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Essais

L’enfant d’Ingolstadt, Dernier Royaume, Tome X, Pascal Quignard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 02 Novembre 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset, Histoire

L’enfant d’Ingolstadt, Dernier Royaume, Tome X, septembre 2018, 288 pages, 20 € . Ecrivain(s): Pascal Quignard Edition: Grasset

 

« C’est ainsi qu’il faut débuter les chapitres dans les histoires qu’on note : très vite. Comme d’un jet. Comme la première des lettres. Comme un taureau qui fonce.

Avançant le pied gauche dans le jour et le monde, pied droit scellé pour toujours dans la porte d’Eden ».

L’enfant d’Ingolstadt est la nouvelle suite d’une odyssée savante, goûteuse, troublante, inspirée, le nouvel opus d’une encyclopédie unique, et vibrante comme une pièce musicale de Marin Marais. Il y a seize ans, Pascal Quignard, nous offrait le premier acte de cette fresque littéraire, musicale, et historique, à la langue inspirée : Je ne cherche que les pensées qui tremblent.

Aujourd’hui, tel un augure, il découpe à l’aide de sa plume sacrée, un rectangle dans ce Royaume où se mêlent la Grèce, la Chine, des musiciens, des peintres, les rêves, et le faux et son attrait : Comme l’eau écrase le plongeur qui a gagné le fond de l’océan, le silence écrase l’homme tandis qu’il est en train de regarder ce qui le sidère.

À l’heure d’Israël, Léon Askénazi, André Chouraqui (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 29 Octobre 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Albin Michel

À l’heure d’Israël, mai 2018, 218 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Léon Askénazi, André Chouraqui Edition: Albin Michel

 

Israël constitue ce que les physiciens nomment une singularité. Aucun autre pays au monde n’a eu – et sans doute aucun autre pays au monde n’aura jamais – une histoire aussi étonnante, que Joseph Kessel, en 1970, résumait ainsi : « Une nation dispersée depuis vingt siècles sur toute la surface du globe qui, voilà cinquante ans, n’avait ni terre, ni langue, ni paysan, ni soldat. Chaque arbre, moisson, usine, hameau ou ville, elle les a fait surgir d’un sol nu. Et sans cesse menacée par le fer et le feu (Les Fils de l’impossible, Plon, p.117).

Il suffit que ce petit État, aux dimensions plus réduites que celles d’une région française d’avant la réforme territoriale, se défende légitimement contre une agression patente, pour que la « communauté internationale », sourde aux plus stridentes violations des droits de l’homme lorsqu’elles s’exercent ailleurs, s’en émeuve et jette des cris aigus. L’ONU a consacré un nombre impressionnant de résolutions à condamner Israël, tandis que des ignominies sans nom et sans nombre s’accomplissaient et s’accumulaient en silence au fond des jungles africaines, dans les montagnes du Tibet et sur les hauts plateaux de Turquie.

Rêver sous le IIIe Reich, Charlotte Beradt (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 22 Octobre 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Payot Rivages

Rêver sous le IIIe Reich, mars 2018, trad. allemand Pierre Saint-Germain, 240 pages, 8,70 € . Ecrivain(s): Charlotte Beradt Edition: Payot Rivages

 

Un des dirigeants nazis les moins connus, Robert Ley (mais qui en avait fait assez pour estimer raisonnable, la guerre perdue, de se pendre avant même de passer en jugement) eut cette phrase : « La seule personne qui soit encore un individu privé en Allemagne c’est celui qui dort. En Allemagne, il n’y a plus d’affaires privées. Si vous dormez c’est votre affaire privée, mais dès le moment où vous vous réveillez et où vous rentrez en contact avec une autre personne vous devez vous rappeler que vous êtes un soldat d’Adolf Hitler » (cité p.30). La formule est glaçante. Peut-être fut-elle en-dessous de la réalité.

Rien ne prédisposait Charlotte Beradt (1907-1986) à devenir célèbre grâce aux rêves des autres. Elle travaillait dans une grande maison d’édition allemande, la Fischer Verlag, où elle rencontrait beaucoup de monde. À partir de 1933, elle entreprit d’interroger ses connaissances, qu’elles appartinssent à des professions libérales ou qu’elles fussent artisans, femmes au foyer, à propos de leurs rêves.

Guérir de nos dépendances, Pascale Senk, Frédérique de Gravelaine (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 17 Octobre 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Guérir de nos dépendances, éditions Leduc.s Pratique, avril 2018, 333 pages, 18 € . Ecrivain(s): Pascale Senk, Frédérique de Gravelaine

 

Le titre du livre, Guérir de nos dépendances, peut paraître angoissant, voire culpabilisant. Mais, ce serait dommage de s’arrêter à cet a priori car il s’agit là d’un livre véritablement bienveillant qui explique les mécanismes de l’addiction en toute simplicité et révèle cette part d’ombre que l’on cherche tant à cacher. Les auteures ont un style vivant et rassurant qui nous prend immédiatement par la main. Elles nous invitent à renouer avec nous-même, notre être profond que nos petites addictions maltraitent.

La dépendance humaine repose sur un curieux paradoxe : « Je dépends d’un autre pour devenir moi-même…, mon autonomie dépend de son état mental ». Dépendre pour être libre, telle est la situation de départ d’un enfant. On ne naît pas indépendant. Les dépendances sont souvent liées à des attachements fragiles de l’enfance.

Plus on est confronté à la tyrannie d’un moi idéal, plus on cherche de l’aide dans des remèdes extérieurs. Or ces « colmatages » accentuent la perte de l’estime de soi et conduisent à un cercle vicieux.

Encore cent ans pour Melville, Claude Minière (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 12 Octobre 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Gallimard

Encore cent ans pour Melville, juin 2018, 112 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): Claude Minière Edition: Gallimard

 

« Il faudra encore cent ans pour qu’Herman Melville soit lu, soit vu avec ses multiples visages, son côté noir et son côté lumineux… Trois cents ans de parenthèse. Trois siècles de tortue » (Encore cent ans pour Melville).

« Il faisait un temps merveilleux le jour où vint pour la première fois mon tour de poste à la haute vigie (Moby Dick).

« Par une illusion d’optique, flottent haut dans une brume d’azur, des terres ensoleillées comme des cygnes ou des paons aux brillantes couleurs. Le ciel et la terre se confondent, les nuages ensoleillés traînent sur la plaine » (Mardi).

Encore cent ans pour Melville est une biographie légère comme une chaloupe qui glisse sur la houle vers le Cachalot Blanc, un exercice d’équilibre littéraire pour éviter qu’Herman ne nous échappe, pour éclairer en quelques chapitres de haute tenue la vie du marin écrivain, de l’écrivain silencieux, qui n’a point cherché à écrire des livres plaisants et faciles. Melville est un aventurier, en mer et devant sa feuille, ses feuilles blanches qu’il anime, qu’il fait vivre de romans et de poèmes.