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Essais

L’animal que donc je suis, Jacques Derrida (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 23 Juin 2025. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard), En Vitrine, Cette semaine

L’animal que donc je suis, Jacques Derrida. Folio essais, Mars 2025, 240 pages, 8,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Au regard du vivant et de la vie animale


Ouvrir le livre de Jacques Derrida « L’animal que donc je suis », ou plutôt l’ouvrir à nouveau puisque ce texte a paru il y a près de vingt ans déjà, c’est retrouver une langue pleine d’élégance ; une expression brillante, riche de raffinement et de finesse bien éloignée de la trivialité de l’époque qui est la nôtre. On suit bien volontiers Jacques Derrida dans les sinuosités de sa pensée, un philosophe qui jongle avec les concepts, qui lance des pistes, des « hypothèses », ouvre des « parenthèses », des « trajets » et qui nous entraine dans un itinéraire qu’on pourrait trouver, comme il le dit lui-même, « tortueux, labyrinthique voire aberrant ».

Les Justes face au génocide arménien, Hilda Kalfayan-Panossian (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 17 Juin 2025. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire

Les Justes face au génocide arménien, Hilda Kalfayan-Panossian, Editions Kirk Publishing 2024, 419 pages, 30 €

 

Cet ouvrage est un hommage à tous ceux qui ont secouru, aidé, sauvé de la mort des Arméniens que le gouvernement Jeune-Turc vouait à la mort en 1915. Elles et ils furent nombreux à vouer leur énergie dans le cadre de missions humanitaires, mettant parfois leur vie en danger. Ce furent, nous le verrons, des Européens, mais aussi des Américains et des Turcs.

Hilda Kazlakayan-Panossian consacre le premier chapitre de son livre à un bref historique de l’Arménie, qui resitue les conditions dans lesquelles le génocide de 1915 fut commis, rappelant les atrocités dont on peine à croire qu’elles aient pu être le fait d’êtres humains. Les témoignages de plusieurs des Justes décriront eux aussi les abominations subies par les hommes, mais aussi par les femmes (violées bien entendu, mais aussi brûlées vives) et par les enfants quand ils ne furent pas enlevés pour servir d’esclaves après avoir été « turquifiés », ou noyés deux par deux après avoir été ligotés, un 24 mai 1916 au bord de l’Euphrate ou encore brûlés vifs…

Il fait nuit chez les Berbères, Mohamed Nedali (par Abdelmajid Baroudi)

Ecrit par Abdelmajid Baroudi , le Dimanche, 15 Juin 2025. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Maghreb, Folio (Gallimard), Editions de l'Aube

Il fait nuit chez les Berbères, Mohamed Nedali. Ed. de l’Aube 2025. 280 p. 19 € Edition: Editions de l'Aube

 

Le rapport à la terre dans Il fait nuit chez les berbères se construit dans la langue, en l’occurrence la langue amazighe. Tizi ounddam (le col du poète) marque la transition. On n’est plus dans la relation d’une langue à une géographie qui nous renvoie à une altérité dans laquelle l’animal est le trait d’union qui relie l’espace à l’Homme. Ifri n’izem (la caverne du lion), Tizi n’tscourte (le col du perdrix), tous ces lieux marquent l’altérité que seule la langue amazighe détient l’histoire et les secrets. Il se trouve que Tizi ounddam représente la transition, le passage de la nature à la culture, en assignant à la géographie une connotation humaine. Il s’est avéré que l’espace exprime sa subjectivité et s’installe une fois pour toute dans la créativité.

L’académie française définit l’acculturation comme suit : « Adoption progressive par un groupe humain de la culture et des valeurs d’un autre groupe humain qui se trouve, relativement à lui, en position dominante. Par extension. Adaptation d’un individu à une culture étrangère. »

Le Message réisophique, Laurent Albarracin (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 11 Juin 2025. , dans Essais, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Arfuyen

Le Message réisophique, Laurent Albarracin - Arfuyen, 112 pages, mai 2025, 14 €

 

"Les poissons sont pisciformes parce qu'ils naissent d'eux-mêmes : ils grossissent peu à peu puis s'étirent jusqu'à se détacher d'eux au point de rupture de la queue, dans une sorte d'allongement abrégé dont ils sont l'histoire. Tout se passe comme si le poisson traversait un miroir - ou simplement la surface d'une eau claire - et que cette traversée lui donnait sa forme. La lente apparition-disparition du poisson est le poisson" (§ 234)

 

"Réisophie", étymologiquement, c'est la sagesse des choses. Et le Réisophe est celui qui s'y rend attentif. Parce qu'il sent qu'un contact bien compris avec les choses pourrait être leçon suffisante d'existence.

Le Paradoxe ambulant, Gilbert K. Chesterton (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 10 Juin 2025. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Les Belles Lettres

Le Paradoxe ambulant, Gilbert K. Chesterton, essais choisis et préfacés par Alberto Manguel, traduits de l’anglais par Isabelle Reinharez, Paris, Les Belles-Lettres, 2024, 508 pages, 15, 50 €. Edition: Les Belles Lettres

 

On peut discuter pour savoir si la notion de terme ou d’expression intraduisible d’un idiome à l’autre aurait ou non un sens. Tout dépend de ce que l’on entend par traduire.

Les anglicistes connaissent l’expression tongue in cheek. L’image anatomique fait sens (on met sa langue contre sa propre joue, afin de ne pas se trahir en riant), mais si l’on fait comme un dictionnaire très répandu, le Harrap’s Shorter, en le rendant par « avec une ironie moqueuse » ou « en plaisantant », a-t-on vraiment traduit l’expression de façon organique, avec son génie propre, ou a-t-on donné une simple équivalence ?

Quoi qu’il en soit, s’il fallait trouver un livre illustrant cette expression, Le Paradoxe ambulant conviendrait à la perfection, comme conviendrait à son auteur ces phrases de Péguy :