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Roman

Driven, James Sallis

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Décembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, USA, Rivages/noir

Driven. Rivages/noir. Trad. (USA) Hubert Tézenas. Septembre 2013. 175 p. 7,15 € . Ecrivain(s): James Sallis Edition: Rivages/noir

 

Le Pilote* n’est pas mort. Bonne nouvelle pour les lecteurs de Drive (et aussi pour les spectateurs du très beau film de Nicolas Winding-Refn). Il a refait sa vie à Phoenix, s’est marié, voudrait tant rentrer dans l’ombre, se faire oublier. Mais que serait la tragédie sans le destin inexorable ? Un piètre drame.

James Sallis nous ramène d’entrée à la fatalité. Elsa, l’épouse du pilote, est tuée à la première page. Et ses tueurs traquent le pilote tout au long de ce bref opus. Bref, mais comme toujours avec Sallis, infini. James Sallis ne connaît pas la finitude : il raconte des histoires intemporelles dans un style qui est l’épure même du genre. Il renoue avec la scène grecque antique en condensant dans ses récits les syntagmes de la condition humaine dans son versant le plus noir.

Aucun élément narratif n’est limité à son temps, toujours rattaché à l’éternité. Comme les tags par exemple !

«  … nous nous démenons tous pour laisser des traces derrière nous, des signes de notre présence ici, de notre passage. Et que les marques comme celle-là, ou les graffitis qui foisonnaient sur les murs, les immeubles et les ponts autoroutiers étaient des équivalents urbains des peintures rupestres. »

Œuvres Romanesques complètes. Volume II, Jane Austen en la Pléiade

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mercredi, 04 Décembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, La Pléiade Gallimard

Œuvres Romanesques complètes. Volume II, publiée sous la direction Pierre Goubert avec la collaboration Guy Laprevotte et Jean-Paul Pichardie annotation, présentation, trad. de l’Anglais, octobre 2013, lancement 49 € jusqu’au 31 janvier 2014, puis 56 € . Ecrivain(s): Jane Austen Edition: La Pléiade Gallimard

 

Jane Austen consacrée par la Pléiade


Treize ans après la publication du Tome I des œuvres romanesques complètes de Jane Austen, dans laquelle le lecteur a pu savourer la très grande qualité de traduction de Orgueil et Préjugés, la collection de la Pléiade récidive en nous offrant le deuxième tome avant les festivités de fin d’année.

Dans ce tome II, sont mis à l’honneur trois récits de la romancière. Il s’agit du très célèbre Mansfield Park, puis vient ensuite Emma, et enfin Persuasion, dernier roman de Jane Austen, publié en 1818 peu après sa mort.

Il pleuvait des oiseaux, Jocelyne Saucier

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 04 Décembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Denoël

Il pleuvait des oiseaux, août 2013, 205 pages, 16 € . Ecrivain(s): Jocelyne Saucier Edition: Denoël

 

Avec un titre pareil, on s’attend en commençant la lecture à se faire emporter par un certain lyrisme, il n’en est rien. L’écriture ici est plutôt dépouillée, rêche, comme en retrait, à l’image de ces vieillards retirés du monde dans des cabanes au fond de la forêt. Ceci jusqu’à l’arrivée de Marie-Desneige, qui infusera dans l’histoire une poésie aussi pure et fragile qu’elle.

Au départ ils étaient trois, Ted, Tom et Charlie, plus leurs chiens, tous trois ont en commun d’avoir survécu il y a longtemps au Grand Feu de Matheson en 1916, un de ces violents incendies qui ont ravagé la région québécoise du Témiscamingue au début du XXe siècle. Tom avait ensuite brûlé sa vie dans l’alcool et Charlie, ancien employé des Postes et trappeur à ses heures, avait déjà été donné pour mort suite à une insuffisance rénale. Parti mourir dans la forêt, celle-ci lui avait offert une seconde vie. Ted, lui, son histoire est la plus mystérieuse. Après avoir perdu toute sa famille dans le Grand Feu, on a dit qu’il était devenu aveugle, puis fou… « Une blessure ouverte, disait-on le plus souvent ».

La fille de la pluie, Pierric Guittaut

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 03 Décembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Série Noire (Gallimard)

La fille de la pluie, octobre 2013, 271 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Pierric Guittaut Edition: Série Noire (Gallimard)

 

Série Noire Gallimard ; la crème des Polars, donc. Qui dit roman policier, entend meurtre, ou, mieux, assassinat – du rouge, encore du rouge ; une enquête rondement menée, par un type (pas trop, une femme) à la pipe entre les dents. A la fin, après moult méandres, on chope l’assassin, qui, souvent, n’est pas celui auquel vous pensiez. On peut en profiter – c’est mieux – pour distiller deux ou trois tranches de vraie vie dans les faubourgs de L.A., ou chez les bouchers de Montrouge ; ça s’appelle faire du sociétal.

Un policier, c’est ça, mais pas celui-là.

Là, c’est construit à l’envers : le mort n’arrive qu’à la fin ; l’enquête est pour le tome II à venir, mais, il n’y a pas une page, sans que vous n’attendiez le meurtre, le suicide, l’assassinat spectaculaire, si ce n’est multiple. Vous avancez, pris à la gorge : « sûr, ce sera… », et ce n’est toujours pas !

Réussi, au cordeau, cet opus oscillant entre suspense, sociologie rurale, éclairage psychologique de tréfonds pas bien nets. Au bout, un magistral roman noir, qui marche sur d’autres chemins que ceux de tout le monde.

African Tabloïd, Janis Otsiemi

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 03 Décembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Afrique, Jigal

African Tabloïd, septembre 2013, 208 pages, 16,80 € . Ecrivain(s): Janis Otsiemi Edition: Jigal

 

Le titre du roman est à la hauteur de l’humour de son auteur. Si Janis Otseimi a sans nul doute une profonde admiration pour l’œuvre de James Ellroy, African Tabloïd n’est certes pas l’équivalent d’American Tabloïd, si ce n’est par l’effet d’une profonde dérision, voire de l’autodérision.

Nous sommes à Libreville, capitale du Gabon, ville opulente en façade, avec ses immeubles de verre et de marbre, mais qui abrite à sa périphérie « des agglomérations hétéroclites, des bidonvilles marécageux, infestés de rats et de moustiques ». Dans cette ville cosmopolite, dans un pays où se côtoient, sans pour autant s’entendre, au sens propre comme au figuré, près de 50 ethnies aux dialectes différents, policiers et gendarmes vont enquêter sur une série de délits et de crimes qui permettent à Janis Otsiemi d’illustrer avec une verve réjouissante quelques uns des maux qui rongent l’ancienne colonie française d’Afrique subsaharienne.

Au menu : corruption des forces de l’ordre, exécution d’un journaliste d’investigation dans un pays où la presse est à la solde du gouvernement, pédophilie et trafic de médicaments, inefficacité de l’administration dépourvue de méthodes et de moyens matériels et financiers, intrusion du pouvoir en place dans les enquêtes et collusions liées au népotisme…