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Roman

Pourquoi j’ai construit une maison carrée, Jean Guilaine

Ecrit par Cathy Garcia , le Samedi, 16 Novembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Babel (Actes Sud)

Pourquoi j’ai construit une maison carrée, juin 2013, 333 pages, 8,70 € . Ecrivain(s): Jean Guilaine Edition: Babel (Actes Sud)

 

On prend plaisir à lire cette histoire qui prend place au Proche-Orient, il y a 10.000 ans, on peut la considérer comme un divertissement agréable, mais c’est aussi une intéressante source de réflexion. Elle pose surtout un questionnement qui reste d’actualité : le progrès est-il toujours un progrès ?

Nous plongeant dans cette période néolithique qui fut un grand tournant de l’histoire humaine, elle met en scène en version accélérée et avec humour les diverses étapes de la transition entre le mode de vie multimillénaire du chasseur-cueilleur nomade et celui de l’agriculteur-éleveur, la naissance des premiers villages, l’abandon de la tente, puis de la maison ronde pour les bâtisses carrées à une, puis plusieurs pièces, la découverte de nouvelles techniques comme le tissage, la terre cuite. A chaque pas en avant, outre un confort bien réel, correspond aussi l’apparition de problèmes inconnus jusque-là : avec l’entreposage de céréales, l’invasion de rongeurs et en contrepartie la domestication du chat ; avec la concentration de bêtes, des maladies ; avec la découverte du tissage, le souci de l’apparence ; avec le sédentarisme, la propriété et la convoitise, donc le besoin de se protéger ; avec les premiers villages fortifiés, la guerre, et avec la vie en société de plus en plus organisée, le goût du pouvoir, du luxe et de la luxure…

La belle, Mathieu Terence

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 15 Novembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

La belle, février 2013, 105 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Mathieu Terence Edition: Grasset

 

Mathieu Terence s’attache, dans le beau récit La belle (qui entretient de secrètes et plus apparentes liaisons avec son Petit éloge de la joie), à rendre compte de la façon dont il a cherché à « élucider la vie par les mots ».

Sans jamais distraire la vie, dans sa beauté, de son cours. De son élan. Musical élan.

En somme, écrire non pour seulement épouser les frémissements de la vie, mais pour, en en épousant les détails (jusque dans l’impalpable), et les inflexions sonores (jusque dans l’inaudible), parvenir à les vivre, à les vivre tels qu’ils sont, dans leur force, leur évidence. Leur mystère, aussi.

« La vie prodigue à chaque instant le miracle qui la prodigue ».

D’où les voyages, incessants, sur le dos desquels l’homme et la femme doivent se hisser – c’est la « leçon » de Terence –, pour pouvoir voir sans ciller l’horizon qu’ils portent en eux. Et dont ils ne prennent jamais soin avec suffisamment d’ardeur et de douceur mêlées.

La vie secrète d'Emily Dickinson, Jerome Charyn

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 14 Novembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Rivages

La vie secrète D’Emily Dickinson. Traduit de l’anglais (USA) par Marc Chénetier septembre 2013. 427 p. 24,50 € . Ecrivain(s): Jerome Charyn Edition: Rivages

 

Il faut en avertir le futur lecteur : quelle que fût la vie réelle d’Emily Dickinson, vous ne pourrez plus jamais penser à elle, ou rencontrer l’un de ses textes, sans donner au personnage une autre « réalité » que celle que bâtit Jerome Charyn dans ce livre brillant, attachant, délicieux !

Car c’est bien une partie importante de la vie de la grande poétesse américaine qui constitue le sujet de ce livre. Biographie alors ? Définitivement non, même si Charyn s’est armé jusqu’aux dents des outils nécessaires à rendre sa fiction parfaitement vraisemblable. Il s’agit bel et bien d’un roman dont l’héroïne est Emily Dickinson – la Emily Dickinson de Jerome Charyn, éperdument amoureux du personnage qui fut le premier poète qu’il ait jamais lu.

« Elle était le premier poète que j’eusse jamais lu, et je fus d’emblée accroché, hypnotisé, parce que son écriture enfreignait toutes les règles. Les mots provoquaient leur propre réaction en chaîne, leur propre feu. Elle était capable d’abasourdir, de charmer et de tuer « avec des dagues de mélodie ». Je ne me suis jamais vraiment remis de l’avoir lue. »

Le Turquetto, Metin Arditi

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 14 Novembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Babel (Actes Sud)

Le Turquetto, juin 2013, 285 pages, 8 € . Ecrivain(s): Metin Arditi Edition: Babel (Actes Sud)

 

Splendeur et misère d’un peintre


En 2001, à l’occasion de l’exposition Venise ou la couleur retrouvée organisée par la ville de Genève, le Louvre lui a prêté la toile L’homme au gant du maître vénitien, Le Titien. Ce prêt a permis à un historien de l’art d’expertiser la signature du peintre et de conclure qu’il s’agit là vraisemblablement d’une œuvre d’un de ses disciples : « Du fait de la chronologie (le T a selon toute logique été peint en premier, dans l’atelier de l’auteur), on peut émettre l’hypothèse que le tableau n’est pas de la main du Titien ».

Reprenant donc cette analyse, Metin Arditi brode, imagine et laisse son esprit ainsi que sa main vagabonder sur du papier blanc. Il en résulte une histoire, une intrigue qui enchante les yeux, l’esprit et l’imagination du lecteur. L’auteur partant de l’hypothèse d’un peintre mystérieux qui se cache derrière la toile Renaissante, donne trait à un personnage hors du commun et façonne son histoire qui ne peut qu’être extraordinaire : Elie Soriano.

Un parfum d’herbe coupée, Nicolas Delesalle

Ecrit par Laurent Bettoni , le Jeudi, 14 Novembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Un parfum d’herbe coupée, StoryLab, avril 2013, 3,99 € . Ecrivain(s): Nicolas Delesalle

 

À travers huit moments précis de son existence a priori anodins qui rythment le récit en autant de chapitres, Kolia, un homme presque quarantenaire, dresse un premier bilan de sa vie et saisit l’alchimie du bonheur. En réalité, ces petits riens, ces petits souvenirs de jeunesse constituent les étapes qui marquent le passage de l’enfance à l’âge adulte. Nicolas Delesalle nous montre là des instantanés empreints de nostalgie, de tendresse, d’humour, bref de tout ce qui fait le sel d’une vie.

 

« Le jour où mon père a débarqué avec son sourire conquérant et la Renault GTS, j’ai fait la gueule. Mais j’ai ravalé ma grimace comme on cache à ses parents l’odeur de sa première clope. J’ai dit “ouais”, j’ai dit “super”, la mort dans l’âme, même si j’avais compris que la GTS pour la GTX, c’était déjà le cinquième grand renoncement, après la petite souris, les cloches de Pâques, le Père Noël, Mathilde, la plus jolie fille de la maternelle, et ma carrière de footballeur professionnel ».