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Essais

Et vous avez eu beau temps ?, Philippe Delerm

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 27 Mars 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Seuil

Et vous avez eu beau temps ?, janvier 2018, 176 pages, 15 € Edition: Seuil

 

A l’instar de La Bruyère et de ses Caractères, Philippe Delerm se livre ici à une critique fine et ironique des « petites phrases », ordinaires et perfides, qui émaillent nos conversations et fonctionnent comme des marqueurs de discours, entre intimité et vie sociale. Plus de soixante phrases sont ainsi analysées, parmi lesquelles le lecteur trouvera nécessairement quelques échos de ses propres habitudes de discours, ou des paroles régulièrement entendues dans l’espace social, qu’elles lui aient été ou non adressées.

Moraliste, linguiste, sociologue, ethnologue, entomologiste du langage, de la cognition et des interactions sociales, tel est Delerm dans ce nouvel opus où il décortique les travers et hypocrisies de la conversation.

L’amour est une géographie intérieure, Elysabeth Loos

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 26 Mars 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles

L’amour est une géographie intérieure, éd. Le Coudrier, 2018, 121 pages, 16 € . Ecrivain(s): Elysabeth Loos

 

Qu’importent les situations de temps, de lieu ou d’action dans ce que l’auteur annonce comme étant « des carnets de deuil ».

Ecrits par à-coups, hoquets, comme pour gérer, à petites doses progressives, le choc, à moins que cela ne soit le contraire et que la série de textes courts ne résulte de la brutalité de l’évènement.

En tout cas, l’auteur conjure la cendre. Son amour se fait urne funéraire, dépositaire de souvenirs : « Mes mains ne cherchent pas à toucher, pas à sentir la masse. Le corps ne pèse rien. A peine le poids de la peine. Il n’est pas besoin de le peser ».

Le vide se remplit d’une présence placardée jusque dans les détails. Les lieux deviennent obsessionnels. L’alchimie fonctionne à restituer : « Dans les grimoires du temps, je refais ce qu’il a défait. Je bande sa chair calcinée ».

La personne et le sacré, Simone Weil

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 23 Mars 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Rivages poche

La personne et le sacré, avril 2017, préface de Giorgio Agamben, 96 pages, 6 € . Ecrivain(s): Simone Weil Edition: Rivages poche

 

Simone Weil, dans cet extraordinaire opuscule, nous fait d’abord comprendre que l’effort qu’elle attend de nous ne sera pas essentiellement d’intelligence :

« Un homme intelligent et fier de son intelligence ressemble à un condamné qui serait fier d’avoir une grande cellule » (p.67-8).

C’est ensuite qu’elle y dégomme, sans appel et périlleusement le cœur même de notre exigence occidentale d’humanité, les droits démocratiques de la personne humaine.

« Mettre dans la bouche des malheureux des mots qui appartiennent à la région moyenne des valeurs, tels que démocratie, droit ou personne, c’est leur faire un présent qui n’est susceptible de leur amener aucun bien et qui leur fait inévitablement beaucoup de mal » (p.60).

Elle laisse d’ailleurs aux malheureux peu de marge d’illusions utiles sur eux-mêmes :

Traités spirituels, Edition critique, introduite et annotée par Bernard Forthomme, Paulin d’Aumale

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 21 Mars 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Honoré Champion

Traités spirituels, Edition critique, introduite et annotée par Bernard Forthomme, Paulin d’Aumale, octobre 2017, 45 € Edition: Editions Honoré Champion

Paulin d’Aumale fut un membre du Tiers-ordre régulier de saint François. On ignore bien des choses à son sujet, à commencer par son patronyme véritable (Paulin d’Aumale était un nom de religion), la date de sa naissance et celle de sa mort. Ces lacunes obéissent toutefois à une logique interne, car, quel qu’ait été son nom, celui qui se faisait appeler ainsi n’était pas entré en religion pour se faire connaître de la postérité. On sait qu’il vécut à Paris, où il exerça des responsabilités au sein de son ordre. Ce fut dans la capitale qu’il rencontra Madame Guyon, que Voltaire (mal placé pour la comprendre) qualifiait de « femme à révélations, à prophéties et à galimatias » (Siècle de Louis XIV, chapitre XXXVIII ; Œuvres historiques, éd. René Pomeau, Gallimard, La Pléiade, 1957, p.1091). Elle prêchait, comme on le sait, un « pur amour » de Dieu, allant jusqu’au renoncement absolu à soi-même, à toute action, au point même de ne plus prier (la charité et les bonnes œuvres, il n’en était même pas question). Comme cela se produit en général, un message à ce point radical, extrême, divise en deux groupes ceux qui en prennent connaissance : soit il leur répugne, soit ils y adhèrent. Les autorités religieuses, à une exception près, se rangèrent parmi la première catégorie et Madame Guyon finira embastillée.

Vivre libre avec Etty Hillesum, Cécilia Dutter

Ecrit par Laurent Bettoni , le Mardi, 20 Mars 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Vivre libre avec Etty Hillesum, éd. Tallandier, mars 2018, 156 pages, 14,90 euros . Ecrivain(s): Cécilia Dutter

 

 

Romancière et essayiste, Cécilia Dutter est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages dont cinq essais en spiritualité, parmi lesquels trois ouvrages consacrés à Etty Hillesum : Etty Hillesum, une voix dans la nuit (Robert Laffont, 2010), Un cœur universel, regards croisés sur Etty Hillesum, (Salvator, 2013) – collectif qu’elle a coécrit et dirigé – et désormais ce troisième ouvrage, Vivre libre avec Etty Hillesum, qui vient de paraître aux éditions Tallandier. Elle est également présidente de l’association Les Amis d’Etty Hillesum, qui regroupe plus de trois cent cinquante adhérents et comprend plusieurs antennes en province et à l’étranger. C’est dire combien cette magnifique figure de femme qu’est Etty Hillesum et la beauté de son parcours spirituel tiennent à cœur à l’auteur, qui entend, avec ce nouvel essai, très différent des précédents, mettre ses enseignements à la portée de tous.