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Les Livres

La Vie rêvée, Antonia Pozzi

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 14 Mars 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Italie, Arfuyen

La Vie rêvée, trad. Thierry Gillyboeuf, 2016, 20 € . Ecrivain(s): Antonia Pozzi Edition: Arfuyen

 

La mort, les fleurs, l’amour, la montagne

 

Ascolta :

come sono vicine le campane !

Vedi : i pioppi, nel viale, si protendono

per abbracciarne il suono. Ogni rintocco

è una carezza fonda, un vellutato

manto di pace, sceso dalla notte

ad avvolger la casa e la mia vita.

Ecoute :

comme les cloches sont proches !

Envoyée Spéciale, Jean Echenoz (2ème critique)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Lundi, 14 Mars 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Les éditions de Minuit

Envoyée spéciale, janvier 2016, 320 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Jean Echenoz Edition: Les éditions de Minuit

 

Le texte subtil de Jean Echenoz nous invite à suivre les péripéties de Constance, jeune et belle Parisienne désœuvrée qui est sélectionnée, sans son consentement, pour une mission en Corée du Nord, en passant par la Creuse. Autour de son personnage, plutôt passif tout au long du roman, viennent se greffer une multitude de destins qui entrent en convergence, par une voie ou par une autre, à la manière d’un écheveau dont le lecteur doit démêler les fils ou d’une enquête fantaisiste qu’il doit mener à bien.

Il s’agit là en effet d’une parodie de roman d’espionnage – où raison d’Etats et vies privées, dans toutes leurs petitesses, interfèrent, où les héros sont mus par un sens du devoir tout aléatoire et personnel. Pour parfaire l’ensemble, l’auteur accompagne son lecteur en parsemant son roman de métalepses discursives, irruptions en nous ou en on dans le récit, pour en donner les clés à un lecteur étourdi ou distrait, ou pour faire des apartés, des parenthèses argumentatives : « C’est maintenant sur le mari de Constance que nous allons nous pencher, si vous le voulez bien » ; « On se demande à ce propos ce qu’ils deviennent chez Pall Mall, à part Tausk il y a bien longtemps qu’on n’a plus vu quelqu’un fumer ça ».

Les enfants de Toumaï, Thomas Dietrich

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 12 Mars 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Albin Michel

Les enfants de Toumaï, janvier 2016, 278 pages, 19,50€ . Ecrivain(s): Thomas Dietrich Edition: Albin Michel

 

Toumaï est le nom donné par ses découvreurs au plus vieil hominidé connu, dont le crâne fossilisé a été trouvé au Tchad en 2001. Ayant vécu il y a environ 7 millions d’années, Toumaï est considéré à ce jour comme le plus ancien des ancêtres de l’homme.

Emmanuel et Sakineh, tous deux tchadiens, probables descendants de Toumaï, sont contraints à l’exil et à la clandestinité, lui, étudiant chrétien noir converti au maoïsme, opposant au « président-sultan » et journaliste politique en herbe, elle, musulmane à la peau claire acceptant mal la morale religieuse imposée par sa famille qui l’empêche de développer son talent pour le dessin, art interdit, et se sentant coupable de la mort de son père foudroyé par l’orage le jour du mariage auquel il avait voulu la forcer.

Au Caire où Emmanuel, après un long, périlleux et douloureux périple sur les routes complexes et parallèles qu’entretiennent à travers l’Afrique les passeurs de migrants, est devenu mendiant puis amant de cœur d’un riche égyptien, Haman, qui l’entretient jalousement, et où Sakineh a atterri avec sa famille ruinée dans un quartier pauvre, le hasard fait se croiser leurs chemins.

Entretiens avec Alain Veinstein, André du Bouchet

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 12 Mars 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, L'Atelier Contemporain

Entretiens avec Alain Veinstein, André du Bouchet, L’Atelier Contemporain et l’INA, janvier 2016, 128 pages, 20 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

« Or, la langue ne relève pas de notre choix personnel, c’est notre point de départ, le matériau dont nous disposons, et il y a un mouvement qu’il s’agit de renverser : ne pas aller dans le fil de ce qui se détruit à chaque instant sous nos yeux, mais, tenant compte de ce qui est détruit, tâcher dans l’instant de renverser le mouvement et d’édifier quelque chose ».

Il s’agit bien de cela, de deux édificateurs, deux architectes de la langue qui se rencontrent. L’un, poète, loin du tumulte, des honneurs et des horreurs, dans la perspicacité de la langue, dans sa vibration profonde, dans sa nette simplicité, accordée à l’espace, à la terre, au sol : …chute de neige, vers la fin du jour, de plus en plus épaisse, dans laquelle vient s’immobiliser un convoi sans destination – je tiens le jour… La paupière du nuage porteur de la neige se levant, je me retrouve inclus dans le bleu de l’autre jour*. L’autre, interviewer sur France Culture, pour L’Autre Journal (qui fut une bien belle aventure) et Libération, mais aussi poète et écrivain.

Le mariage de Pavel, Jean-Pierre Milovanoff

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 12 Mars 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Grasset

Le mariage de Pavel, octobre 2015, 202 pages, 17 € . Ecrivain(s): Jean-Pierre Milovanoff Edition: Grasset

 

Le mariage de Pavel est un roman sur l’exil : ses motivations d’origine, ses conséquences attendues ou imprévues, ses conditions de survenance, ses traces sur les vies des individus un jour ou l’autre concernés par cet acte. Pavel, personnage principal, est un russe blanc ; il a fui à l’âge de quinze ans sa famille et son pays pour échapper à une mort quasi-certaine, lui le jeune bourgeois issu d’une école militaire tsariste et à ce titre « ennemi de classe ». Après avoir traversé l’Ukraine dévastée par la guerre civile, il parvient à Sébastopol, gagne Constantinople et parvient enfin en France, où il devient ingénieur dans les Cévennes. Il y rencontre deux sœurs, Rénata, institutrice, et Odine, danseuse chorégraphe. Il épouse Renata. Un soir d’été, il décrit à son fils Jean-Pierre ce qu’il a ressenti, vraiment, depuis son départ de Russie. Et c’est toute une série d’impressions, de réflexions, de constats que nous livre Pavel, pour arriver à un état des lieux de l’exil presque complet. Ainsi, il examine les conditions de décision, les circonstances qui déclenchent ce choix :

« On doit faire vite quand on vit sous la menace. Il n’y a pas de place pour les tergiversations. Ni pour les regrets. On s’exile par nécessité, souvent dans l’urgence, quelquefois avec enthousiasme ».