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Essais

Journal (1987-2012), Michel Chaillou

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 24 Septembre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fayard

Journal (1987-2012), avril 2015, préface de Jean Védrines, 544 pages, 24 € . Ecrivain(s): Michel Chaillou Edition: Fayard

 

« Début d’une volonté de tenir un journal. Temps d’acier froid. Je cherche la construction de L’Islande. Ai pris le bus long de Seine. Un jeune homme mâchait un début de vie chewing-gum. Ai croisé Jorge Semprun. Cheveux blancs, bel imperméable. Son œil m’identifia légèrement ».

« Il va être 18 heures. David improvise au piano dans le salon. J’essaie de me remettre à L’Hypothèse. J’en suis à la page 42. Il me faut déguiser le sujet, ne jamais l’avouer, sauf dans les dernières pages ».

Vingt-cinq ans séparent ces deux impressions littéraires, vingt-cinq ans d’un Journal romanesque et sentimental que l’on découvre aujourd’hui avec bonheur et surprise. Michel Chaillou, l’œil vif, le corps attentif à ce qu’il vit et à ce qu’il voit, à ce qu’il imagine, nourrit ses fictions et s’en nourrit jour après jour. Vingt-cinq ans de courtes notations, d’évocations, de brèves remarques météorologiques : – Il pleut. Soleil, temps vif qui agace le sang – mais aussi familiales : jeunesse de David, musicien en devenir et futur compositeur – un Journal sert-il à faire ses gammes ? –, fidélité réciproque à Michèle, troisième œil du manuscrit.

Choses Dites, Entretiens et choix de textes, Louis Calaferte

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Samedi, 19 Septembre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Cherche-Midi

Choses Dites, Entretiens et choix de textes, mai 2014, 211 pages, 16 € . Ecrivain(s): Louis Calaferte Edition: Le Cherche-Midi

 

« Je veux bien me livrer, et quand on a la gentillesse de me le demander, je suis très content. Cela dit, ça ne me paraît pas d’un intérêt fou. La vérité, c’est que… l’essentiel est là. Dans les livres. Voilà. Je pense que ce qu’il y a de plus… enfin, de meilleur en moi, si vous voulez, “c’est là”. Le reste… Tout ce qu’on peut dire… Les mots… Le littéraire est une chose merveilleuse. Quand on a une plume à la main… »

Ces lignes de Louis Calaferte, qui clôturent ses Entretiens avec Pierre Drachline, expriment toute la place occupée par la littérature chez cet écrivain à la fois auteur de récits, essais, carnets, poèmes, pièces de théâtre. Des Choses dites – dans des Entretiens enregistrés pour France Culture en 1988 et dans des Choix de textes – par une personnalité dont les colères, l’ironie et le regard lucide égalèrent l’envergure d’une vie guidée par les exigences de la création, entièrement vouée dans sa démarche authentique à la littérature et à son écriture.

Considérations sur l’Etat des Beaux-Arts, Jean Clair

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 10 Septembre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Considérations sur l’Etat des Beaux-Arts, juin 2015, 204 pages, 6,40 € . Ecrivain(s): Jean Clair Edition: Folio (Gallimard)

 

Dès sa parution en 1983, cet essai de Jean Clair (1940) fit l’effet d’une petite bombe : ces Considérations sur l’Etat des Beaux-Arts se voulaient en effet une « Critique de la Modernité » comme l’indiquait leur sous-titre, et allaient poser leur auteur en chef de file de ceux que l’art contemporain laissait au mieux indifférents, rendait au pire virulents, Jean-Philippe Domecq et Aude de Kerros en tête. Trente-deux ans après sa première publication, cette critique de la modernité artistique connaît enfin une édition de poche, la rendant ainsi accessible au plus grand nombre – ce qu’elle est, ou presque, par son style (parfois l’une ou l’autre expression en allemand ou en italien, heureusement traduite, semble quelque peu affectée). D’ailleurs, on peut admirer à quel point est accessible et compréhensible l’image de couverture, une parodie du Balloon Dog de Jef Koons, ou plutôt la baudruche de fête foraine dont s’est inpiré l’artiste de Wall Street, entourée de dangereuses punaises : qui s’y frotte, s’y pique, et que se dégonflent littéralement les baudruches (de toute façon, Koons lui-même s’est dégonflé, puisque cette parodie est due à son refus de la reproduction de Balloon Dog en couverture de ces Considérations…, comme s’il savait à quel point sa « sculpture » ne pourrait qu’être dépréciée par tout lecteur du présent essai, et tant pis si elle s’est vendue cinquante-huit millions de dollars).

Langage et langue de la poésie française contemporaine, Giovanni Dotoli

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 09 Septembre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Hermann

Langage et langue de la poésie française contemporaine, janvier 2015, 335 pages, 30 € . Ecrivain(s): Giovanni Dotoli Edition: Hermann

Qu’est-ce que la poésie ?

Comment définir la spécificité du langage poétique ? Où se situe et comment se manifeste, parmi les diverses fonctions de la langue, la fonction poétique de la langue ? Qu’est-ce qui oppose et qu’est-ce qui unit la poésie française contemporaine et la poésie française classique ?

Giovanni Dotoli, universitaire, critique et poète italien, brillant francophone, parfait connaisseur de l’art poétique français et de son histoire, fouille et trifouille en ce riche ouvrage les œuvres de poètes de tous horizons qui ont choisi notre langue pour en faire leur langage poétique.

Fondant sa réflexion sur l’étude d’un corpus impressionnant d’extraits de poèmes et de professions de foi poétique formulées dans l’espace et le temps de la poésie francophone par un vaste panel de poètes, Dotoli aligne et confronte les multiples fonctions du langage poétique et les représentations innombrables du fait poétique qui s’en dégagent, soit affirmées et revendiquées explicitement par les auteurs francophones de toutes époques, soit exprimées de façon plus ou moins subliminale dans l’œuvre même de nos poètes.

La parole contraire, Erri de Luca

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Lundi, 07 Septembre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Italie

La parole contraire, traduit de l’italien Danièle Vain, janvier 2015, 40 pages, 8 € . Ecrivain(s): Erri de Luca Edition: Gallimard

 

« Ptàkh pìkha le illèm » : « ouvre ta bouche pour le muet »

(Proverbes/Mishlé 31/8) cité par Erri de Luca, p.18

 

La parole contraire est le récit, ou plutôt une sorte d’argumentaire de Erri de Luca dans sa condamnation pour « incitation au sabotage »… Incitation au sabotage… Vraiment ? C’est en tout cas ce qu’a déclaré le tribunal à partir des phrases écrites dans le Huffington Post Italie, et l’Ansa (équivalent de l’AFP) par Erri de Luca lui-même. Erri de Luca refuse le terme « acte terroriste » même s’il se reconnaît une maladive incitation à la résistance qui lui vient de son enfance et plus exactement de ses lectures.