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Essais

Le Mystère des Nombres, Marcus du Sautoy (2ème article)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 04 Janvier 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Le Mystère des Nombres, trad. de l’anglais par Hélène Borraz, 432 pages, 8 € . Ecrivain(s): Marcus du Sautoy Edition: Folio (Gallimard)

 

Alors comme ça, on n’aime pas les mathématiques ? On les trouve rébarbatives ? On fait partie de ceux qui proclament n’y avoir jamais rien compris ? Avoir toujours ressenti ce cours comme une torture ? On se dit littéraire, et rien que ça, parce que les deux, c’est impossible ? Bon, et bien, il reste une seule solution : lire Le Mystère des Nombres, sous-titré Odyssée Mathématique à travers notre Quotidien, de Marcus du Sautoy (1965), un Anglais persuadé que la passion des chiffres peut se transmettre, façon virus – et étant donné que cette certitude est partagée, allons-y.

Autant l’annoncer d’emblée : non, ce livre ne parcourt pas les mathématiques de façon exclusivement ludique et intelligente (pour ça, voir l’excellent roman de Denis Guedj, Le Théorème du Perroquet) ; oui, quelques prérequis sont nécessaires ; oui aussi, il y a des pages où Marcus du Sautoy perd de vue le lecteur lambda pour se lancer dans des séries de démonstrations qui courent sur parfois deux ou trois pages et où l’on sent bien qu’il essaie de communiquer avec les humains normalement constitués mais n’a pas pu s’empêcher de sélectionner dans le lectorat les petits malins qui avaient maths fortes il y a vingt ans ou plus…

Lettre à Roland Barthes, Jean-Marie Schaeffer

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 11 Décembre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Correspondance, Thierry Marchaisse

Lettre à Roland Barthes, septembre 2015, 128 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Jean-Marie Schaeffer Edition: Thierry Marchaisse

 

Jean-Marie Schaeffer, spécialiste d’esthétique et théorie des arts (L’expérience esthétique, Gallimard 2015), se livre ici, dans cette Lettre à Roland Barthes, à un exercice incongru, selon ses dires : « écrire une lettre à un mort ».

« Employer la seconde personne, s’adresser à quelqu’un fait prendre au locuteur des engagements ontologiques, ce qui le met dans une situation ridicule s’il s’avère qu’il ne peut pas les honorer » et le place dans une situation de « double-mind inconfortable » puisqu’il s’agit de faire comme si Barthes était toujours vivant – alors qu’il rédige la lettre qu’il aurait aimé lui écrire de son vivant – tout en sachant pertinemment qu’il s’adresse à quelqu’un qui n’est plus et qu’il n’aura donc pas de réponse. Ecrire à un mort ne le ramène pas. Pourtant ce faisant, il reprend vie sous la plume de l’autre qui fait comme si.

J.M. Schaeffer pose la question de la survivance de l’autre en soi, qui bien que n’étant plus subsiste encore en nous, faisant, en parallèle, référence à Derrida évoquant « les morts de Roland Barthes » et à la difficulté de parler à un ami mort (comme d’un mort ou comme d’un vivant ?), à qui parle-t-on « sinon à lui en moi » ?

C’est l’Histoire de la Série Noire, Alban Cerisier et Franck Lhomeau (dir.)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 01 Décembre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

C’est l’Histoire de la Série Noire, Alban Cerisier et Franck Lhomeau (dir.), novembre 2015, 264 pages, 29 € Edition: Gallimard

 

Le slogan sur la jaquette est magnifique de vérité : « Notre but est louable : vous empêcher de dormir » – et que ceux qui ne se sont jamais endormis trop tard, voire pas du tout, parce qu’ils étaient en train de lire un roman publié par la Série Noire avouent n’en avoir jamais lu, ce sera plus simple. Car combien de soirées tardives ou de nuits blanches doivent les amateurs du genre à Hammett, Chase, Chandler, Manchette, Pouy ou encore Dantec ? Ces auteurs, et bien d’autres, à vrai dire : et tous les autres, publiés un jour (ou une nuit…) dans la Série Noire, sont présents dans l’album C’est l’Histoire de la Série Noire, première somme dédiée à cette collection pas comme les autres créée par Marcel Duhamel au sortir de la Seconde Guerre mondiale, au moment où les auteurs anglo-saxons étaient à nouveau permis de séjour dans les librairies de France et de Navarre. De La Môme Vert-de-Gris, signé Peter Cheyney, à la scène mondiale du polar contemporain traduite en français, des années Duhamel à aujourd’hui, c’est un panorama complet de la Série Noire que proposent les auteurs de cette somme :

L’idée maçonnique, Henri Tort-Nouguès

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 01 Décembre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

L’idée maçonnique, Dervy éditions, Coll. Petite Bibliothèque de la Franc-Maçonnerie, janvier 2014, 264 pages, 13 € . Ecrivain(s): Henri Tort-Nouguès

 

Essai sur une Philosophie de la Franc-Maçonnerie : ce sous-titre bien apparent sur la couverture donne une idée d’emblée précise du dessein de l’auteur, Henri Tort-Nouguès, passé Grand Maître de la Grande Loge de France.

Cet ouvrage en effet n’est pas un de ces manuels publiés à l’usage exclusif des initiés parmi les dizaines du genre, ayant pour finalité leur instruction complémentaire sur les symboles, sur les rituels, sur la tradition maçonnique.

Cet ouvrage n’est pas non plus une de ces compilations plus ou moins répétitives de descriptions plus ou moins pertinentes prétendument destinées aux non-initiés à seule fin de leur offrir une approche plus ou moins dévoilée, plus ou moins vulgarisée des valeurs, des idéaux, des rituels, de la place des francs-maçons dans la société.

Cet ouvrage n’est pas un panégyrique dithyrambique des grands Francs-Maçons qui ont marqué l’Histoire politique, sociale, médicale, scientifique durant ces trois ou quatre derniers siècles.

Toxiques, quand les livres font mal, Laurent Jouannaud

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 25 Novembre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Toxiques, quand les livres font mal, L’Editeur, août 2015, 144 pages, 12 € . Ecrivain(s): Laurent Jouannaud

 

Eloge de l’affliction addictive

En littérature comme ailleurs il est des douleurs qui fascinent et des plaisirs qui tuent. Généralement les critiques font l’impasse dessus. Ils pérorent en tombant dans la métaphore exhaustive pour chanter l’écriture rayonnante des écrivains qui les ont charpentés. Laurent Jouannaud choisit un parcours inverse. Il opte pour une autre faconde plus radicale et pour ses créateurs de l’effondrement : ceux qui l’ont « déconstruit ». Mais pour mieux lui ouvrir les yeux selon des expériences de fondement.

Ce chemin de traverse est aussi pertinent qu’impertinent. Retenant « ses » sept livres de son bouleversement (Les fleurs du mal, Voyage au bout de la nuit, Une saison en enfer, Mémoires d’Adrien, Belle du Seigneur, La recherche du temps perdu et L’Innommable), l’essayiste fait éprouver plus qu’expliquer comment l’articulation du corps et de la langue, du silence et des mots joue dans « ses » livres toxiques dont il prétend ne pas se faire le prosélyte. C’est bien sûr faux. Et l’on s’en réjouit.