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Poésie

Les lointains, Jean-Christophe Bellevaux (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 17 Septembre 2024. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Les lointains, Jean-Christophe Bellevaux, éditions Faï Fioc, 2023, 89 pages, 11 €

 

Proximité

J’ai de la joie et de la surprise en rédigeant cette chronique sur ce poète important qui vit dans la région Centre-Val de Loire, région mienne depuis maintenant un an. Parce que je me sens proche à la fois du style et de ce que contiennent ces poèmes. Une sorte d’écoute de soi, d’images qui hantent, de lieux de proximité, de confessionalisme, d’associationnisme. Avec en ligne de mire, guettant la liberté, une langue qui exprime cette disponibilité à la chose toujours nouvelle qu’est la vie. Peut-être est-ce pour moi un miroir, miroir tendu par la main du poète où je reconnais mes années 80 à Paris, la déroute brutale des années punk et la faillite sociale.

Cette poésie est bel et bien une double focale entre celle de l’auteur et celle des pages de l’écrivain, mitoyenneté du langage et de la chose vécue ou revécue.

As-tu rejoint l’île ?, Jeanine Salesse (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 13 Septembre 2024. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres

As-tu rejoint l’île ?, Jeanine Salesse, éditions Pétra, juin 2024, 86 pages, photographies de l’auteure, 16 €

 

D’une Jeanine l’autre ou le journal tenu par l’amie à propos des derniers mois de vie de Jeanine Baude, poète, éditrice chez Pétra, amoureuse de l’Océan et de l’île d’Ouessant. Le livre accompagne l’amie, chez elle, à Ouessant, à l’hôpital où elle est soignée pour un cancer.

Les 71 poèmes tracent, entre souvenir et déploration, le portrait d’une femme qui aimait la vie, les autres, la poésie, l’amitié. Mais comment rejoindre la disparue ? Sinon par les poèmes, sinon par la ferveur de l’amitié. Comme dans le beau livre de René de Ceccatty, L’accompagnement, Jeanine Salesse honore la mémoire toute proche d’une sœur d’écriture :

« Cantate de la remémoration

Quelle joie de retrouver ta maison après un séjour à l’hôpital ! » (p.21).

Aurores, Résonance avec ma rivière, Françoise Sérandour (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 12 Septembre 2024. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, L'Harmattan

Aurores, Résonance avec ma rivière, Françoise Sérandour, L’Harmattan, juin 2024, 86 pages, 12 € Edition: L'Harmattan

 

Hommage à la beauté du monde, baume sur la souffrance des vivants, voilà ce qui transparaît dès les premières pages de ce recueil, à travers « la coulée de lumière » des mots dans leur « trame bleue ».

« Les ailes de l’aigrette blanche / si faites de pigments naturels / reflètent naturellement la lumière / par la magie du Ciel ».

Cette vision esthétique, contemplative de la nature est, semble-t-il, un refuge, une échappatoire à la douleur indicible de la perte des êtres chers.

L’auteure compare la « Parole poétique, abandonnée aux dieux, mais révélée hors du silence », à la Parole d’Eurydice retrouvée qu’Orphée tente de remonter des Enfers grâce au pouvoir de son chant.

Dans le cas de la poète, il semblerait qu’il s’agisse, non de remonter une femme des Enfers, mais de ressusciter le souvenir d’un être cher, en l’occurrence sa mère, avec, comme « madeleine de Proust », le parfum des violettes de l’enfance.

Swifts, Camille Loivier (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 11 Septembre 2024. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Swifts, Camille Loivier, éditions isabelle sauvage, 2021, 76 pages, 16 €

 

(Je n’ai eu vraiment connaissance de l’œuvre de Camille Loivier – née en 1965 – que tout récemment, lors d’un festival de poésie où son éditeur m’a, utilement, mené à ce livre paru en 2021 – mais qui me paraît suffisamment authentique et fort pour en oser ici un mot tardif)

« Swifts » : les martinets, en anglais. On connaît la vitesse concertante de leurs sifflements (ils sont si évidemment grégaires qu’un martinet solitaire ne peut qu’être malade ou égaré), leurs pattes naines (qui s’agrippent aux parois mieux qu’aux fils ou aux branches), leur haine de l’architecture moderne (seuls les vieux immeubles – ou carrément les ruines – offrent leurs trous de première intention, où foncer nicher), leur régime strictement insectivore (leur bec insignifiant n’est qu’un ouvre-gosier, qui gobe tout ce qui volète au vent ou pend à son fil) : le martinet vit et vole comme ce qu’il mange, étant simplement un insecte un peu plus massif et malin que ceux qu’il happe. Comme les mots des poètes ressemblent, à force d’expression, aux vives sensations qu’ils chassent, condensent et relancent.

Césarine de nuit, Antoine Wauters (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 10 Septembre 2024. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Césarine de nuit, Antoine Wauters, Cheyne Éditeur, Coll. Grands Fonds, 2012, 128 pages

 

Et si Césarine de nuit, en même temps que ce livre constitue un réquisitoire contre le monde normatif qui impose ses codes et ses lois à des individus non conformes et non dociles à son pouvoir d’oppression, était, par le truchement d’un conte cruel initiatique, un hymne formidable à la Liberté individuelle face à tout Système qui la broie ? Le choix de deux enfants, en l’occurrence de jumeaux abandonnés à leur destin, comme protagonistes de ce périple d’une innocence martyrisée est largement symbolique, puisqu’ainsi que l’affirme Jean-Pierre Siméon en quatrième de couverture : « En ces enfants, c’est le désir qu’on assassine ».

« La Collection Grands Fonds accueille, en marge de tout genre littéraire codifié, des pages plus secrètes, témoins d’une vie qui s’inquiète et s’interroge », précise l’éditeur.