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Récits

Par petites touches, Philippe Cassard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 14 Novembre 2022. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Mercure de France

Par petites touches, Philippe Cassard, Mercure de France, Traits et Portraits, septembre 2022, 200 pages, 19 € Edition: Mercure de France

 

« La connaissance intime qu’avait Merlet des cantates, des Passions et des œuvres d’orgue du Cantor, rendait au Bach qu’il nous enseignait, à travers les préludes et fugues du Clavier bien tempéré, les toccatas et les suites, sa jubilation au contrepoint, son rebond aux rythmes de danses et son expression intensément vocale aux fugues lentes et aux sarabandes ».

C’est donc Par petites touches que Philippe Cassard déroule sa vie d’apprentissage de la musique et du piano, sa vie de rencontres et d’études auprès de grands serviteurs de la transmission musicale. Il faudrait, non pour illustrer, mais pour éclairer comme le fait un vitrail, joindre à cette recension des enregistrements de pièces musicales sous les doigts de pianistes qui n’ont cessé et ne cessent peut-être de l’accompagner. Nous pourrions ainsi proposer : Jardin sous la pluie de Claude Debussy par Philippe Cassard, Miroirs de Maurice Ravel par Vlado Perlemuter, et Barcarolle op. 60. de Frédéric Chopin par Nikita Magaloff.

Clara lit Proust, Stéphane Carlier (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 12 Octobre 2022. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Clara lit Proust, Stéphane Carlier, Gallimard, Coll. Blanche, septembre 2022, 192 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Stéphane Carlier Edition: Gallimard

 

 

« Proust, avant, ce nom mythique était pour elle comme celui de certaines villes – Capri, Saint-Pétersbourg, où il était entendu qu’elle ne mettrait jamais les pieds ».

Jouissif en diable le petit livre ! On s’émeut, on sourit, on rit – beaucoup, et ma foi, on relit Proust par les yeux ébahis de Clara. Ce genre de livre, et d’histoire un peu culottés, peut faire pschitt une fois le regard détourné vers d’autres centres d’intérêt aussi vite éteints qu’allumés, propres aux rentrées littéraires. Cela aurait peut-être été le cas ailleurs, mais il faut compter avec Stéphane Carlier, son art de raconter, son écriture vivifiante et fort maîtrisée, son respect surtout pour Proust et toutes les Clara du monde.

L’âge d’ombres, Une enfance 1939-1946, Philippe Bonzon (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 22 Septembre 2022. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres

L’âge d’ombres, Une enfance 1939-1946, Philippe Bonzon, éditions La Chambre d’échos, septembre 2022, 152 pages, 16 €

Auteur essentiellement de poésies et de proses poétiques, Philippe Bonzon a publié depuis 1985 une vingtaine d’ouvrages. Le dernier est un récit d’enfance, à la période bien circonscrite (1939-1946) de ses six ans à ses douze ans, ce qui correspond à la seconde guerre mondiale.

Issu d’une famille bourgeoise protestante, l’enfant restitue ici une féconde période d’initiation humaine et métaphysique. Il s’est posé les grandes questions de l’existence au fil de ses expériences familiales, scolaires. Entre la Suisse et Paris, l’enfance se déroule dans une famille dont le père a disparu très jeune, remplacé par un beau-père assez austère, Daddy, second mari de sa mère Jacqueline. Le livre, dont les exergues renvoient à Proust, Rilke et autres philosophes, se veut un ouvrage d’éclairage de l’enfance, sous ses bannières imaginatives et psychologiques. L’influence proustienne y est prépondérante, jusque dans l’écriture en longues phrases, qui tentent de relayer les mille et une trouvailles d’un enfant mûr avant l’âge, observateur en diable de tout ce qui peut mentalement se passer en lui, comme faits décisifs, moteurs d’une vie.

Sans haine mais sans oubli, Neuf filles jeunes qui ne voulaient pas mourir, Suzanne Maudet (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Vendredi, 16 Septembre 2022. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Histoire, Arléa

Sans haine mais sans oubli, Neuf filles jeunes qui ne voulaient pas mourir, Suzanne Maudet, mars 2022, 158 pages, 10 € Edition: Arléa

Sans haine mais sans oubli n’est pas une œuvre de fiction, mais un témoignage, comme on en écrit parfois lorsque le temps des épreuves a passé et qu’on a traversé les cercles de l’enfer. Suzanne Maudet n’est pas et n’a jamais voulu être écrivain, avec tout ce que ce terme implique. La diffusion manuscrite de son texte demeura longtemps limitée à l’intimité familiale et amicale. En 1961, une tentative de publication dans un grand magazine féminin n’aboutit pas. Suzanne Maudet est décédée en 1994 et n’a jamais vu son texte paraître « en belle forme de livre » (même si ce qu’il est convenu d’appeler la « littérature secondaire » s’est déjà emparée du récit, avec le livre de Gwen Strauss, The Nine. The True Story of a Band of Women Who Survived the Worst of Nazi Germany, 2021). Arrêtée en mars 1944 pour faits de résistance, elle fut déportée en Allemagne comme prisonnière politique, statut qui lui garantissait sur le papier une relative chance de survie. Le camp où elle était internée fut évacué en catastrophe face à l’avancée des troupes américaines (avril 1945) et les déportées, au nombre de cinq mille, obligées de former une longue file humaine serpentant à travers la campagne allemande.

De Pétrarque à Kerouac, sous le regard de Richard Escot (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Mercredi, 07 Septembre 2022. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres

De Pétrarque à Kerouac, sous le regard de Richard Escot, Editions Les Défricheurs, Coll. Fondateurs, avril 2022, 80 pages, 12€

 

L’empreinte de Pétrarque

« Il est des lieux où souffle l’esprit », on le sait depuis Maurice Barrès. Ainsi à l’approche d’une colline qui nous attire de loin, ou encore lorsqu’on découvre une clairière éclatante de lumière au cœur d’une forêt, après avoir suivi des chemins erratiques, ou bien au bord d’un fleuve révélant une courbe élégante et mystérieuse. On ressent alors devant tous ces paysages quelque chose de très profond. Tous ces endroits possèdent un je ne sais quoi qui leur confère une dimension fascinante, magique, proche du sacré. Et les hommes ne s’y sont pas trompés en nimbant ces lieux de légendes de toutes sortes. Il n’y a pas que le temps que les hommes ritualisent et sacralisent mais l’espace également.

Le Mont Ventoux fait partie de ces lieux. On ne l’approche pas innocemment. De loin, de la plaine provençale et au-delà, le Mont Chauve, aride et désolé, attire le regard de sa masse imposante. Son nom (bien qu’il soit sujet à toutes sortes d’interprétations) indique que là-haut, il y souffle ; les éléments y disent leur colère.