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Entretien avec Chris Womersley, à propos du livre "Les affligés"

Ecrit par Yann Suty , le Jeudi, 21 Juin 2012. , dans La Une CED, Entretiens, Les Dossiers

Propos recueillis par Yann Suty

 

Votre livre va dans plusieurs directions. Il est difficile à rattacher à un genre en particulier. Drame de l’après-guerre ? Histoire de vengeance ? Fantastique ? Roman gothique ? Western ? En tout cas, c’est un livre riche en interprétations. Est-ce que c’était une volonté de votre part de faire un livre insaisissable, qui nous embarque sur de multiples pistes ? Qui s’amuse même à nous tromper ?

 

Je suis ravi que vous le décriviez comme un livre riche et je pense que c’est entre autres ce qui fait son intérêt : il peut plaire à des personnes aux goûts littéraires variés. J’ai été inspiré par de très nombreuses sources, du roman d’Emily Bronte, Les Hauts de Hurlevent à L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Même si ce n’était pas mon intention première d’explorer autant de genres, je voulais tout de même écrire un livre qui puisse être perçu de multiples façons, tant en ce qui concerne les thèmes que les personnages. J’aime l’ambiguïté fictionnelle, donner aux lecteurs plus de questions que de réponses.

Les affligés, Chris Womersley

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 13 Juin 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Albin Michel, Recensions, Océanie, Roman

Les affligés (The Wilding), trad. de l’anglais (Australie) par Valérie Malfoy, 328 p. 20 € . Ecrivain(s): Chris Womersley Edition: Albin Michel

Difficile de dire à quel genre appartient Les Affligés. L’auteur semble d’ailleurs se faire un malin plaisir à nous embarquer dans une direction pour mieux nous tromper par la suite. Drame de l’après première guerre mondiale ? Histoire de vengeance ? Roman gothique ? Western sauce australienne ? Un peu de tout cela à la fois.

Le roman s’ouvre par une tragédie. En 1909, la jeune Sarah Walker est violée, et assassinée. Son père et son oncle retrouvent son frère aîné, Quinn, seize ans, sur les lieux, un couteau à la main. Tout semble le désigner comme coupable. Quinn s’enfuit. Une chance pour lui, la région est ravagée par de fortes pluies qui effacent ses traces et il n’est pas retrouvé.

« On supposa que le fugitif de seize ans avait connu une fin conforme à l’idée que l’humanité se faisait de la justice immanente. Des hypothèses populaires à une certaine époque prétendirent qu’il avait été dévoré par les dingos rôdant dans les montagnes du voisinage ; qu’il était tombé dans un puits de mine, qu’il avait été transpercé par le javelot d’un Aborigène ».

En 1916, la mère de Quinn reçoit un télégramme lui faisant part de son décès dans le premier corps expéditionnaire australien envoyé en France.

Zeitoun, Dave Eggers

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 09 Mai 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, USA, Gallimard

Zeitoun, trad. USA par Clément Baude, Avril 2012, 410 p. 22,50 € . Ecrivain(s): Dave Eggers Edition: Gallimard

Ce livre n’est pas un roman, nous avertit l’auteur en préambule, mais un récit. Une histoire vraie, où « les dates, les horaires, les lieux, et les autres faits décrits ont été confirmés par des sources indépendantes et par l’historique des événements. Les conversations ont été retranscrites au plus près des souvenirs qu’en ont les personnes concernées. Certains noms ont été modifiés ».

Le livre raconte l’histoire d’Abdulrahman Zeitoun, dit Zeitoun, car personne n’arrive à prononcer le nom de ce Syrien émigré aux Etats-Unis. Il est marié à une américaine convertie à l’Islam, Kathy, avec laquelle il a trois enfants. Elle a un enfant d’un précédent mariage.

Zeitoun est entrepreneur. Il dirige une entreprise de peinture et de bâtiment. C’est un bricoleur hors pair. Il est « capable de voir un bâtiment en ruines et non seulement d’imaginer tout ce que l’on pouvait en faire, mais de savoir avec précision ce qu’il en coûterait et le temps qu’il faudrait ».

Il habite à La Nouvelle-Orléans.

Le récit se concentre sur le passage de l’ouragan Katrina à l’été 2005 et sur ses conséquences.

Clandestin, Philip Caputo

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 25 Avril 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, USA, Le Cherche-Midi

Clandestin (Crossers), traduit USA par Fabrice Pointeau, 736 p. 22 € . Ecrivain(s): Philip Caputo Edition: Le Cherche-Midi

 

Une épopée américaine. Avec Clandestin, Philip Caputo se plonge dans un siècle d’histoire américaine, de l’avant-veille de la première guerre mondiale au lendemain des attentats du 11 septembre. Attentats au cours desquels est décédée la femme du personnage principal du livre, Gil Castle. Elle a été « atomisée ». Son corps n’a jamais été retrouvé.

Castle ne parvient pas à se remettre de cette disparition. Il entre dans une longue phase de dépression, est à deux doigts de se suicider, mais se ravise au dernier moment, le fusil en main, pour ne pas imposer cette nouvelle épreuve à ses filles.

Finalement, il plaque son boulot de grand ponte de Wall Street (mais garde quelques millions de dollars sur son compte, ce qui sera très pratique pour la suite du roman, mais qui s’avère également une facilité scénaristique certaine…) et part s’installer en Arizona, près de la frontière mexicaine, dans une cabane située sur les terres de ses cousins.

Une nouvelle vie débute, qu’il passe entre parties de chasse avec son chien et lecture de Sénèque. Petit à petit, il retrouve goût à la vie.

Twisted Tree, Kent Meyers

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 30 Mars 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, USA, Gallmeister

Twisted Tree Traduit de l’américain par Laura Derajinski. 02/2012 – 322 pages, 23,80 € . Ecrivain(s): Kent Meyers Edition: Gallmeister


Un tueur rôde sur l’autoroute I-90, près de la petite ville de Twisted Tree, dans le Dakota du Sud. Ses proies : les jeunes filles anorexiques. Ce livre est-il encore une histoire de tueur en série ? Encore un tueur en série américain comme il en pullule dans nombre de romans, de séries, de films ? Petite originalité ici, l’action prend place dans le Dakota du Sud, c’est-à-dire au milieu des grands espaces, des paysages magnifiques, à perte de vue, des terres non colonisés par l’homme, où la nature a encore tous ses droits.

Mais Twisted Tree ne va pas du tout là où on l’attend. Ce livre n’est pas une enquête, avec police, indice, suspect, pour remonter la trace du meurtrier. Les amateurs de polar en seront sans doute pour leur frais. Non, ce livre n’est pas un livre sur un tueur en série.

Le premier chapitre met en scène le tueur. Il cède ensuite la place, et la parole, à un autre personnage. Et cet autre cédera la parole à quelqu’un d’autre. Et ainsi de suite. Au total, douze personnages se succéderont. Chaque intervenant est un habitant de cette petite communauté de Twisted Tree, et va être confronté de près ou de loin, ou pas du tout, ou très indirectement, aux meurtres de l’autoroute.