1. Marcher sur les traces d’un « poète noir » (A. Artaud) revient à fouler la cendre brûlante surgissant – rutilante et rugissante toujours – de la fosse sépulcrale d’« où l’oubli dans sa galerie des morts / dresse ses entailles d’incandescence ». Pour que se rallument, se lèvent, reviennent la flamme noire et ces brandons de l’incendie de ces gisants, laminés de leur vivant, retournés encore dans leur tombe jusqu’à nous, ici par une Voix « surpoétisant » – celle de l’auteur Nicolas Rozier –, sa voix surpoétisant le chant infernal de l’un d’entre eux, Francis Giauque. Marcher sur les traces de ce poète de spectrale brume revient à prendre le risque de fouler la cendre brûlante. Nicolas Rozier commet, prend le risque de cette expérience scripturale de l’extrême.
Nicolas Rozier remue dans La Main de brouillard ces fonds embrasés dévorés – ils le furent, brûlés vif, jusqu’au hurlement de l’extinction – par le tournoiement des braises raclant / égorgeant / éventrant la moelle convulsive des trépidations de l’âme au cri palpable des suppliciés, écartelés, déchirés par le tripalium de la conscience prise dans la galaxie abyssale foudroyante du questionnement, dont Francis Giauque fut, Rare parmi les Rares, Astre parmi les Anéantis aux côtés d’Antonin Artaud, Vincent van Gogh, Jacques Prevel (célébré notons-le par l’auteur à l’occasion du centenaire de sa naissance, dans Jacques Prevel, poète mortel, en cette même année 2016 aux Éditions de Corlevour), Jean-Pierre Duprey, Jean-Pierre Begot, etc.