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Essais

Verba et sententiae, Utopie et réception des philosophes des Lumières, Recueil d’articles, Raymond Trousson (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 14 Octobre 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Honoré Champion

Verba et sententiae, Utopie et réception des philosophes des Lumières, Recueil d’articles, Raymond Trousson, éditions Honoré-Champion, avril 2024, 542 pages, 90 € Edition: Editions Honoré Champion

 

Connu du grand public pour ses biographies de Voltaire, de Rousseau et de Diderot, Raymond Trousson (1936-2013) fut surtout un érudit de haute lice, explorateur et arpenteur de terrae incognitae. Professeur à l’Université libre de Bruxelles (l’épithète, étrange pour un Français, signifie que l’institution n’a pas d’ancrage confessionnel), il fut à la fois comparatiste (ses premiers ouvrages publiés portaient sur Le Thème de Prométhée dans la littérature européenne et Un Problème de littérature comparée : les études de thèmes), spécialiste des lettres wallonnes (Charles De Coster, Maeterlinck, Ghelderode, …) et il inscrivit son existence dans la lignée des grands savants belges (Jean-François Gilmont, Roland Mortier, Jozef IJsewijn, …). Son œuvre polyphonique – la bibliographie de ses publications occupe vingt-six pages du présent ouvrage : trente-cinq livres, des éditions critiques, des préfaces, des articles – remplirait plusieurs volumes de la Pléiade.

Comment écrire… une nouvelle (1), Martine Paulais (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Mardi, 01 Octobre 2024. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Comment écrire… une nouvelle (1), Martine Paulais, Enviedécrire Éditions (2), 2019, 178 pages, 18 €

 

S’il est un genre littéraire qui va comme un gant à l’auteure de cet ouvrage, c’est précisément celui de la nouvelle. Car Martine Paulais a deux cordes à son arc : elle publie des nouvelles (sous le pseudonyme d’Eve Roland) et anime des ateliers d’écriture où elle met régulièrement à l’honneur ce genre littéraire. C’est donc forte de cette double expérience qu’elle s’adresse, avec ce livre, aux nouvellistes en devenir – et pourquoi pas aux auteurs déjà un peu plus aguerris –, pour leur faire prendre conscience des ingrédients principaux qui entrent dans la composition de ce genre, et leur présenter les outils qui leur permettront d’écrire des nouvelles efficaces.

Ce petit ouvrage au format poche sera de fait bien utile à ceux qui, souhaitant dépasser la simple écriture spontanée de la nouvelle et ne se laissant pas piéger par les sirènes du premier jet, souhaitent peaufiner leurs techniques de construction, d’écriture et de réécriture de nouvelles.

Les œuvres de la voix, Marwan Moujaes, Christophe Viart (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 23 Septembre 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Mot et le Reste

Les œuvres de la voix, Marwan Moujaes, Christophe Viart, Editions Le mot et le reste, juin 2024, 264 pages, 23 € Edition: Le Mot et le Reste

 

La voix en ses variations

Quoi de plus familier mais aussi de plus mystérieux que la voix ? Nous sommes habitués au timbre de notre voix, à son grain, à son phrasé ; on l’entend résonner en nous, d’une manière intime, entre diaphragme et oreille. Pourtant on ne reconnaît pas sa voix enregistrée qui nous semble bien étrangère. Et l’on n’a aucune idée de la façon dont les autres la perçoivent. Elle paraît semblable à notre visage, lui aussi si proche et si lointain que seuls les autres dévisagent véritablement. On sait que se voir dans un miroir reste une expérience des plus troublantes et trompeuses.

Alors qu’en est-il de notre voix et de celles des autres ? Il est des voix blanches, d’autres d’outre-tombe, parfois inquiétantes, certaines rocailleuses, graves, inaudibles, quelques-unes agaçantes, stridentes, quelques autres qui avalent les mots ou qui jouent des silences ou encore dont on boit les paroles.

La parole aux négresses, Awa Thiam (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 20 Septembre 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

La parole aux négresses, Awa Thiam, Éditions Divergences, mai 2024, 208 pages, 16 €

 

Des multiples sujétions

La parole aux négresses est l’ouvrage fondamental d’Awa Thiam, paru en 1978, d’une anthropologue novatrice, née au Sénégal en 1950, professeure associée et chercheuse en anthropologie à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN), à l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, et fondatrice du Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles. En rédigeant la préface, Mame-Fatou Niang répond à Benoîte Groult en précisant que « ces Sénégalaises, Maliennes, Guinéennes, Ivoiriennes, Ghanéennes, et Nigérianes, ne sont pas tant silencieuses que silenciées », ce qui en dit long sur la problématique des femmes africaines et le sujet abordé. Awa Thiam refuse l’infantilisation des femmes noires mais n’omet pas la complicité de nombre d’entre elles à perpétrer la sujétion à l’ordre traditionnel patriarcal et à l’asservissement de genre.

La Vie simple, Pour soi et pour les autres, Carlo Ossola (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 04 Septembre 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Italie, Les Belles Lettres

La Vie simple, Pour soi et pour les autres, Carlo Ossola, Les Belles-Lettres, 2023, trad. italien, Lucien d’Azay, Olivier Chiquet, 140 pages, 11,50 € Edition: Les Belles Lettres

 

Qu’est-ce qu’une vie simple ? Sitôt la question formulée, on devine que la réponse sera complexe ou, en tous cas, pas aussi succincte et directe qu’on pourrait s’y attendre. Mais cette question s’est toujours posée, de savoir comment user au mieux de ce bref intervalle de vie (« Nous ne disposons que d’un instant de soleil, un instant précieux et béni », écrivait Irwin D. Yalom) qui nous est accordé entre un néant et – et quoi ? Seules les religions ont prétendu répondre à cette dernière interrogation.

Depuis que la mode est apparue aux États-Unis, les ouvrages de développement personnel abondent et qui voudrait en constituer une collection exhaustive remplirait vite une maison de bonne taille. Il est à peine besoin de souligner leur caractère répétitif, leur désespérante horizontalité et le fait que leur succès accompagne fort bien des sociétés où la consommation d’antidépresseurs et de psychotropes divers atteint des records, et ce, dès le plus jeune âge.