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Essais

Conversations d’un enfant du siècle, Frédéric Beigbeder

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 03 Février 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

Conversations d’un enfant du siècle, septembre 2015, 371 pages, 20 € Edition: Grasset

 

Après les titres légèrement anxiogènes, Dernier inventaire avant liquidation et Premier bilan après l’apocalypse, Frédéric Beigbeder nous invite cette fois-ci à venir partager une ambiance chaleureuse et décontractée où crépitent des grands vins et des esprits brillants.

Conversations d’un enfant du siècle nous permet de prendre part à 27 conversations décomplexées entre des écrivains renommés (majoritairement de sexe masculin) et Frédéric Beigbeder, réalisées entre 1999 et 2014, dans le cadre d’articles de presse. Précisons que certains de ces auteurs sont décédés depuis, comme Bernard Franck ou James Salter. Il y règne une connivence bienveillante qui permet de favoriser une « maïeutique » originale. Les questions posées peuvent parfois paraître superficielles mais leur apparente légèreté permet de mieux découvrir les aspirations profondes des écrivains interviewés : Bernard Frank, Philippe Sollers, Jean-Jacques Schuhl, Guillaume Dustan, Antonio Tabucchi, Umberto Eco, Gabriel Matzneff, Chuck Palahniuk, Catherine Millet, Jay McInerney, Albert Cossery, Françoise Sagan (un rendez-vous manqué), Simon Liberati, Tom Wolfe, Alain Finkielkraut, Michel Houellebecq, Jean d’Ormesson, Bernard-Henri Lévy, Frédéric Beigbeder (lui-même), Bret-Easton Ellis, Paul Nizon et James Salter. Frédéric Beigbeder arrive même à faire parler les morts à travers deux conversations imaginées avec Francis Scott Fitzgerald et Charles Bukowski.

A l’Opéra, monsieur !, La musique dans les Mémoires de Saint-Simon, Olivier Baumont

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 29 Janvier 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

A l’Opéra, monsieur !, La musique dans les Mémoires de Saint-Simon, octobre 2015, 304 pages, 24 € . Ecrivain(s): Olivier Baumont Edition: Gallimard

« Saint-Simon sut écouter son temps, et s’il ne fit peut-être qu’en entendre la musique, il eut soin cependant de tout mémoriser. Les échos musicaux qui nous parviennent aujourd’hui sont magnifiés par son génie littéraire ; ils ne laissent d’être passionnants, surprenants, et riches de perceptions nouvelles tant sur la période que sur l’auteur lui-même ».

L’écrivain des Mémoires danse et écoute. Le mémorialiste de la Cour se fie tout autant à sa mémoire qu’à son corps. Il écrit comme l’on danse à Versailles – Savoir danser chez le roi, c’était savoir y vivre. Olivier Baumont le lit en admirateur de son siècle et de son art, et le traduit en musicien. Saint-Simon a toujours une oreille aux aguets et une main prête à saisir ce qu’il entend et ce qu’il voit, à la volée dirions-nous, comme un compositeur. Il se glisse au centre de ces divertissements qui font le sel de la Cour, où l’on doit être vu, où se jouent des parties d’échecs invisibles, où se nouent des conquêtes, où se règlent des comptes. Saint-Simon qui n’est jamais dupe de rien, sait les avantages et les risques d’être au cœur du volcan, au centre tellurique du pouvoir, ses Mémoires en prolongent l’écho. Il faudra pour ce livre d’Histoire et d’histoires miser sur l’esquive, mais aussi les sauts et les bonds, tout en gardant l’oreille éveillée et la plume accordée.

