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Critiques

Le Voyage de M. de Balzac à Turin, Max Genève

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 22 Mars 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Serge Safran éditeur

Le Voyage de M. de Balzac à Turin, février 2016, 218 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): Max Genève Edition: Serge Safran éditeur

 

Un voyage peut-il être l’occasion d’un répit ? Une séquence d’insouciance ?

On serait tenté spontanément de répondre par l’affirmative, à ceci près que le voyageur décrit par Max Genève dans son récit n’est autre qu’Honoré de Balzac, qui entreprend en juillet 1836 un voyage à Turin, car le duc Guidoboni-Visconti, membre éminent de la noblesse italienne, a proposé à Balzac de le représenter pour une affaire d’héritage. Les circonstances de ce déplacement sont très négatives et périlleuses pour l’écrivain. Il vient de publier Le Lys dans la vallée, mal reçu par la critique, et sort de la faillite retentissante de La Chronique de Paris, organe royaliste chargé de diffuser les idées légitimistes et orléanistes. Le journal est bientôt en dépôt de bilan et Balzac est ravi d’accepter cette proposition, qui lui permet provisoirement d’échapper aux créanciers, à l’épuisement créé par des heures et des heures d’écriture et de consommation de café à haute dose.

Une personne accompagne Balzac dans son déplacement vers le Piémont : il s’agit de Caroline Marbouty, abandonnée par son mari et qui, surtout, a écrit, sur commande de Balzac, dans La Chronique de Paris, une nouvelle, puis une deuxième, sous le pseudonyme de Marcel.

Bienvenue à Calais, Les raisons de la colère, Marie-Françoise Colombani, Damien Roudeau

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 22 Mars 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Actes Sud, Albums, Bandes Dessinées

Bienvenue à Calais, Les raisons de la colère, février 2016, 56 pages, 4,90 € . Ecrivain(s): Marie-Françoise Colombani, Damien Roudeau Edition: Actes Sud

 

Un petit format, des textes et des croquis sur le vif, 56 pages et il pèse des tonnes ce carnet, des tonnes de gâchis, des tonnes d’espoir, des tonnes d’injustice et d’absurdité, un peu de rêve, beaucoup de désillusions. Des élans aussi, nombreux, de la bonté, de la solidarité, pour porter tout ça, pour sécher la boue et les larmes, adoucir un peu la cruauté, mais pas la cacher non, bien au contraire, et c’est la raison d’être de ce livre dont les bénéfices et droits d’auteurs seront reversés à l’Association l’Auberge des migrants* : montrer sans fard, exposer « les raisons de la colère », refuser la honte, dénoncer l’intolérable, sortir des chiffres et des termes génériques : migrants, réfugiés, ou le moins connu « dublinés » qui pousse de nombreuses personnes à brûler ou mutiler l’extrémité de leurs doigts pour effacer leurs empreintes, pour mettre des noms sur des visages, des personnes, des parents, des enfants, des adolescents, des jeunes étudiants, des boulangers, des avocats, des profs, des commerçants… Et raconter quelques éclats de vie, qui trop souvent sont des morts absurdes, atroces… Impardonnables.

Vodka, pirojki et caviar, Monica Kristensen

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 22 Mars 2016. , dans Critiques, Les Livres, Polars, La Une Livres, Roman, Babel (Actes Sud)

Vodka, pirojki et caviar, Actes Sud Babel noir, janvier 2016, trad. norvégien Loup-Maëlle Besançon, 390 pages, 8,90 € . Ecrivain(s): Monica Kristensen Edition: Babel (Actes Sud)

 

 

C’est le troisième roman de Monica Kristensen publié par Gaïa, puis par Babel noir. Celui-ci comme les autres se déroule dans le Svalbard. Rappelons, parce que c’est un élément essentiel de ce livre, que ce dernier est un archipel situé à la limite de l’océan Arctique et de l’océan Atlantique. Il s’agit d’un territoire norvégien autonome et démilitarisé dont le statut de neutralité permet à n’importe quel pays d’exploiter librement les ressources locales. C’est ainsi que sur l’île de Spitzberg, la seule habitable, dans la ville nommée Barentsburg, existe une petite enclave russe où l’on exploite une mine de charbon.

D’après une histoire vraie, Delphine de Vigan

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Lundi, 21 Mars 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Jean-Claude Lattès

D’après une histoire vraie, novembre 2015, 479 pages, 20 € . Ecrivain(s): Delphine de Vigan Edition: Jean-Claude Lattès

 

Après le Renaudot qui a consacré ce roman comme l’un des meilleurs crus de l’année 2015, que dire de plus sur ce bijou littéraire à la confluence de la fiction et l’autofiction, rythmé par le suspense d’un thriller psychologique et saupoudré d’une fine description des sentiments qui sonne si juste, que l’on a l’impression d’avoir vécu les mêmes expériences que l’auteur ? Eh bien si, nous pouvons encore nous arrêter sur ce roman qui ouvre des voies multiples à explorer : la vie des romans est-elle si différente de la réalité ? N’avons-nous pas tous en nous une « L. » qui nous vampirise et qui nous empêche de nous réaliser ? Et accessoirement, comment se remettre d’un succès et rester créatif face à la peur de la page blanche ?

Dans cette « fiction », Delphine de Vigan se met en scène : le personnage principal s’appelle Delphine, a connu un succès retentissant grâce à un livre écrit sur sa mère (Rien ne s’oppose à la nuit) et sort avec un critique littéraire renommé (François Busnel). Jusque-là, le roman semble démarrer sur un mode autobiographique. Mais, il se passe peu à peu des choses étranges. Elle rencontre une femme prénommée « L. », très soignée et attentionnée lors d’une soirée. Elles deviennent très vite amies et inséparables. L. la fascine car elle semble parfaite, le genre de femme que Delphine n’est pas (et aurait peut-être aimé être).

La Vampire, ou la Vierge de Hongrie (1825), Étienne-Léon de Lamothe-Langon

Ecrit par Ivanne Rialland , le Lundi, 21 Mars 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

La Vampire, ou la Vierge de Hongrie (1825), édition présentée et annotée par Florian Balduc, Librairie d’Otrante, coll. Méduséenne, janvier 2016, 228 pages, 30 € . Ecrivain(s): Étienne-Léon de Lamothe-Langon

 

Avec La Vampire, ou la Vierge de Hongrie, la Librairie d’Otrante de Florian Balduc nous promet « la première morte amoureuse et la première véritable femme vampire de la littérature française ». Les éditions du savant libraire poursuivent ainsi par ce roman leur exploration du romantisme noir européen et de ses sources. Le premier volume de la « collection méduséenne » proposait par exemple une anthologie de treize nouvelles qui, sous le titre Colliers de velours, parcours d’un récit vampirisé, suivait déjà les avatars de la figure de la morte amoureuse.

Le roman de Lamothe-Langon, daté de 1825, est accompagné de deux textes assez brefs de Florian Balduc – l’un insistant sur l’antériorité du texte de Lamothe-Langon par rapport à la Morte amoureuse de Gautier, l’autre donnant des éléments historiques sur la « peste vampirique » – d’une étude de Valery Rion sur la beauté méduséenne de l’héroïne, et d’un extrait de l’ouvrage d’Emily Gerard, The Land beyond the Forest, paru en 1888. Les travaux de cette dernière sur le folklore de Transylvanie auraient inspiré Bram Stoker, qui y aurait notamment trouvé le terme nosferatu.