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Roman

Veiller sur elle, Jean-Baptiste Andrea (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 05 Mars 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, L'Iconoclaste

Veiller sur elle, Jean-Baptiste Andrea, L’Iconoclaste, août 2023, roman, 581 pages, 22,50 € Edition: L'Iconoclaste

 

Ce n’est pas une histoire, c’est une transposition… Voir à côté, en dessous, au-dessus de la ligne de vue… Ce n’est pas pour rien que Mimo – de son vrai prénom Michelangelo – est petit, et que son nanisme l’oblige à lever les yeux pour voir le rendu des choses, du ciel, des hommes. Mimo est, depuis toujours, un sculpteur de génie et/mais un rustre, rustique, mal dégrossi comme les sculptures à leur origine, avant de rencontrer Viola.

Elle, qui depuis ses trois ans sait lire, et qui depuis, n’oublie rien de ce qu’elle a lu. C’est une enfant, une adolescente un peu sauvage, un peu cachée par sa famille de noble souche.

Viola, comme l’origine de son prénom, à la fois papillon, plante, instrument de musique.

Sur la rive du Gange, Josef Winkler (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Lundi, 04 Mars 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Verdier

Sur la rive du Gange, Josef Winkler, Éditions Verdier, Coll. Der Doppelgänger, 2004, trad. allemand (Autriche) Éric Dortu, 249 pages, 18 € Edition: Verdier

 

« Vanité, substantif féminin : 1. Caractère de ce qui est vain, futile, illusoire. 2. Caractère de ce qui est inutile, sans efficacité. 3. Représentation picturale rappelant la précarité de la vie ».

Il est hasardeux pour un écrivain de se mesurer à l’Inde (à l’énormité indienne) tant sont constants les risques de tomber, par facilité ou inadvertance, dans les clichés commodes, substituant à l’Inde réelle celle qui conviendra aux préventions et à la paresse du lecteur et flattera son goût pour l’exotisme, la spiritualité à bon marché, le misérabilisme selon les cas. Marie Saglio s’y est essayée en 2023 avec Bombay (éditions Serge Safran), pour un résultat douteux car trop prévisible.

Sur la rive du Gange de Josef Winkler, né en 1953, n’est pas à proprement parler un livre sur l’Inde mais sur la mort ou mieux : sur la ville des morts, Bénarès, qu’on appelle aussi Kashi et Varanasi.

Le Docteur Ineòtis, Giorgos Cheimonas (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 01 Mars 2024. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Editions Maurice Nadeau

Le Docteur Ineòtis, Giorgos Cheimonas, Editions Maurice Nadeau, 1998, 64 pages, 12 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Roman bref qui extravague ? Long délire poétique ? Provocation littéraire ? Néo-surréalisme ? Ecriture automatique ? Langue expérimentale ? Transcription de logorrhée pathologique ?

Le Docteur Ineòtis, paru en 1971 est un texte de genre indéfinissable, une sorte de torrent narratif aux flots tumultueux et apparemment erratiques de quoi émergent ici et là trois personnages : le docteur lui-même, son compagnon rémouleur, un gitan sans nom, et Tenaghné, une femme étrangement belle et un tantinet lubrique.

« Tenaghné est très belle. Sensuelle et sentimentale avec une bonté pour tous les hommes qu’on pourrait appeler bonté sensuelle ».

Hermione, Hilda Doolittle (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 29 Février 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Hermione, Hilda Doolittle, éd. des femmes-Antoinette Fouque, janvier 2024, trad. anglais (États-Unis) Claire Malroux, 288 pages, 9 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

La double

II

Dans ce texte daté de 1927, H.D. est tout juste sortie de l’université. Ici, elle se dédouble en Her Gart, en Hermione – un être mythologique, fille de Ménélas et d’Hélène, également reine de Sicile, héroïne persécutée par son époux dans Le Conte d’hiver. Notons l’admirable traduction de Claire Malroux (nommée au grade de Chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur).

Hilda Doolittle questionne la nébuleuse partie d’elle-même, elle, l’anticonformiste, la double. Elle donne ici une nouvelle interprétation de l’espace confiné de la famille, un « sanctuaire », un territoire social dense, habité dans la durabilité mais dont les différences entre les membres rendent opaques les relations de proximité. H. Doolittle tente de s’en affranchir pour se libérer de sa sujétion. Son double, Hermione, refait le tour de la demeure des Gart, la décrivant au moyen d’infimes détails :

Les Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 27 Février 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Les Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas, Folio, édition de Gilbert Sigaux, I. D’Artagnan, mars 2023, 560 pages, 7,50 € ; II. Milady, novembre 2023, 560 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Alexandre Dumas Edition: Folio (Gallimard)

L’adaptation cinématographique récente des Trois Mousquetaires par Martin Bourboulon est une catastrophe, tant au point de vue du casting (Eva Green, brune, en Milady, dont la blondeur est vantée à longueur de roman ; des mousquetaires cinquantenaires, un D’Artagnan trentenaire) que du jeu des acteurs (Lyna Khoudri en Constance Bonacieux est fade au possible, et Louis Garrel joue un Louis XIII plus névrosé que nature), et ne parlons pas des scènes de combat hyperboliques (on croit visionner des scènes inédites du Pacte des loups), ou des arrangements pris avec l’histoire narrée par Dumas, entre autres par l’ajout de détails parfois sidérants (D’Artagnan enterré vivant dès les premières scènes – il y a confusion avec l’œuvre de Poe ou Radcliffe). Le seul intérêt qu’elle présente est la réédition en deux tomes des Trois Mousquetaires et donc l’opportunité offerte par l’actualité éditoriale de se replonger dans les aventures de D’Artagnan, Athos, Porthos, et Aramis – mais notons quand même un bémol, d’importance : cette réédition en deux tomes coûte quinze euros contre huit euros pour le même roman en un seul tome chez le même éditeur ; un soupçon d’arnaque à destination d’un public craignant un seul volume fort de onze cents pages ? D’autant que la belle préface de Roger Nimier a désormais disparu.