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Récits

Souches, Myriam Ouellette (par Jacques Desrosiers)

Ecrit par Jacques Desrosiers , le Lundi, 15 Septembre 2025. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Québec

Souches, Myriam Ouellette, 230 p., 25 € (disponible à la Librairie du Québec à Paris), Edition: Le Cheval d’août

 

Souches raconte l’épreuve qu’a traversée l’auteure atteinte il y a quelques années d’une leucémie aiguë. D’abord, la vaine chimio qui vous dénude le crâne et « vous tue un peu pour vous sauver ». Puis l’obligatoire greffe de cellules souches, dont les chances de prendre sont de cinquante-cinquante et qui demandera deux ans avant que les médecins puissent prononcer leur verdict. Le récit se concentre sur cette attente interminable où la greffée vit en compagnie de sa mort prochaine, avec de nombreuses échappées dans sa généalogie familiale. L’éditeur a beau présenter le livre comme un roman, c’est un récit autobiographique où Myriam Ouellette ne semble pas s’être livrée au jeu de cache-cache de l’autofiction ; si elle a inventé, c’est dans les marges. Elle a rebaptisé certains des nombreux acteurs qui gravitent autour d’elle, notamment son frère, nommé ici Aaron. Il a été un blogueur politique et photographe québécois connu, jusqu’à sa mort en 2022. Aaron est le frère de Myriam dans l’Ancien Testament.

Avec ma tête d’arabe, Aïda Amara (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 12 Septembre 2025. , dans Récits, Recensions, La Une Livres, Maghreb

Avec ma tête d’arabe, Aïda Amara, éd. Hors d’atteinte, 240 p., à paraître le 2 septembre 2025, 21 €

 

Résilience

« À la manière d’un puzzle, j’ai rassemblé l’histoire de mes deux pays pour mieux comprendre qui je suis ». Cette phrase augurale définit (en partie) l’autrice, grâce à une énonciation qui subsume la narration et la situation future de la protagoniste. Le titre du premier roman d’Aïda Amara est déjà significatif : Avec ma tête d’arabe. Aïda Amara, née de parents algériens, est journaliste et réalisatrice. (Voire le podcast Transmissions ainsi que le documentaire Revenir.) Elle anime des ateliers d’écriture et de podcast auprès de jeunes avec les médias Le Bondy Blog et la Zone d’expression prioritaire.

Le récit débute par une sorte d’enquête sous la forme d’un journal de bord qui court sur presque dix années. Il nous apprend que le racisme ordinaire ne l’est pas, que c’est une calamité, en même temps qu’une bêtise crasse.

Éperdument. Un enfant d’Alep au bord de la Seine, Abed Azrié (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 08 Septembre 2025. , dans Récits, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Éperdument. Un enfant d’Alep au bord de la Seine, Abed Azrié, préf. Hubert Haddad, couv. Ziad Dalloul, éd. Al Manar, 2025, 170 p., 22 €

 

Tout d’abord je voudrais écrire quelques mots sur l’indication Récit inscrit sur la couverture du livre, car si l’on s’en tient au Larousse 2007, le roman a trois définitions qui pourraient donner sens à ce « récit » d’Abed Azrié. Je cite partiellement : « 1. Le roman est une œuvre littéraire, étude de mœurs, analyse de sentiments, observations réelles ou non de faits subjectifs ou objectifs ; 2. Histoire riche d’épisodes imprévus ; 3. Roman familial : fantasme dans lequel le sujet imagine ses parents et les siens ». Je trouve que le récit que fait Abed Azrié de sa propre vie correspond peu ou prou à ces définitions du dictionnaire.

Quoi qu’il en soit, nous sommes pris dans la grande et la petite histoire d’un chrétien d’Orient, vivant en lui-même une espèce de mélange de culture (peut-être difficile mélange). L’on pourrait intituler le livre : La prière et l’exil. Car en somme nous partageons la propre traversée de son histoire personnelle abouchée à un récit à la fois factuel et intellectuel.

Je me retournerai souvent – Jean-Paul Enthoven (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 29 Août 2025. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Grasset

Je me retournerai souvent – Jean-Paul Enthoven – Grasset – 272 p. – 22 euros – 12/03/25 . Ecrivain(s): Jean-Paul Enthoven Edition: Grasset

 

« Proust me traversant l’esprit, j’ouvre au hasard une page de son grand roman comme je m’acquitterais d’une prière matinale. J’ai aussitôt l’impression qu’il me parle, m’instruit, plaisante, tient à me faire sourire ou réfléchir. Nous sommes toujours du même avis. Cet accord spontané avec un esprit aussi merveilleux fait partie des meilleurs plaisirs du matin. »

Je me retournerai souvent tient du journal, du souvenir vif et vivace, de l’hommage, de l’essai, des mémoires, de la confidence, ces genres littéraires sont invités à la table d’écriture de l’auteur, pour notre plus grand bonheur. Jean-Paul Enthoven qui fut journaliste, éditeur, qui fut et qui reste profondément romancier se souvient d’écrivains disparus, qu’il a rencontré, lu avec toute l’attention du monde, qui l’ont inspiré, qu’il a admiré, qu’il admire encore, qui l’ont parfois agacé, qui habitent sa librairie, cette garçonnière vibrant de souvenirs et de livres.

Car le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire, carnets de cavale 18 octobre 2009-8 mars 2010, Brigitte Brami (par Luc-André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Lundi, 25 Août 2025. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Unicité

Car le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire, carnets de cavale 18 octobre 2009-8 mars 2010, Brigitte Brami, éditions unicité , 2022, 87 p. 13 euros Edition: Unicité

 

Une erreur, un malentendu, un dysfonctionnement de la machine bureaucratique peut faire basculer dans un autre monde où l’irrationnel se loge dans le rationnel, où une logique parallèle à la logique ordinaire et différente d’elle se met en place sans que rien ne semble devoir l’arrêter.

Condamnée à 18 mois de prison dont 10 avec sursis, Brigitte Brami est libérée au bout de 5 mois mais doit se présenter à nouveau devant la justice en raison d’une nouvelle plainte de la partie civile. Convocation perdue, égarée, jamais envoyée, nul ne le saura jamais. Quoi qu’il en soit, elle est absente à l’audience et se retrouve poursuivie, sous le coup d’un mandat d’arrêt avec inscription au fichier central des personnes recherchées. Dans l’attente de l’appel qu’elle a interjeté, elle devient une fugitive. Commence alors pour elle une cavale de cinq mois dans Paris.

À peine sortie des murs de la prison*, la vie à l’air libre pour elle se referme soudain et devient une nouvelle prison. Une prison à ciel ouvert. Comme si le dehors devenait le dedans.