Identification

Essais

Placement libre, Ella Balaert

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 07 Décembre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Placement libre, Editions des Femmes Antoinette Foulque, août 2016, 123 pages, 13 € . Ecrivain(s): Ella Balaert

 

La couverture est sobre dans ce petit livre blanc : une lithographie de Geneviève Asse, carré bleu-électrique, zébré en son centre d’une ligne blanche en partance pour le rouge. Quand on a fermé la dernière page du livre, on y revient automatiquement, quelque chose nous disant que le propos est – aussi – tout entier, là…

Ella Balaert n’en est pas à son coup d’essai ; elle cisèle de temps à autre, et c’est toujours bienvenu, des écrits/essais/romans – genre habilement mélangé – qui nous parlent de femmes – elle les connaît bien, elle les aime – en prise avec leur époque. Pas cependant à la façon guerrière et militante de récits féministes, ni sous la plume documentariste du quotidien et de ses difficultés socio-économiques, ni tout à fait avec le regard de l’éthologiste silencieux tenant au bout de son téléobjectif la gazelle – de Grant, tant qu’à faire, du safari du soir… Non… quoique… tout ça quand même, mais manière Balaert. Une élégance, une précision du mot, des phrases vraies, drues, pour cerner, piquer au risque de la douleur – dans cette femme-là – ce qui fera sens dans les autres, toutes, et bien sûr, au premier chef, nous.

Malraux face aux jeunes, Mai 68, avant, après. Entretiens inédits

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 06 Décembre 2016. , dans Essais, Les Livres, La Une Livres, Folio (Gallimard), Histoire

Malraux face aux jeunes, Mai 68, avant, après. Entretiens inédits, novembre 2016, 102 pages, 2 € . Ecrivain(s): André Malraux Edition: Folio (Gallimard)

 

Quoique historiquement codés dans une période précise, ces entretiens inédits la dépassent largement. Plus que de parler uniquement aux jeunes et plus que de s’installer dans son statut de ministre, Malraux prolonge son soliloque avec lui-même sans chercher de pose et de rôle de magister dans ce contexte particulier.

De fait sa réflexion reste toujours la même : accorder le sens qu’il convient à l’histoire, à la révolution, au jeu de pouvoir qu’entretiennent les maîtres du monde avec leur propre idéologie et leur peuple et bien sûr à la religion et son – dit Malraux – « inépuisable » question.

Au passage l’auteur lance quelques discrètes flèches à un intellectualisme germanopratin qui préfère Le Flore à l’action en oubliant que « le catéchisme est cinq cent fois plus sérieux que les professeurs » lorsqu’on parle de révélation. Et ce même si l’auteur relit les Evangiles « avec une certaine déception ».

Œuvres complètes 1. Premiers écrits. Règles pour la direction de l’esprit, René Descartes

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Lundi, 05 Décembre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Œuvres complètes 1. octobre 2016, sous la direction de Jean-Marie Beyssade et Denis Kambouchner, 760 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): René Descartes Edition: Gallimard

 

Une publication « complète » à plusieurs titres

Ce tome 1 propose les premiers travaux du philosophe dont on ait gardé la trace, ceux antérieurs à 1629, avant que Descartes n’atteigne les 33 ans. Il retrace l’histoire passionnante de la postérité des écrits cartésiens, histoire parfois rocambolesque.

Descartes consigne ses premières réflexions sur un « petit registre en parchemin » conservé sa vie durant. Recensé dans l’inventaire de Stockholm où il meurt en 1650, ce document est rapatrié à Paris avec d’autres papiers pour restitution à son frère. Mais le bateau transportant la malle les contenant coule dans la Seine ; la malle est repêchée, les précieux feuillets qu’elle contient séchés avant que Leibniz, admirateur tout autant que critique de Descartes, ne copie de larges extraits du registre aujourd’hui perdu, tout comme les copies du philosophe allemand après qu’elles ont été copiées et ainsi de suite.

Du sexisme dans le sport, Béatrice Barbusse

Ecrit par Jean Durry , le Vendredi, 02 Décembre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire, Anamosa

Du sexisme dans le sport, octobre 2016, 263 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Béatrice Barbusse Edition: Anamosa

 

Le sexisme : « une attitude qui consiste à avoir des comportements discriminants, c’est-à-dire à séparer et distinguer les individus selon leur sexe et à installer une hiérarchie entre les deux sexes ». Dans cette étude aussi intelligente qu’argumentée, Béatrice Barbusse entend combattre le sexisme sportif et […] lutter contre les inégalités et les discriminations qui vont avec ». Ce combat, elle a tous les titres pour le mener : agrégée en Sciences économiques et sociales, maître(sse) de conférences à l’Université Paris-Est Créteil, ainsi que handballeuse de bon niveau, devenue en 2007 présidente d’un Club masculin professionnel, l’U.S. Ivry, et la seule femme dans cette position, de 2008 à 2012, d’où une connaissance intime des préjugés d’incompétence et d’insuffisance, de l’invisibilité dans des assemblées d’hommes, des fines plaisanteries à répétition ; ce qui ne l’a pas empêchée d’accéder à l’heure actuelle à la Présidence du Conseil d’administration du Centre National du Développement du Sport (CNDS), poste stratégique.

L’enfant aux cerises, Jean-Louis Baudry

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Samedi, 26 Novembre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

L’enfant aux cerises, novembre 2016, préface et photographies Alain Fleischer, 174 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Baudry Edition: L'Atelier Contemporain

 

Le mouvement du livre de Baudry est un faux mouvement. Certes, il débute par deux textes intimes réussis où le sémiologue évoque comment enfant il est devenu « addict » aux images. S’enchaînent ensuite d’autres articles simplement repris et choisis par le théoricien. Il égraine ses goûts artistiques et prouve qu’avec le temps il s’oriente vers un bel art, celui qui s’intègre aux grands systèmes historiques d’appropriation dont l’ancien iconoclaste est devenu un gardien des temples.

Tous les textes montrent une homogénéisation d’un art qui devient la solution imagée et imaginaire des contradictions. Le livre représente le signe de réappropriation des maîtres-penseurs dans un moule dont ils assurent l’hypostase à la fois rationnalisante et spiritualisante. Au refoulement patent du sexuel répond une propension politique. Baudry fait preuve d’un sentiment de propriétaire sur la « chose » artistique. Dans la persistance d’un « je » imperator se déploient des morceaux choisis qui sont les « points de l’esprit » chers à Breton et qui font de chaque option de l’auteur une projection icarienne dans un lieu mental hors contradiction.