglé sommairement par une séance de lynchage à mort perpétrée par une population à très grande majorité chrétienne, gagnée par la psychose et prompte à relayer toutes sortes de rumeurs. Sexe, maraboutage, superstition et religions. Risque d’éclatement de la cohésion sociale.

L’idée maçonnique, Henri Tort-Nouguès

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 01 Décembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

L’idée maçonnique, Dervy éditions, Coll. Petite Bibliothèque de la Franc-Maçonnerie, janvier 2014, 264 pages, 13 € . Ecrivain(s): Henri Tort-Nouguès

 

Essai sur une Philosophie de la Franc-Maçonnerie : ce sous-titre bien apparent sur la couverture donne une idée d’emblée précise du dessein de l’auteur, Henri Tort-Nouguès, passé Grand Maître de la Grande Loge de France.

Cet ouvrage en effet n’est pas un de ces manuels publiés à l’usage exclusif des initiés parmi les dizaines du genre, ayant pour finalité leur instruction complémentaire sur les symboles, sur les rituels, sur la tradition maçonnique.

Cet ouvrage n’est pas non plus une de ces compilations plus ou moins répétitives de descriptions plus ou moins pertinentes prétendument destinées aux non-initiés à seule fin de leur offrir une approche plus ou moins dévoilée, plus ou moins vulgarisée des valeurs, des idéaux, des rituels, de la place des francs-maçons dans la société.

Cet ouvrage n’est pas un panégyrique dithyrambique des grands Francs-Maçons qui ont marqué l’Histoire politique, sociale, médicale, scientifique durant ces trois ou quatre derniers siècles.

Via Lucis, Angélica Liddell

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 30 Novembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre, Les solitaires intempestifs

Via Lucis, Continta Me Tienes, novembre 2015, trad. Christilla Vasserot, coédition bilingue, français-espagnol, 169 pages, 25 € . Ecrivain(s): Angélica Liddell Edition: Les solitaires intempestifs

 

« Images pieuses »

Cette parution consacre à la fois l’écriture littéraire et photographique d’Angélica Liddell dans une version espagnole suivie d’une version française des textes, au centre de laquelle prend place une série d’autoportraits en couleurs (cinquante clichés). Les deux « matières » de la création fondent en quelque sorte l’esthétique de leur auteure en une série de fragments : en ouverture, comme dans un opéra, le thème, celui du lien intrinsèque entre amour et religion jusque dans l’acte sacrificiel : L’Espagne met dans la religion la férocité naturelle de l’amour (p.125).

Le texte Mes yeux blancs comme ton sperme prolonge cette entrée en matière et identifie justement l’univers iconographique de Liddell : revenir aux Saintes du grand peintre espagnol Zurbaran et d’abord au portrait du musée Fabre à Montpellier, Sainte Agathe, déjà célébré poétiquement par Paul Valéry en 1891, dans le recueil Sur quelques peintures. La peinture est d’ailleurs pour l’auteure action fondatrice de l’amour humain et de l’amour divin ; n’écrit-elle pas dans son poème La naissance de la peinture, ou ton image (p.137) :