L’avenir des Anciens, Oser lire les Grecs et les Latins, Pierre Judet de La Combe

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mercredi, 20 Janvier 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Albin Michel

L’avenir des Anciens, Oser lire les Grecs et les Latins, décembre 2015, 208 pages, 18 € . Ecrivain(s): Pierre Judet de La Combe Edition: Albin Michel

 

A l’heure où les récents programmes du collège, applicables à la rentrée scolaire 2016, viennent de porter un coup à l’enseignement des langues anciennes, l’ouvrage de Pierre Judet de La Combe prend la forme d’un plaidoyer raisonné en faveur de la lecture des textes des Grecs anciens et des Romains, si possible dans leur langue, et donc de l’apprentissage des langues anciennes, latin et grec, dans l’enseignement secondaire.

Il s’agit tout d’abord de combattre la thèse rebattue que l’apprentissage des langues anciennes est une manifestation d’élitisme et sert surtout la progression des bons élèves. Au contraire, dit Pierre Judet de La Combe, « savoir lire, bien lire, est un droit démocratique, comme il y a le droit à la langue, à savoir le droit de comprendre ce qui est dit et écrit et de se faire comprendre ». Les langues anciennes, comme les langues vivantes d’ailleurs ou la syntaxe du français, « n’accentuent pas le clivage entre les classes sociales. Ce sont d’extraordinaires moyens de promotion » dans les zones dites sensibles du territoire. Leur apprentissage nécessite rigueur et persévérance, deux qualités qui sont au fondement des savoirs, lentement acquis et construits au fil du temps.

Chroniques pour une poésie publique, précédé de Mais où est la poésie ?, Alain Marc

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 07 Janvier 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Chroniques pour une poésie publique, précédé de Mais où est la poésie ?, Ed. du Zaporogue, septembre 2014, 215 pages . Ecrivain(s): Alain Marc

 

Mais où est la poésie ?

Tel est le titre de la première partie de cet ouvrage très fouillé, très dense, fourmillant de milliers de références sur la poésie contemporaine.

L’auteur, Alain Marc, ardent militant de la cause poétique, dresse le bilan de sa quête de la poésie dans les espaces dédiés à la littérature, que ce soient des édifices en dur conçus pour en abriter les volumes (librairies, bibliothèques, centres culturels) ou des refuges de papier reliés et édités pour en accueillir des extraits (revues, journaux, magazines), ou encore des vitrines audiovisuelles (radio, télévision) ou virtuelles (sites, blogs).

Le constat est amer : la poésie brille généralement par son absence, ou par la place scandaleusement réduite, insupportablement occulte, qui lui est attribuée.

Le Mystère des Nombres, Marcus du Sautoy (2ème article)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 04 Janvier 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Le Mystère des Nombres, trad. de l’anglais par Hélène Borraz, 432 pages, 8 € . Ecrivain(s): Marcus du Sautoy Edition: Folio (Gallimard)

 

Alors comme ça, on n’aime pas les mathématiques ? On les trouve rébarbatives ? On fait partie de ceux qui proclament n’y avoir jamais rien compris ? Avoir toujours ressenti ce cours comme une torture ? On se dit littéraire, et rien que ça, parce que les deux, c’est impossible ? Bon, et bien, il reste une seule solution : lire Le Mystère des Nombres, sous-titré Odyssée Mathématique à travers notre Quotidien, de Marcus du Sautoy (1965), un Anglais persuadé que la passion des chiffres peut se transmettre, façon virus – et étant donné que cette certitude est partagée, allons-y.

Autant l’annoncer d’emblée : non, ce livre ne parcourt pas les mathématiques de façon exclusivement ludique et intelligente (pour ça, voir l’excellent roman de Denis Guedj, Le Théorème du Perroquet) ; oui, quelques prérequis sont nécessaires ; oui aussi, il y a des pages où Marcus du Sautoy perd de vue le lecteur lambda pour se lancer dans des séries de démonstrations qui courent sur parfois deux ou trois pages et où l’on sent bien qu’il essaie de communiquer avec les humains normalement constitués mais n’a pas pu s’empêcher de sélectionner dans le lectorat les petits malins qui avaient maths fortes il y a vingt ans ou plus…