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Essais

La Géode & l’Eclipse, Jacques Sicard

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 17 Mai 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

La Géode & l’Eclipse, Editions Le Pli, avril 2017, 180 pages, 25 € . Ecrivain(s): Jacques Sicard

 

Dès le titre du livre de Jacques Sicard, La Géode & l’Eclipse, on se voit confiné à la tâche dont s’occupe l’auteur, c’est-à-dire à la fois à une vision cristalline, complexe, et sujette à des phénomènes de disparition, d’effacement, d’invisibilité. Car nous sommes aux prises avec un texte labyrinthique, qui offre ensemble la pensée et la connaissance, propose de disparaître pour se chercher, de se trouver pour se retrouver en zones connues, rebondir encore, de la chose sue à l’étrangeté de notions gazeuses, éthérées.

D’ailleurs, ce livre se présente comme une dissertation écrite – mais qui a la puissance de l’énoncé oral – avec un style varié, proche de ce que la didactique appelle le varia. Mais comme nous le disions précédemment, on est à la fois porté à explorer des territoires nouveaux en équilibre intellectuel sur des choses apprises, déjà repérées et d’autres dissimulées ou nouvelles, qui confèrent au lecteur, au lecteur devenu actif et qui cherche lui aussi, un goût pour une écriture dense et un peu rebelle. Nous sommes témoins d’un feuilletage, obligés de nous arc-bouter sur les ligatures qu’offre le texte. Peut-être pourrions-nous évoquer cette impression de lecture en faisant appel à ce que Roland Barthes appelait le Baroque, et plus précisément la petite perle irrégulière qui propose une saisie partielle de la totalité. Donc, un chemin vers l’intrigue, l’étonnement.

Fureur divine Une histoire du génie, Darrin M. McMahon

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 16 Mai 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Fayard

Fureur divine Une histoire du génie, trad. l’anglais (USA) Christophe Jaquet, 384 pages, 24 € . Ecrivain(s): Darrin M. McMahon Edition: Fayard

 

Nous vivons une époque géniale, où les génies se croisent au détour de la moindre page d’un magazine culturel, du moindre programme télévisé – cinéastes, acteurs, chanteurs, écrivains, sportifs, tous semblent s’être donné le mot pour nous abreuver de génie. Jusqu’à plus soif ou jusqu’à la nausée, au choix. L’esprit critique peut à tout le moins se montrer dubitatif face à cet assaut de génialité : il écoute, il voit, il lit, et se demande si tout cela est bien raisonnable.

C’est à ce stade de la réflexion qu’arrive à point l’essai de Darrin M. McMahon, historien américain spécialiste du XVIIIe siècle et déjà auteur d’un Happiness : A History (2006), dont la renommée anglo-saxonne appelle une traduction, surtout s’il est du même tonneau que le présent Fureur Divine. Une Histoire du Génie (2013, première publication en anglais), cet essai appartenant au genre peu couru en francophonie de l’histoire des idées. C’est-à-dire que l’essai de McMahon n’analyse pas une idée dans une époque donnée, mais en montre l’évolution au fil des siècles – en l’occurrence, de l’Antiquité grecque à l’époque actuelle, en sept chapitres d’une clarté limpide. Cet historique permet de comprendre comment ce mot, « génie », a pu passer de l’évocation du plus rare à celle du plus commun.

Les Petites Personnes, Anna-Maria Ortese

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 09 Mai 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud

Les Petites Personnes, janvier 2017, trad. italien Marguerite Pozzoli, 352 pages, 23 € . Ecrivain(s): Anna-Maria Ortese Edition: Actes Sud

 

Ce livre, constitué de nombreux articles, est un vrai chant d’amour à la « dignité animale » si souvent battue en brèche par l’homme.

La thèse, très argumentée de cet essai, est que l’homme eût dû davantage faire confiance à sa vraie nature d’homme au lieu de passer son temps à blesser, annihiler, torturer, détruire ces « petites âmes », ces « petites personnes », fruits comme lui de la création.

De la chasse à la vivisection, en passant par la cruauté imposée, l’auteur passe en revue les nombreuses atteintes à l’animal, au détriment de la nature et de son respect, au profit du seul être dominateur de la création.

Sensible à la « douleur des animaux », à la grâce qui les habite (quelles belles pages pour honorer le chien, ce compagnon de l’homme), au « visage » que possède tout animal, Ortese nous implique dans ce phénomène de société, où la bestialité de l’être humain le dispute à l’ignorance et à la domination sans bornes.

La Désobéissance civile, Henry David Thoreau

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 09 Mai 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Gallmeister

La Désobéissance civile, mars 2017, trad. américain Jacques Mailhos, 46 pages, 3 € . Ecrivain(s): Henry David Thoreau Edition: Gallmeister

 

Sur un ton indigné et pamphlétaire, Thoreau s’insurge contre le gouvernement américain après avoir été emprisonné en juillet 1846, parce qu’il a refusé de payer un impôt à l’Etat du Massachussetts pour manifester son opposition à l’esclavage et à la guerre contre le Mexique. Son essai La Désobéissance civile paraît en 1849 et a inspiré nombre d’opposants à un régime considéré comme tyrannique et injuste en matière de droits humains, tels que Gandhi, Martin Luther King ou Nelson Mandela.

En ces semaines de campagne présidentielle en France, marquées par une volonté de renouveau de moralisation de la vie publique, ce texte prend un intérêt frappant.

Dès la première page, la célèbre devise « Le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins » devient sous la plume de Thoreau, en pleine réaction contre l’Etat : « Le meilleur gouvernement est le gouvernement qui ne gouverne pas du tout ».

De la simplicité !, Henry David Thoreau

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 05 Mai 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Folio (Gallimard)

De la simplicité !, avril 2017, trad. américain Louis Fabulet, 112 pages, 3,50 € . Ecrivain(s): Henry David Thoreau Edition: Folio (Gallimard)

 

A l’occasion de la commémoration du bicentenaire de la naissance de Thoreau, né le 12 juillet 1817, Gallimard réédite dans la collection Folios Sagesse, sous le titre De la simplicité !, des morceaux choisis de Walden ou la vie dans les bois, tirés de l’ouvrage précédemment publié dans la collection L’Imaginaire.

Thoreau se livre ici à un vibrant plaidoyer en faveur d’une vie simple et rustique, dans laquelle l’homme dépense en argent et en énergie juste ce qu’il gagne ou ce dont il a besoin. Pourquoi accumuler les richesses, nous dit Thoreau, alors qu’il est si simple d’avoir juste de quoi vivre ?

« Qui donc les a faits serfs du sol ? Pourquoi leur faudrait-il manger leurs soixante acres, quand l’homme est condamné à ne manger que son picotin d’ordure ? »

En effet, nous nous créons des obligations de productivité qui nous rendent la vie dure et la folie des grandeurs nous rend déprimés.