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Récits

Les Moucherons, Thierry Clech (par Claire Fourier)

Ecrit par Claire Fourier , le Mardi, 18 Novembre 2025. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Tinbad

Les Moucherons, Thierry Clech, Éditions Tinbad, septembre 2025 Edition: Tinbad

 

Voici, menées au pas de course alternant avec la sinuosité d’un fleuve pas très tranquille, les mésaventures d’un photographe qui a marié le cancer et une invasion de moucherons chez lui, au moment où sévissait le covid.

Quatre mots-clés donc : photographe, moucherons, covid, cancer. Plus le temps, toujours le temps.

 

Photographe, car c’est avec l’œil précis d’un Leica et la recherche du meilleur angle qu’est analysée une ribambelle de misères, les unes dérisoires, les autres en passe d’être mortelles ;

le souci de la qualité de la prise l’emportant sur l’accablement, ce qui réjouit le lecteur, lequel, cruel, demande toujours à un auteur de traiter avec humour les malheurs qu’il a lui-même quelque jour endurés, les traumatismes qu’il subit, ne permettant pas au livre d’en rajouter.

Le Mont Macaron – Itinéraire, Roger Aïm (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 06 Novembre 2025. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le Mont Macaron – Itinéraire - Roger Aïm – Editions Infimes – 65 p. – 8 euros – 07/10/25.

 

« Ici, le paysage ne se livre pas. C’est la garrigue distante, indifférente. D’une beauté sévère, sèche, épineuse, immarcessible, piquetée de quelque pins, elle retient le temps. La garrigue a la force des sites ignorés des hommes. »

 

Le Mont Macaron est un cheminement littéraire que l’auteur trace pas à pas sur les sentiers pierreux qui le conduisent sur les hauteurs de Nice, en compagnie de celle qui la première lui a ouvert cette brèche lumineuse vers le Mont Macaron. L’amour, s’il déplace parfois les montagnes, les dévoile souvent. Cheminer ainsi, rend l’auteur heureux, il voit, et écrit. La nature mérite cet attachement du regard et du mouvement, ce territoire arpenté est devenu un pays, son pays. Les couleurs, les pierres – que des hommes oubliés ont transporté là -, la lumière, les bruits minuscules qui réhaussent la profondeur du silence peuplent ce petit livre inspiré.

Bricolage(s) – Camille Revol (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 09 Octobre 2025. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Louise Bottu

Bricolage(s) – Camille Revol – Editions Louise Bottu – 260 p. – 19 euros – septembre 2025. Edition: Editions Louise Bottu

 

« J’ai toujours aimé ça, griffonner. Tout le temps. Partout et dans la chambre. Des notes sur elle, sur rien, le jour et la saison, un livre, un film… Des notes sur tout. Surtout sur elle.

Notes en pagaille. Penser à classer. Y mettre un peu d’ordre. En faire quelque chose, quoi. »

 

Ce quelque chose a pour nom Bricolage(s), un livre qui porte bien son nom, il zigzague, il biaise, ses phrases ricochent, rebondissement, se cachent sous d’autres phrases, sous d’autres éclairs d’inspirations, et de souvenirs, et pourtant l’auteur se défend de raconter des histoires, il s’en défend tellement bien, qu’il excelle dans l’art de les ajuster au millimètre, comme des planches brutes, qui n’attendent que d’être mises bout à bout. L’écrivain ajuste tout ce qui lui passe par la main et par la tête.

Une année chez les Français, Fouad Laroui (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 30 Septembre 2025. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pocket

Une année chez les Français, Fouad Laroui, Pocket (août 2011), 288 pages, 7,40 € Edition: Pocket

 

Edité initialement chez Julliard en 2010, ce roman de Fouad Laroui, évocation romancée et romanesque de sa scolarisation dans des établissements français du Maroc, a été accueilli à sa sortie comme se situant entre Le Petit Nicolas et Le Petit Chose.

L’action commence en 1969 lorsque le jeune berbère Mehdi, ayant obtenu grâce aux démarches insistantes et dûment motivées du directeur français de l’école locale, une bourse de l’Etat français, quitte Beni Mellal (Maroc) pour l’internat du prestigieux Lycée Lyautey, un des joyaux du réseau de l’enseignement français à l’étranger.

L’auteur a judicieusement et talentueusement fait le choix de la narration à focalisation interne. Ainsi le lecteur, tout comme l’auteur durant le temps de l’écriture, retrouvant l’innocence et la naïveté de sa propre enfance

Le Voyage au Congo, André Gide (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Vendredi, 26 Septembre 2025. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard), Voyages

André GIDE (1927-1928), Voyage au Congo suivi de Le Retour du Tchad. Carnets de route, Paris, Folio, 2001. Edition: Folio (Gallimard)

 

Un récit à double détente

Entre juillet 1925 et mai 1926, André Gide a effectué un voyage de près d’un an en Afrique Équatoriale Française, en compagnie de son ami le cinéaste Allégret, de l’embouchure du fleuve Congo au lac Tchad, ce qui représente plus de 3000 kilomètres. La première partie de ce voyage est relatée dans son Voyage au Congo (1927), et la seconde dans Le Retour du Tchad (1928).

Le projet initial de Gide est celui d’un voyage d’agrément, au cours duquel il prend plaisir à observer la faune et la flore africaine. A partir de ses impressions de voyage et de ses carnets de notes, l’auteur produit un récit de voyage qui se donne à voir comme une véritable œuvre littéraire. On y perçoit la grande fascination de Gide face à la nature qu’il observe en Afrique, dans un discours fortement marqué par la subjectivité, et qui est le fruit d’un véritable travail littéraire (pour comparaison, Allégret – qui pour sa part avait pour objectif de réaliser un film documentaire – a lui aussi rédigé un carnet de notes non destiné à la publication – publié à titre posthume [1] sous le titre Carnets du Congo. Voyage avec André Gide, et qui se présente comme un texte plus fragmentaire, plus spontané et moins travaillé sur le plan de l’écriture).