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Essais

Jean-Jacques Schuhl, Du dandysme en littérature, Guillaume Basquin

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 03 Octobre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, Editions Honoré Champion

Jean-Jacques Schuhl, Du dandysme en littérature, septembre 2016, 200 pages, 30 € . Ecrivain(s): Guillaume Basquin Edition: Editions Honoré Champion


Le Dandysme est apparu en Angleterre au 18ème siècle. Ce fut un mouvement post-révolutionnaire qui concernait les membres de la classe moyenne aussi bien à Londres qu’à Paris et ce dès 1790. Initialement associé à la mode élégante et au langage raffiné, « le dandysme qui est une institution en marge de la loi possède un code des lois rigoureux auquel tous ses sujets sont strictement soumis, mais leurs caractères individuels peuvent être ardents et indépendants » (Baudelaire). Sa description de la dichotomie inhérente au dandysme entre dissidence et appropriation, excentricité et uniformité, peut s’appliquer aux mouvements punks et gothiques ainsi qu’aux travestis et aux mouvements de l’avant-garde : il s’agit d’expressions faites pour repenser l’ordinaire et le fétichisme et visant à illustrer une perception plus large de la réalité, opérant dans les cadres périphériques de la dissidence.

Un si fragile vernis d’humanité, Banalité du mal, banalité du bien, Michel Terestchenko

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 01 Octobre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Découverte

Un si fragile vernis d’humanité, Banalité du mal, banalité du bien, 308 pages, 12 € . Ecrivain(s): Michel Terestchenko Edition: La Découverte

 

C’est à la littérature, à la fiction, que l’on attribue en général la capacité de nous émouvoir, les essais, eux, étant le lieu de la rationalité, de la raison qui sait tenir à distance ce qui lui serait étranger. Il est pourtant, parfois, des essais qui nous émeuvent et nous marquent profondément parce qu’ils touchent autant notre raison que nos sentiments, nos émotions. Un si fragile vernis d’humanité est un de ceux-là, tout simplement. On ne peut dire pour autant que l’auteur y fasse « de la littérature », qu’il tire sur une corde qui serait forcément sensible (et « rentable »). C’est bien plus simplement et fortement par les récits qu’il reprend qu’il nous touche, par l’importance morale et éthique des questions qu’il aborde. Des questions qui touchent à des notions aussi simples et difficiles (car rien n’est sans doute aussi difficile que ce qui est simple, la complexité étant à la portée de chacun), aussi fondamentale que le bien et le mal.

Chemins ouvrant, Yves Bonnefoy, Gérard Titus-Carmel

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 30 Septembre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, L'Atelier Contemporain

Chemins ouvrant, Yves Bonnefoy, Gérard Titus-Carmel, préface de Marik Froidefond, 152 pages, 20 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

« Je ne peins pas l’arbre qui se trouve devant moi mais seulement l’espace qui me sépare de lui », Claude Monet

 

Ce très bel ouvrage propose un dialogue entre Gérard Titus-Carmel et Yves Bonnefoy, présenté en préface par Marik Froidefond. Il contient également quelques reproductions ; les textes qui se croisent témoignent de la grande et profonde amitié qui unissaient les deux hommes. Dès sa première visite en 2003, Yves Bonnefoy écrira de très belles pages sur l’œuvre de Titus-Carmel.

« Selon Bonnefoy, écrit Marik Froidefond dans une préface qui tient la moitié de l’ouvrage ici, l’œuvre de Titus-Carmel s’ancre dans l’expérience première d’un désarroi radical que l’artiste partage avec quelques grands esprits du siècle – Giacometti, Beckett, Bataille, Freud, Kafka et d’autres encore, comme lui témoins du “négatif”, grevés du “sentiment de n’être plus”, dans l’espace du langage, que les visiteurs désemparés d’une maison désertée […] dont les portes béantes donnent sur le vent et la nuit ».

Je selfie donc je suis, Elsa Godart

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Vendredi, 30 Septembre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Albin Michel

Je selfie donc je suis, mai 2016, 209 pages, 16 € . Ecrivain(s): Elsa Godart Edition: Albin Michel

 

Faut-il s’inquiéter des selfies ? De ce moi jetable et de toutes ces émotions capturées dans des images standardisées ? Derrière le phénomène superficiel du selfie, se cache en réalité un changement radical de notre rapport au monde et aux autres. Elsa Godart tente de décoder dans ce livre ce que nous révèle l’ère des selfies, cette nouvelle communication facile et instantanée, qui nous rend immanents dans l’espace et le temps, mais qui peut appauvrir dangereusement notre capacité à communiquer de façon rationnelle et critique.

Dans le virtuel, l’espace et le temps sont enfermés dans nos téléphones, ce qui réduit notre monde à deux dimensions. Le lointain est devenu le proche, le tout à l’heure est devenu le maintenant et l’invisible est devenu le visible (avec Skype). Le temps virtuel ne connaît que l’immédiateté. Elsa Godart appelle ce phénomène le « hic et nunc ». Cette immédiateté, certes attractive, peut néanmoins sérieusement mettre à rude épreuve notre capacité à supporter la frustration et à s’ouvrir aux autres.

Entre les notes de Bach, Jean-Pierre Grivois

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 27 Septembre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Héloïse D'Ormesson

Entre les notes de Bach, juin 2016, 348 pages, 22 € . Ecrivain(s): Jean-Pierre Grivois Edition: Héloïse D'Ormesson

 

Comment s’insinuer dans l’intimité d’un grand musicien ? En recréant son parcours, à partir de données biographiques et musicologiques, et en se mettant à la place de l’intéressé pour nous délivrer le récit, celui de sa vie. C’est ce que parvient à faire de façon fort plaisante Jean-Pierre Grivois dans son ouvrage Entre les notes de Bach. Le lecteur parvient très vite à déceler les grands traits de l’éducation de Jean-Sébastien, ses grandes orientations morales, et donc religieuses, car à l’époque, l’une ne peut difficilement être évoquée sans l’autre. Ainsi, de sa foi luthérienne : « Nous connaissions par cœur les textes des chorals de Luther et de ses disciples. Les mélodies sur lesquelles nous les chantions, répétées si souvent, m’envoûtaient ». Très vite, au cours de son parcours de musicien, le devoir de la défense et illustration de la foi va s’imposer comme une priorité permanente : « Certes, l’étude de Luther et la théologie m’intéressaient, mais surtout de leur relation à la musique, des correspondances entre la Bible, les écrits et la pensée religieuse de Luther ; les mélodies des chorals ».

Cette conviction lui permet, entre autres, d’être nommé maître de chapelle à Köthen en 1717, car le Prince énonce que la sauvegarde de la liberté de conscience lui est chère, ainsi qu’à tous ses sujets, ce qui séduit Bach…