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Roman

La Bièvre, Joris-Karl Huysmans (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 08 Novembre 2023. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

La Bièvre, Joris-Karl Huysmans, éditions le Réalgar, janvier 2023, 30 pages, 5 € . Ecrivain(s): Joris-Karl Huysmans

 

« (…) seule, piétinant dans sa boue, hébétée de fatigue ».

 

En une trentaine de pages, Huysmans, avec La Bièvre, invite le lecteur à une promenade à la fois précise et songeuse. Géniale intuition, la défunte rivière parisienne, déjà canalisée et en partie recouverte en 1890, est personnifiée dès les premières lignes. La figure de la « fillette à peine pubère », « née près des saules », fuyant sa campagne, « spoliée de ses vêtements d’herbes », « cernée par d’âpres négociants qui l’emprisonnent à tour de rôle », permet ainsi à l’auteur d’esquisser, par le biais d’une analogie entre exploitation industrielle et servitude féminine, une poétique de la perte de l’innocence, de la corruption, du déclassement.

La Contrée obscure, David Vann (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 07 Novembre 2023. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Gallmeister

La Contrée obscure, David Vann, éd. Gallmeister, août 2023, trad. américain, Laura Derajinski, 506 pages, 26 € . Ecrivain(s): David Vann Edition: Gallmeister

 

Hernando de Soto, né en 1496 ou 1497 en Estrémadure, à Barcarrota ou à Jerez de los Caballeros, en Espagne, et mort le 21 mai 1542 dans l’actuel Arkansas, est un conquistador et explorateur espagnol. Arrivé dans la baie de Tampa en 1539, il erre pendant trois ans entre la Floride et le Mississippi. Il meurt près du fleuve américain, sans avoir découvert les immenses richesses dont il rêvait.

Ce formidable roman de David Vann, exubérant produit du jaillissement bouillonnant d’une imagination intarissable, est le récit, donc fictionnel bien que fondé sur des détails historiquement réels dont la précision témoigne de recherches approfondies de la part de l’auteur, de la lamentable odyssée de de Soto dans les immensités, la plupart du temps marécageuses, de ces terres alors inconnues des Européens, que l’explorateur appelle la « Florida » et sur lesquelles il proclame sa souveraineté, en arguant d’une capitulación royale, dès qu’il en aborde le littoral.

Atala suivi de René, Chateaubriand (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 06 Novembre 2023. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Atala suivi de René, Chateaubriand, Folio classique, mai 2023 (édition nouvelle, Sébastien Baudoin ; préface, Aurélien Bellanger), 432 pages, 5,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

C’est un tableau de dimensions honorables (deux mètres sur plus de deux mètres et demi), représentant trois personnages à taille presque réelle : Atala au tombeau, montré au Salon de 1808 et peint par Girodet, un des précurseurs du romantisme pictural français. La scène se déroule dans une grotte, et le peintre a placé le spectateur au fond de cette grotte, la lumière provenant de l’ouverture. De gauche à droite, les trois protagonistes principaux du drame qu’est Atala : Chactas, un sauvage à l’oreille ornée d’une large boucle, vêtu d’un seul pagne, assis, courbé sur les jambes d’Atala, qu’il enserre aux genoux, affligé ; ensuite Atala, couverte d’un linceul des pieds aux seins, le corps détendu, paisible dans le sommeil de la mort, le visage tel celui d’une Madone du quinzième siècle, tenant en ses mains croisées sur son ventre un simple crucifix en bois ; enfin le Père Aubry, vêtu et coiffé de sa robe de bure, qui soutient le corps d’Atala, lui-même légèrement courbé, le visage grave et affligé. Au premier plan, une pelle et ce qui ressemble à un instrument sacerdotal en fer. Par l’ouverture de la grotte, on voit une croix plantée dans la nature, de laquelle semble provenir la chiche lumière illuminant la scène.

La Danseuse, Patrick Modiano (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 20 Octobre 2023. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

La Danseuse, Patrick Modiano, Gallimard, Coll. Blanche, octobre 2023, 112 pages, 16 € . Ecrivain(s): Patrick Modiano Edition: Gallimard

 

Le dernier Modiano : La quintessence

La Danseuse de Patrick Modiano qui sort ces jours-ci chez Gallimard est un roman bref – moins de 90 pages de textes, et pourtant une petite merveille de narration (double – en il, en je), qui relaie sans peine les thématiques mémorielles de son auteur.

Faudrait-il être léger pour relater et commenter ce roman, fruit d’une fluidité qui joue des époques (les années 70, 2022/2023), brasse les milieux et les personnages ? Les lieux aussi : de la Porte de Champerret au studio Wacker, en passant par les toutes petites rues cachées, loin des grands boulevards. La danseuse, toute conquise à son art, laisse son fils Pierre aux bons soins d’Hovine et du narrateur, qui le conduit à l’école. Elle a dû changer de domicile pour échapper à des harceleurs du passé (Barise). Elle passe parfois du temps chez Pola pour se ressourcer et s’adonne à des lectures mystiques.

Dernier rendez-vous avec la Lady, Mateo Garcia Elizondo (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 19 Octobre 2023. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Editions Maurice Nadeau

Dernier rendez-vous avec la Lady, Mateo Garcia Elizondo, Editions Maurice Nadeau, Les Lettres Nouvelles, août 2023, trad. espagnol (Mexique), Julia Chardavoine, 192 pages, 21 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Voilà un roman puissant, pesant, attrapeur, un de ceux qui laissent chez le lecteur la prégnante impression, faite à la fois de malaise et de jouissance, d’avoir été, pendant la lecture et bien après fermeture du livre, littéralement, littérairement, magistralement « baladé ». Gageons que ce premier texte d’un auteur mexicain prendra place parmi les œuvres remarquables de la littérature mondiale.

Le personnage, narrateur à la première personne, met en scène ce qui semble être la fin sordide de sa vie de vagabond drogué. Le schéma narratif apparent transporte et « agit » le « héros » dans un village apocalyptique perdu nulle part, la seule potentialité de son éventuelle réalité géographique étant qu’il pourrait se trouver évasivement vers le Mexique, en bordure d’une hypothétique jungle qui tend à l’avaler : ZAPOTAL.

Le lecteur curieux interroge internet :