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Roman

Mãn, Kim Thúy

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 09 Juillet 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Asie, Editions Liana Levi

Mãn, mai 2013, 143 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Kim Thúy Edition: Editions Liana Levi

 

Une saveur aigre-douce

 

Dans son précédent roman Ru, Kim Thuy nous a séduit par la douceur et la mélodie de ses mots. Dans ce présent récit, Mãn, elle confirme indéniablement son talent d’écrivain.

Mais quel est donc le fil conducteur de l’intrigue de Mãn ? Il s’agit d’un récit de vie écrit par un personnage féminin racontant son parcours de femme asiatique en recherche sur deux continents. Mãn est son prénom. Au Viêt Nam, le prénom n’est jamais choisi au hasard car il détermine la destinée de celui ou de celle qui le porte. Des rites de passage permettent à l’individu de se défaire de son surnom souvent disgracieux hérité de l’enfance (« le morveux », « petit chien », « le laideron »…) et qui avait pour fonction d’éloigner les mauvais esprits, jeteurs de sort, pour se vêtir complètement de son prénom. L’auteur l’explique et donne, par la même occasion, la signification de Mãn, son prénom :

Indigne, Alexander Maksik

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 08 Juillet 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Payot Rivages

Indigne (You deserve nothing), traduit de l’anglais par Nathacha Appanah, janvier 2013, 284 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Alexander Maksik Edition: Payot Rivages

 

 

La photo de couverture est, disons, fortement allusive, et la « quat’ de couv’ » explique qu’on va lire l’histoire d’un prof qui « succombe au charme de l’une de ses élèves mineures »…

On se dit, bon, un mixte un peu épicé et rajeuni du Cercle des poètes disparus, et du Noce blanche cher aux admirateurs de Bruno Cremer et de la môme Paradis ?

Faux. C’est autre chose ; c’est un livre qui se mérite, dans lequel on voyage lentement et quelquefois, par vent debout, pas facile malgré ce qu’on croirait un peu vite, nous faisant passer par plein d’impressions de lecteur-passionné, ou agacé, pour – une fois fermée la dernière page – se dire : c’est un bon livre. Comme ces vins, dont on pense, une fois passée la première gorgée, mais seulement là, que derrière, il y a du goût, et qu’il est même intéressant.

Djebel, Gilles Vincent

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 08 Juillet 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Jigal

Djebel, 256 pages, 8,80 € . Ecrivain(s): Gilles Vincent Edition: Jigal

 

Djebel a pour point de départ la mechta d’Ouadhia en Kabylie. En mars 1960, un détachement de la compagnie du 7e régiment de chasseurs, commandé par le capitaine Murat, campe sous la tente. Le jeune Antoine Berthier, opérateur radio, monte la garde en murmurant des vers de Victor Hugo. Berthier a de la chance. Dans trois jours, c’est la quille, le retour en France, sain et sauf, là où tant d’autres ont laissé leur peau. Quitter l’Algérie dont il ne connaît que « la caillasse et le sang séché » devrait le remplir de joie. Et pourtant, la perspective des retrouvailles l’effraye et le couvre de honte… « Tout le monde s’en est fait un, ici »… tout le monde, sauf lui.

Pas question pour trois gradés de la compagnie de le laisser rentrer « bredouille ». Ce qui se passe ensuite relève de l’impensable, de l’ignoble, de l’inhumain. Trop, beaucoup trop, pour un jeune homme qui choisit sur le bateau qui le ramène vers sa mère et sa sœur jumelle, vers Marseille et ses collines natales de Trets, de se donner la mort plutôt que d’affronter pour le restant de son existence le remords. Pour l’armée, pas question de dire la vérité à la famille. Pendant quarante et une années, Antoine sera mort au combat.

Le faucon errant, Jamil Ahmad

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 08 Juillet 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Asie, Actes Sud

Le Faucon errant, traduit de l’anglais (Pakistan) par Sophie Bastide-Foltz, mai 2013, 173 pages, 19,80 € . Ecrivain(s): Jamil Ahmad Edition: Actes Sud

 

Un livre âpre et austère, à l’image de la région à laquelle il s’attache, où le seul lien à suivre pour ne pas s’y perdre est un homme, Tor Baz, le Faucon Errant. Il sera notre guide à travers ces pages écrites d’une plume sèche, sans fioriture, qui se tient au plus près des évènements et les décrit sans entrer dans des considérations psychologiques. Tor Baz est né au cœur de ces zones tribales, semi-autonomes à l’époque – nous sommes dans les années 1950 – au carrefour montagneux du Pakistan, de l’Afghanistan et de l’Iran.

À l’âge de 5 ans, Tor Baz qui ne s’appelle pas encore ainsi, se retrouve abandonné en plein désert auprès d’un chameau mort. Ses parents qui s’aimaient d’un amour illégitime, ayant fui leurs tribus respectives avant même qu’il ne soit conçu, sont rattrapés et assassinés selon la dure loi tribale. Tor Baz sera alors recueilli par un vieux chef nomade, puis par un mollah mécréant, vagabond et rusé qui finira dément, et enfin par une famille Bhittani.

Coup de sang, Enrique Serna

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 05 Juillet 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Amérique Latine, Métailié

Coup de sang (La sangre erguida), traduit de l’espagnol (Mexique) par François Gaudry, avril 2013, 335 pages, 20 € . Ecrivain(s): Enrique Serna Edition: Métailié

 

Bulmaro Diaz, alias Amador Bravo, a pour habitude de dialoguer avec son sexe. Le roman débute sur une période de relations tendues entre eux deux. Bulmaro en effet accuse son alter ego d’avoir fait preuve d’une concupiscence scandaleusement égocentrique lorsqu’il l’a obligé à quitter sa famille et à abandonner l’affaire prospère de mécanique générale qu’il possédait à Vera Cruz pour suivre à Barcelone Romalia, une chanteuse peu talentueuse mais fort voluptueuse :

« Ce que je ne te pardonne pas, c’est de m’avoir fait céder quand Romalia m’a annoncé à grand renfort de trompettes qu’on venait de lui proposer de chanter comme soliste dans un club de salsa à Barcelone ».

Juan Luis Kerlow a lâché ses études de biomédecine au grand dam de sa famille d’intellectuels pour faire une brillante carrière d’acteur du porno à Los Angeles. Il entre en scène en ce roman au moment où les producteurs, à la recherche de nouveaux talents, commencent à le laisser sur la touche. Par défaut, il accepte un contrat médiocre de cinq films sur un an à Barcelone.