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Essais

L’enfant thérapeute, Samuel Dock (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mardi, 30 Janvier 2024. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Plon

L’enfant thérapeute, Samuel Dock, janvier 2023, éditions Plon, 334 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Samuel Dock Edition: Plon

 

On connaît Samuel Dock pour ses essais vifs et érudits comme Le Nouveau choc des générations (co-écrit avec Marie-France Castarède, Editions Plon, 2015), pour son talent de vulgarisateur dans Eloge indocile de la psychanalyse (Editions Philippe Rey, 2019), parfois même pour son impertinence et son humour improbable… Mais dans ce dernier livre, L’enfant thérapeute, c’est une tout autre histoire qui se dévoile, bien plus personnelle, celle de son enfance, ou plutôt celle de sa maman. Il y raconte son « état fantôme », les infâmes maltraitances de l’innocence de l’enfance. Il se livre et se délivre en tant qu’enfant thérapeute. Dans cette histoire très personnelle, Samuel dévoile un non-dit familial, douloureux, un choc invisible mais tenace. Cette histoire profondément émouvante et sincère éclaire sur l’effet « prison » des violences intrafamiliales. Y survivre crée une liberté incommensurable. Et une énergie de vie instinctive et créative.

Le Labyrinthe des égarés, L’Occident et ses adversaires, Amin Maalouf (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 24 Janvier 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

Le Labyrinthe des égarés, L’Occident et ses adversaires, Amin Maalouf, Grasset, octobre 2023, 448 pages, 23 € Edition: Grasset

 

Le tout nouveau secrétaire perpétuel de l’Académie Française se livre ici à un riche travail d’historien, dont la lecture est rendue agréable, et immédiatement accessible à tous, tant l’écriture en est assimilable à celle d’un roman.

L’auteur reconstitue la trajectoire de quatre des grandes puissances contemporaines, avec dessein de mettre en lumière la manière dont elles sont passées, en un laps de temps historique extraordinairement bref, du stade de nations arriérées (par rapport au niveau de modernité et de développement auquel était parvenu, à l’issue d’une évolution bien plus lente, séculaire, l’occident européen) à celui de puissances de premier plan ayant égalé, voire dépassé, le poids économique et l’influence politique des Etats européens qui considéraient il y a peu avec suffisance et mépris leur « sous-développement » vu comme inhérent à leur « sous-culture », voire à des traits génétiques héréditaires ne leur permettant pas de « progresser »…

La Louve de Kharkov, Jean-Louis Bachelet (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 23 Janvier 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

La Louve de Kharkov, Jean-Louis Bachelet, éditions Les Provinciales, octobre 2023, 188 pages, 18 €

 

Dans une page célèbre de sa Poétique, Aristote opposait l’histoire – qui raconte des choses s’étant réellement produites et dit, ou cherche à dire, la vérité, à la poésie, qui conte des histoires inventées. Il n’y a de prime abord rien d’original dans cette opposition, sur laquelle Platon s’était fondé pour exclure les poètes (c’est-à-dire les artistes) de sa Cité idéale, sauf qu’Aristote en déduisait la supériorité paradoxale de la poésie – donc de la fiction – sur l’histoire – donc la réalité ou ce qui passe pour tel : « […] la différence entre l’historien et le poète ne vient pas du fait que l’un s’exprime en vers ou l’autre en prose (on pourrait mettre l’œuvre d’Hérodote en vers, et elle n’en serait pas moins de l’histoire en vers qu’en prose) ; mais elle vient de ce fait que l’un dit ce qui a eu lieu, l’autre ce à quoi l’on peut s’attendre. Voilà pourquoi la poésie est une chose plus philosophique et plus noble que l’histoire : la poésie dit plutôt le général, l’histoire le particulier » (Poétique, chapitre IX, traduction de Michel Magnien).

A chacun son rythme, Petite philosophie du tempo à soi, Aliocha Wald Lasowski (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Lundi, 22 Janvier 2024. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Le Pommier éditions

A chacun son rythme, Petite philosophie du tempo à soi, Aliocha Wald Lasowski, éditions Le Pommier, avril 2023, 237 pages, 20 € Edition: Le Pommier éditions

Face à l’impératif catégorique des algorithmes et des cadences infernales de la société moderne, créer son propre rythme, son « allorythme », pour reprendre les mots d’Aliocha Wald Lasowski est aujourd’hui plus que nécessaire : c’est vital. Oui, l’individu doit mettre en place des contre-rythmes, pour résister au sentiment d’absurdité si bien décrit par Albert Camus.

Cet essai prolixe et original met en évidence la place du rythme dans nos vies, qui va de notre rapport aux autres, à la nature et même à l’univers. Il mêle à la fois des théories philosophiques, scientifiques, économiques, artistiques, musicales, le tout avec poésie. Le rhuthmos au sens platonicien permet de penser la place de l’être humain dans le cosmos. Le rythme n’est pas anodin, il est question de notre rapport au monde et de l’harmonie que l’on cocrée avec la symphonie du monde. Dans le rythme, nous avons à la fois de la poésie et de la philosophie, une façon de réfléchir et sentir notre « logos poétique ». Le poète lyrique, Archiloque, emploie le mot rythme (rythmos) pour le relier à la recherche d’un équilibre moral et physique.

Le Signe et la touche, Philosophie du toucher, Michel Guérin (par Pierre Windecker)

Ecrit par Pierre Windecker , le Mercredi, 10 Janvier 2024. , dans Essais, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Hermann

Le Signe et la touche, Philosophie du toucher, Michel Guérin, éditions Hermann, octobre 2023, 104 pages, 18 €

 

 

« La pensée cristalline, le style fluide et poétique de Michel-Charles Guérin font de la lecture de cet essai un exercice d’intelligence et un véritable moment de littérature. Un éclairage essentiel sur les syntaxes constitutives de l’art ».

(Léon-Marc Lévy, sur le site Facebook du club de La Cause littéraire).

 

Le sujet de ce dernier livre de Michel Guérin, annoncé comme « protéique », c’est « l’ensemble formé par toucher/être, touché/le toucher/la touche » (p.11). Riche est en effet la matière abordée : successivement le « toucher » (et l’« être touché ») lui-même entre contact épidermique et émotion du cœur ; puis le dessin, et la touche en peinture ; enfin, l’écriture, et surtout la prise de risque (on l’évoquera plus loin) qui donne naissance à l’écriture littéraire et poétique.