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Récits

Le Chant des livres, Gérard Guégan (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 27 Juin 2024. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

Le Chant des livres, Gérard Guégan, Grasset, mai 2024, 100 pages, 16 € . Ecrivain(s): Gérard Guégan Edition: Grasset

 

« Le livre que je n’aurais pas dû lire, et que je venais de déposer grand ouvert sur mon visage pour me protéger du soleil, n’était autre que La Métamorphose. Je l’avais emprunté à une khâgneuse du lycée Thiers qui se prétendait la petite-nièce d’Arthaud, une contrevérité dont elle savait tirer parti quand elle voulait séduire les indifférents au nombre desquels elle m’avait compté ».

En lisant Le Chant des livres, nous pourrions tout d’abord écrire que les plus beaux chants sont ceux des livres, lus et relus, achetés, empruntés ou dérobés, ils donnent au lecteur cette liberté de vivre, cette liberté d’être, que rien d’autre n’offre, et si vous combinez cette lecture de livres admirés à des rencontres d’écrivains, à des voyages en terres d’écriture, vous tenez dans vos bras un heureux petit livre, lumineux et brillant, sans la moindre graisse de bavardage littéraire. Gérard Guégan nous raconte quelques instants de sa vie, de sa jeunesse marseillaise, avec peu de livres à déguster, de sa rencontre avec Jean Giono à Manosque, que les amis communistes de son père n’aimaient guère, aux aventures éditoriales du Sagittaire.

Villa Florida, Journaux 1918-1934, René Schickele (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 19 Juin 2024. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire

Villa Florida, Journaux 1918-1934, René Schickele, éd. Arfuyen, novembre 2023, trad. allemand, Charles Fichter, 260 pages, 18,50 €

 

Mario Praz avait coutume de dire que les écrivains mineurs réfractaient mieux l’esprit de leur époque que ne le faisaient les « phares » baudelairiens, dont le génie dépasse leur propre temps. À n’en pas douter, René Schickele appartient à la première catégorie. Celui qui se définissait comme « citoyen français und deutscher Dichter » (« citoyen français et poète allemand », encore que la notion de Dichter soit complexe et ne se superpose qu’imparfaitement à celle de poète) naquit en 1883, dans une Alsace faisant alors partie de l’Empire allemand, mais le français fut, au sens plein du terme, sa langue maternelle, puisque sa mère était originaire du Territoire de Belfort, la partie de l’Alsace demeurée française après 1870 (ce qui explique sa position insolite dans la nomenclature des départements). Parfaitement à l’aise entre deux cultures antagonistes (Éric-Emmanuel Schmitt remarquait que le Rhin ne sépare pas deux pays, mais deux civilisations), il était un jour en Allemagne et le lendemain à Paris où, jeune journaliste, il fut fasciné par Jaurès. En 1922, il s’installa à Badenweiler, ravissante petite ville allemande, où Tchekhov était mort quelques années plus tôt.

Histoire de l’Île, Evgueni Vodolazkine (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 27 Mai 2024. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, Roman, Editions des Syrtes

Histoire de l’Île, Evgueni Vodolazkine, Editions des Syrtes, janvier 2024, trad. russe, Anne-Marie Tatsis-Botton, 320 pages, 23 € Edition: Editions des Syrtes

Pour raconter son Histoire de l’Île, lieu inexistant et donc ouvert à tous les possibles, l’écrivain russe Evgueni Vodolazkine choisit une forme à la fois éloignée et proche du roman, la chronique. Ce sont donc trois-cent-cinquante années d’une lente évolution du Moyen Âge à l’époque contemporaine qui défilent en quelque trois cents pages, racontées par divers chroniqueurs au fil des siècles, depuis Nicanor l’Historien jusqu’à Innocent, longue lignée de moines qui racontent leurs époques respectives.

Ils racontent ainsi l’évolution politique de l’Île, avec comme constante et fil conducteur le couple princier formé par Xénie et Parthène, tous deux dotés d’une longévité exceptionnelle et non seulement témoins mais aussi commentateurs. En effet, l’Histoire de l’Île se présente comme étant l’édition complète d’une chronique connue et étudiée depuis son origine, édition sous l’égide d’un certain Philippe, qui a proposé à Parthène et Xénie de donner « leurs avis », « notes [qui] insensiblement ont pris le caractère d’un journal ». Par ces « notes », on glisse doucement d’une réflexion sur la chronique à une réflexion sur la longévité et la modernité, au regard posé par deux vieillards tricentenaires alertes issus d’une autre époque sur l’époque contemporaine, la nôtre.

Lettres à Juan Bautista (Vingt ans après), Yves Charnet (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 23 Mai 2024. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Au Diable Vauvert

Lettres à Juan Bautista (Vingt ans après), Yves Charnet, éd. Au Diable Vauvert, mai 2024, 400 pages, 22 € Edition: Au Diable Vauvert

 

« Ce sont des anges de passage. Des anges aux visages graves. Vous aurez peut-être la chance de les entrevoir depuis les gradins des arènes. Ou dans certains tableaux de Modigliani. Fermez les yeux. Voilà. Croyez-moi sur parole. Une cape, des ailes, une épée ».

« L’art magique et prodigieux de toréer a aussi sa musique propre (intérieure et extérieure), et c’est ce qu’il a de mieux. Musique pour les yeux de l’âme et pour l’oreille du cœur, qui est la troisième dont nous parlait Nietzsche, celle qui écoute les harmonies supérieures », José Bergamín (1).

La corrida et les toreros fascinent les écrivains depuis bien longtemps. La liste est longue et passionnante des auteurs qui à leur façon ont touché la corne d’un toro bravo ou croisé le regard d’un torero : Hemingway évidemment, mais aussi Georges Bataille, Yvan Audouard, Jean-Marie Magnan, Jean Cau, Jacques Durand, ou encore Philippe Sollers.

La revenante, Françoise Gérard (par Marie-Hélène Prouteau)

Ecrit par Marie-Hélène Prouteau , le Mercredi, 22 Mai 2024. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

La revenante, Françoise Gérard, édition La Chambre d’échos, mars 2024, 82 pages, 14 €

 

 

Françoise Gérard qui a publié plusieurs livres aux éditions La Chambre d’échos nous offre ici un périple de la mémoire et de la rêverie qui nous emmène dans une ville du Nord. Ce n’est que plus avant dans le récit que l’on apprend qu’il s’agit d’Armentières. L’importance, en effet, n’est pas dans le jeu référentiel mais dans la résonance d’une fibre intérieure, celle de la « revenante », ce personnage féminin au cœur du récit présenté à la troisième personne. D’elle, nous ne saurons que très peu de choses. La « revenante » demeurera pour le lecteur une sorte d’être de fuite, assez peu dessiné. Sauf par quelques détails biographiques liés aux aménagements de la maison familiale à l’arrivée de la grand-mère devenue veuve.