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Essais

Traversières, dialogue avec Leïla Sebbar, Dominique Le Boucher

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 03 Juin 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Traversières, dialogue avec Leïla Sebbar, Dominique Le Boucher, éditions Marsa, janvier 2015, 258 pages, 15 €

 

Traversières, livre paru en 2015 aux éditions Marsa, est un dialogue de Dominique Le Boucher avec Leïla Sebbar. Au milieu du volume, on trouve cette affirmation forte faite par Dominique Le Boucher s’appuyant sur le roman de Leïla Sebbar, Marguerite (Folies d’encre, Eden, 2002) : « Il faut toujours quelqu’un pour raconter sinon rien n’existerait. L’histoire existe quand elle passe de l’un à l’autre dans un souffle de mots ». C’est ce que cherche à atteindre l’échange entre ces deux écrivains dans cet ouvrage.

Ces deux femmes ont certes des points communs mais n’ont pas la même trajectoire. C’est ce qui fait toute la richesse de ce face à face. La première est née en France, dans une cité de la banlieue parisienne, elle est de quinze ans la cadette de la seconde qui est née et a vécu toute son enfance en Algérie. La première vient d’un milieu ouvrier, l’autre d’un milieu lettré. Ce qui les relie et qui a fondé l’amitié de ces deux femmes, l’une d’origine africaine, l’autre d’origine métissée, ce sont leurs interrogations et leurs explorations de terrains d’investigation proches, malgré l’écart d’une génération qui aurait pu les séparer. Ce qui prouve que leur propos sont toujours d’actualité.

Michel Foucault, Œuvres I et II en la Pléiade

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 02 Juin 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

Michel Foucault, Œuvres octobre 2015. 2 tomes : 65 € chacun. . Ecrivain(s): Michel Foucault Edition: La Pléiade Gallimard

 

Michel Foucault en la Pléiade, on peut d’abord se demander ce qu’il en aurait pensé lui-même. Le penseur rétif aux honneurs, encore plus à la béatification, aurait peut-être eu quelques réserves. Pour nous, ses lecteurs (et auditeurs) de toujours, c’est une reconnaissance qui vient à point, l’année où il aurait eu 90 ans si la mort imbécile ne l’avait pas fauché trop tôt, en plein travail sur sa grande histoire de la sexualité. Ironie morbide de la Grande Faucheuse.

Philosophe ? Historien ? Sociologue ? Ecrivain ? Qui était Michel Foucault ? Tout cela sûrement, rien de cela, sûrement aussi. Foucault a inventé une niche unique dans l’histoire de la pensée française, qui inclut toutes les disciplines traditionnelles et les dépasse. Son dernier enseignement au Collège de France avait pour intitulé « Histoire des systèmes de pensée ». On s’approcherait plus alors de l’épistémologie.

Principes d’une pensée critique, Didier Eribon

Ecrit par Christophe Gueppe , le Mercredi, 01 Juin 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fayard

Principes d’une pensée critique, mai 2016, 222 pages, 18 € . Ecrivain(s): Didier Eribon Edition: Fayard

 

Dans cet ouvrage, Didier Eribon nous offre une prise de recul sur son œuvre, à l’état actuel, un peu à l’image de Michel Foucault avec L’archéologie du savoir. Il nous propose une présentation de sa méthode, selon la définition qu’en donne Marcel Granet : « La méthode, c’est le chemin après qu’on l’a parcouru », formule qu’aimait à citer Georges Dumézil, et que D. Eribon reprend ici à son compte. Car il faut dire que cette formule est particulièrement appropriée à son œuvre, et à son parcours. En effet, les principes d’une pensée critique telle qu’il l’envisage sont au nombre de deux : le premier principe est déterministe, en ce sens que les existences individuelles et collectives ne peuvent se comprendre que par la force des déterminismes historiques et sociaux qui les constituent, le second est le principe d’immanence, ce qui signifie que nulle pensée ne peut prétendre échapper à la transformation sociale, c’est-à-dire à l’action politique. Elle est un produit de l’histoire, produite dans et par l’histoire. Dire cela, c’est se détourner d’une pensée qui se prétendrait intemporelle, et issue d’une nécessité naturelle. Or, c’est ce principe d’immanence qui donne son originalité à toute son œuvre.

Tant de silences, Christophe Fourvel

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Lundi, 30 Mai 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

Tant de silences, avril 2016, dessins Jean-Pierre Schneider, lecture Jean-Marie Blas de Roblès, 128 pages, 20 € . Ecrivain(s): Christophe Fourvel Edition: L'Atelier Contemporain

 

« Ce que le langage oral ne peut dire,

tel est le sujet de la littérature », Pascal Quignard

 

Qu’y a-t-il dans un silence ? De quelle qualité sont nos silences ? De quel mystère s’approche-t-on quand on parle de silence ? Que l’on y ait réfléchi ou pas, parler du silence, c’est sans aucun doute vouloir approcher du mystère, ou de tous les mystères qui composent nos vies.

Ecrire pour fixer des silences est la preuve d’une grande sensibilité et d’une capacité à regarder plus loin, aller au-delà de nos sens, dans cette part intime où l’on se cache pour le meilleur et pour le pire. En sommes-nous tous capables ? Pas sûr. C’est un miroir que nous tend Christophe Fourvel avec beaucoup de grâce et de sincérité.

Tant de silences de Christophe Fourvel, aux Editions L’Atelier contemporain, illustré par J-P Schneider dont les dessins appellent la plus fine épure, est un feuilletage de silences à la fois personnels et universels.

Epictète et Sénèque en Folio Sagesses

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 23 Mai 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Folio (Gallimard)

Edition: Folio (Gallimard)

De l’Attitude à prendre envers les tyrans, et autres textes, Epictète, Folio Sagesses, texte établi et traduit du grec ancien par Joseph Souilhé avec la collaboration d’Amand Jagu, mars 2016, 144 pages, 3,50 €

De la Constance du sage, suivi de De la Tranquillité de l’âme, Sénèque, Folio Sagesses, traduit du latin par Emile Bréhier et édité sous la direction de Pierre-Maxime Schuhl, mars 2016, 128 pages, 3,50 €

 

Ce sont deux petits livres, d’un peu plus de cent pages chacun, qui ne contiennent aucun discours à la mode, écrits par des penseurs morts depuis quasi deux mille ans ; deux petits livres qui pourraient passer à la trappe, entre un achat scolaire (pas trop long à se farcir, et si le prof de philo dit qu’il faut se le taper, on se le tape après avoir jeté un œil sur Wikipédia) et un recueil de pensée orientalisante à la mode ; deux petits livres vers lesquels retourner pourtant sans cesse, crayon à la main et âme au clair. Car au fond, il est vrai qu’on ne les pas a vraiment lus, ces deux petits livres, et qu’on ne les lira jamais : on les sirote plutôt, prenant une phrase là, un paragraphe ici, puis faisant sien le propos, le laissant mûrir lentement, jusqu’à ce que la vie nous en montre toute la justesse, ou toute la nécessité, c’est parfois pareil.