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Science-fiction

Jean-Philippe Jaworski, Folio (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 16 Janvier 2024. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fantastique, Folio (Gallimard)

Edition: Folio (Gallimard)

 

Janua Vera, juillet 2023, 496 pages, 10,20 €

Gagner la guerre, novembre 2023, 992 pages, 13,50 €

Rois du monde, Même pas mort, septembre 2023, 464 pages, 9,20 €

Chasse royale, De meute à mort, septembre 2023, 480 pages, 9,20 €

Chasse royale, Les grands arrières, septembre 2023, 608 pages, 9,70 €

Chasse royale, Curée chaude, septembre 2023, 752 pages, 10,20 €

 

À la faveur d’un programme de réédition au format Poche des récits et romans publiés par Jean-Philippe Jaworski depuis Janua Vera en 2007, jusqu’à la quatrième branche (branche, comme pour le Mabinogi) de Chasse royale en 2020, on se penche à nouveau (on avait déjà évoqué ici le recueil de nouvelles Le Sentiment du fer) sur une œuvre qui certes est siglée fantasy mais est de haute volée littéraire.

Derniers jours d’un monde oublié, Chris Vuklisevic (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 22 Novembre 2023. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Derniers jours d’un monde oublié, Chris Vuklisevic, Folio SF, mai 2023, 368 pages, 9,20 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Chris Vuklisevic a été l’heureuse élue d’un concours organisé pour célébrer les vingt ans de la Collection Folio SF, et Derniers jours d’un monde oublié est son premier roman publié. Malheureusement, le ramage ne vaut pas le plumage et l’on ressort de ces quelque trois cents pages déçu pour dire le moins. La raison en est très simple, de cette déception : Vuklisevic ne parvient pas à trancher parmi ses idées et l’univers narratif qu’elle a créé pèche par une incohérence perturbante pour dire le moins, sans parler d’un goût prononcé pour la cruauté voire le sordide à tout le moins désolant. Expliquons.

Durant trois cents années, l’île-royaume de Sheltel a été isolée du reste du monde, suite à un événement non décrit appelé la « Grande Nuit », et elle est soudain redécouverte, involontairement, par un navire pirate dont l’équipage assoiffé, quasi déshydraté, débarque en ces lieux où l’eau est sévèrement rationnée – ceci explique le titre.

Celestopol 1922, Emmanuel Chastellière (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 14 Novembre 2023. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Celestopol 1922, Emmanuel Chastellière, Folio SF, mai 2023, 704 pages, 10,90 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Après trois romans disséminés chez divers éditeurs, Emmanuel Chastellière retourne à ses amours lunaires pour un second recueil de nouvelles dont l’action se situe à Celestopol. Dans un univers uchronique, voire cyberpunk (mais où le « sélénium » aurait remplacé la vapeur), Celestopol est une cité lunaire gouvernée par le duc Nikolaï, neveu de l’impératrice de Russie, au début du vingtième siècle. Le principe de l’uchronie permet à l’auteur une narration riche, foisonnant de détails liés à l’époque choisie, avec des personnages historiques apparaissant en chair et en os si l’on peut dire (dont Marie Curie), d’autres mentionnés en passant mais avec une pertinence infaillible (une statue de Nikolaï avait été « commandée quelques années plus tôt à Medardo Rosso, un sculpteur à la mode en Europe ») ou d’autres encore se voyant offrir une reconnaissance autre que dans notre univers : ainsi, une note en bas de page de l’auteur signale que Alexandre Chargueï, directeur d’un programme « destiné, selon certains bruits, à l’exploration des astres lointains au-delà de la ceinture d’astéroïdes », était un « mathématicien ukrainien prodige, le premier à théoriser la méthode du rendez-vous en orbite lunaire [;] dans notre réalité –, il est loin d’avoir connu la carrière qu’il méritait ».

Ubik, Philip K. Dick (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 03 Octobre 2023. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, J'ai lu (Flammarion)

Ubik, Philip K. Dick, éd. J’ai Lu, janvier 2023, trad. anglais, Hélène Collon, 320 pages, 7,40 € . Ecrivain(s): Philip K. Dick Edition: J'ai lu (Flammarion)

 

Publié en 1969, mais écrit en 1966, Ubik est considéré comme le chef-d’œuvre de Philip K. Dick, et est régulièrement cité parmi les meilleurs romans de science-fiction, voire, à en croire le magazine Time, parmi les meilleurs romans écrits en anglais au vingtième siècle. Et il est vrai que la première lecture de ce roman a été marquante, voire troublante. En effet, il s’ouvre sur une situation qu’on pourrait considérer comme conventionnelle dans le cadre de la science-fiction des années soixante : en 1992, la Lune a été conquise, la société est aux prises avec des personnes possédant des pouvoirs « psi » (télépathes, précogs – dont il faut contrer les agissements) et les morts sont maintenus dans une « semi-vie » qui permet à leurs proches de rester en contact avec eux. Dans ce contexte, Joe Chip travaille pour une « agence prudentielle » : sa fonction est de tester les « inertiels » (ceux qui peuvent neutraliser les « psis ») pour son patron, Glen Runciter ; Chip tient un rien du détective privé à la vie ratée des « hard-boiled novels » et son quotidien permet une critique sarcastique du capitalisme dans son ultime aboutissement, puisqu’il est confronté à la porte de son appartement refusant de s’ouvrir faute d’une pièce de monnaie, chaque élément électro-ménager fonctionnant (ou pas…) de même.

Chroniques Martiennes, Ray Bradbury (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 22 Août 2023. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Folio (Gallimard), En Vitrine, Cette semaine

Chroniques Martiennes, Ray Bradbury (1946), Folio-SF, trad. américain, Jacques Chambon, Henri Robillot, 318 pages . Ecrivain(s): Ray Bradbury Edition: Folio (Gallimard)

Commençons par un truisme : Les Chroniques Martiennes sont des chroniques au sens strict du terme. Des histoires scandées par le temps calendaire sur une longue période, celle de la colonisation de Mars par les Terriens. Ce n’est pas un roman, ce ne sont pas des nouvelles, mais un tissu de narrations que Bradbury, avec un sens époustouflant de l’épopée, a tramées en un grand récit, donnant à ces moments épars la cohérence d’un roman. Chaque chapitre comporte un titre, référence probable aux chroniqueurs médiévaux de France – Ray Bradbury était un homme d’immense culture, en particulier européenne.

Roman-culte de la Science-Fiction, cet ouvrage pourtant ne ressemble guère à la SF traditionnelle. Les moyens de la conquête de Mars, les technologies mises en œuvre, espaces et machines n’intéressent que peu Bradbury. Ce n’est pas l’épopée d’une conquête planétaire mais l’épopée d’hommes lancés dans des situations nouvelles qui servent de révélateurs de la nature humaine. Le courage moral et physique, la générosité, le sens du sacrifice de l’individu pour le groupe, sont parmi les qualités lumineuses que l’aventure martienne révèle et accentue. Le racisme, la haine, la jalousie en sont le pendant sombre.