Identification

Les Livres

Le monde extérieur, Jorge Franco (Critique 2)

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 29 Juin 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, Métailié

Le monde extérieur, traduit de l’espagnol (Colombie) par René Solis, mars 2016. 272 pages, 20 €. . Ecrivain(s): Jorge Franco Edition: Métailié

 

Entre polar de bras cassés, drame socio-psychologique et conte de fée, ce roman est un tissage de genres aux contours floutés, où chaque personnage, quelque soit son statut, sa classe sociale, son rêve ou son opiniâtreté, ne pourra jamais accéder au bonheur.

Mono, l’antihéros est l’un des personnages centraux de l’histoire. Enfant des quartiers modestes devenu petit caïd trentenaire et ambitieux, il est obsédé depuis son plus jeune âge par Isolda, la fille du château. El Castillo, cette improbable copie de château-fort, qu’a fait construire sur les hauteurs de Medellin, Don Diego Echavarría Misas, issu d’une très riche famille colombienne et compagnon de Dita, une allemande qui n’a jamais voulu se marier. Isolda est leur fille unique.

Isolda a grandi à l’abri du monde extérieur, derrière les murs du château, mais elle s’échappe aussi souvent qu’elle le peut dans la forêt tropicale du parc qui l’entoure. C’est de là qu’elle ressort avec d’extraordinaires et mystérieuses coiffures, joliment décorées d’herbes et de fleurs. C’est aussi dans ce parc, que Mono et ses copains savent se faufiler pour observer en cachette cette jolie fillette, puis jeune adolescente, si différente d’eux.

Sylvia, Howard Fast

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 28 Juin 2016. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, USA, Roman, Rivages/noir

Sylvia, janvier 2016, trad. anglais (USA) Lucile du Veyrier, 384 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Howard Fast Edition: Rivages/noir

 

Rompons une lance : un bandeau jaune du plus bel effet, signé d’un certain Hervé Le Corre, annonce : « Le premier roman noir féministe. Classique et moderne à la fois ». Pour la deuxième proposition, rien à redire ; pour la première, par contre… Certes, le personnage féminin principal de ce roman est une femme devenue forte, voire puissante, qui est parvenue à se construire un univers matériel protecteur malgré les chausse-trappes de l’existence, mais cela ne fait pas de Sylvia une œuvre féministe, une œuvre militant pour un meilleur statut de la femme en général dans la société, voire pour l’égalité homme-femme ! De surcroît, si chaque roman noir nord-américain présentant une femme forte, parfois dominante, devait être qualifié de « féministe », Chandler et Hammett entre autres deviendraient rapidement des lectures indispensables pour les Femen – et on doute que ce soit le cas. Bref, la promotion d’un roman, aussi excellent soit-il, n’excuse en rien les amalgames anachroniques et les inexactitudes lexicales.

Le Bosco Kerpalud, Luc Corlouër

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 28 Juin 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Ramsay

Le Bosco Kerpalud, octobre 2015, 250 pages, 19 € . Ecrivain(s): Luc Corlouër Edition: Ramsay

 

 

C’est l’histoire d’une vie, ce sont aussi des histoires de vies, c’est le récit d’hommes et de femmes qui endurent les fracas du temps, les fracas de l’Histoire avec force, courage et détermination.

Si vous souhaitez vous engager dans une aventure en haute mer, si vous souhaitez embarquer sur un paquebot de commerce, alors, larguez les amarres de votre quotidien, plongez dans le dernier roman de Luc Corlouër, Le Bosco de Kerpalud paru en 2015 aux éditions Ramsay. Vous en sortirez différents.

Ce récit est une aventure tirée de faits réels. À travers l’équipée d’une existence, celle d’un Breton né à la fin du XIXe siècle, nous abordons la trajectoire de maints marins de l’époque qui ont dédié leur vie à la mer. Ils n’avaient pas le choix. C’était leur destin, c’était aussi un appel car la mer est une amante fascinante.

Lettres à l’inconnu(e), Bernard Sarrut

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 27 Juin 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Tinbad

Lettres à l’inconnu(e), juin 2016, 201 pages, 14 € . Ecrivain(s): Bernard Sarrut Edition: Tinbad

 

Lettres à l’inconnu(e) s’inscrit à point et lettres nommés dans la lignée éditoriale de Tinbad. En effet, cette toute jeune maison d’édition qui publie ici son cinquième roman et sera à la barre des Cahiers de Tinbad, accueille et donne toute latitude à la voix d’écrivains contemporains dont les recherches formelles sondent et font œuvre inclassable dans une Littérature au croisement de la poésie et du roman moderne, à l’instar d’Ulysse de James Joyce, ou des avant-gardes du XXe siècle (Futurisme, Dadaïsme, Surréalisme, Proust). Il s’agit de repartir de ces avant-gardes de création littéraire, non pas pour en remâcher les « reliques du savoir » (Laurence Sterne, in Tristram Shandy), mais pour en raconter l’histoire. Un violent « je » autobiographique sera recommandé et même essentiel, précise l’édito de Tinbad, ainsi ces Lettres à l’inconnu(e) dont le cap insolite trouble la navigation, à bord d’un texte épistolaire dont le/la destinataire reste inconnu(e) – du moins au début du voyage (ici d’hiver). Le narrateur déroule son histoire aux côtés d’une absente, dans un temps indéfini, l’inconnu(e) étant la non-nommée à qui les lettres sont adressées – personnage réel, fictif ? – un personnage tenu dans le secret de l’écriture au creux de cette « histoire » autre qu’une fiction « classique », du moins au début de son intrigue, de son récit, ou bien, personnage en cours de création au fil d’une écriture en train de créer « sa » propre fiction ?

Se souvenir des jours de fête, Christian Signol

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 27 Juin 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Albin Michel

Se souvenir des jours de fête, avril 2016, 368 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Christian Signol Edition: Albin Michel

 

Avec Se souvenir des jours de fête, Christian Signol signe un vrai roman populaire, accessible et soigné, et un vrai roman historique. L’auteur de sagas et de romans plus intimistes maîtrise les histoires, et quand il s’agit de narrer celle qui a pour matière le conflit 39/45 autour de personnages simples, ordinaires, ballottés par les événements dramatiques, le romancier trouve d’emblée le ton juste.

Quand Etienne se retrouve emporté loin de sa ville de Toulouse et de sa famille, sa mère Marie, sa femme Mélina, son fils Jean, le conflit est au maximum de son intensité : les actes de résistance à l’ennemi allemand se jouent aussi bien dans l’Allemagne ou la Pologne de la déportation qu’à Toulouse, dans les rangs des résistants de tous les jours, clandestins qui tentent par tous les moyens de tromper l’ennemi, de gagner du temps et d’assurer aux leurs une sécurité, que les circonstances rendent souvent improbable.