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La Une CED

N’est pas là, Jean Marc Sourdillon (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 24 Juin 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

N’est pas là, Jean Marc Sourdillon, éd. Gallimard, 95 p., 2025, 16 €

 

La déploration

Ce qui est constitutif dans ce recueil de poèmes de Jean Marc Sourdillon, c’est la relation entre une entité vivante et une entité morte, absente. Donc entre le poète et ceux dont il déplore la mort. Entre écrire et disparaître. Car en définitive, les absents forment des sortes de trouées, sortes d’espaces troués, de clignotements pour le poète. De syncopes. De moments alternatifs. Vide et plein, temps passé, temps présent et temps à venir. Tout cela parce que notre destin humain en passe par la déploration, consubstantielle au goût de vivre. L’absent est indispensable à cette écriture.

Par ta manière de t’adresser à lui, tu ouvres une brèche dans ton présent,

où tu ne vois rien, une béance où seule habite la voix.

N’est pas là a besoin de cette voix pour être là.

N’est pas là a besoin de toi pour t’apparaître

même si tu ne veux pas ou que tu n’as pas le temps pour ça.

Griffes 20 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 23 Juin 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Le livre du large et du long, Laura Vazquez. 2023. Ed du sous-sol. 416 p. 24 €

Prix Goncourt de la poésie 2023 ! J’ai laissé libre cours à mes perversions et ouvert le Livre du Long et du Large. Beaucoup d’éléments positifs. La taille : une épaisseur bienvenue dans le monde de la poésie. L’ampleur : une sorte d’épopée moderne où la narratrice est sa propre quête. L’humour, souvent présent, et pas du tout de façon involontaire. On pense à Villon, Rabelais, L’Énéide, l’Apocalypse et bien sûr Lautréamont.

« Mes gros, mes grosses, mes sœurs et compagnie, les veines jugulaires de notre cou ont une forme égale à beaucoup d’autres dans le monde. Nos pauvres veines n’ont pas plus d’importance qu’une pâte quelconque sur la balance générale. C’est un exemple, vous le verrez. »

L’accident, Jean-Paul Kauffman (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Jeudi, 19 Juin 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

L’accident, Jean-Paul Kauffman, éd Equateur-Littérature 328 p. 22 €

 

Virgile en Haute-Bretagne

 

La couverture annonce la couleur.

Nous parlons de la couverture du dernier livre publié aux éditions Équateurs Littérature de Jean-Paul Kauffmann intitulé L’accident.

Il annonce la couleur, elle est douce comme l’enfance, nuageuse comme un ciel de Poussin, le grand peintre de Kauffmann, qu’il découvre à Rome ou au Louvre. Et sous ce ciel d’après l’été de Poussin qu’évoque l’aquarelle de Stéphane Rozencwajg, le premier plan est une route grise, doucement incurvée, avec la ligne blanche continue qui file au centre de la chaussée.

Entre sandales usées et bonnet fatigué, Christian Ducos (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 18 Juin 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Entre sandales usées et bonnet fatigué, Christian Ducos - Le Pauvre Songe, mai 2025, 100 pages, 13€

 

entre sandales usées

et bonnet fatigué -

un papillon (p.14)

Il faut s'y faire : l'humour de Christian Ducos a les larmes aux yeux, et chaque court poème ici joue d'une sorte de "oui, mais...", qui nous demande d'être (obligeamment) passé par le pire pour (espérer) prendre part au meilleur. Par exemple : Oui, le Souverain Bien est dans nos cordes, mais comme simple trophée d'un jeu de marelle ! Ou : on aura beau prédire, s'appareiller et mesurer, c'est le sol même qui reste l'infaillible sismologue ! Ou : oui, l'univers a tout comme nous ses mouvements et ses attentes, mais ce ne sont pas les mêmes !

Entracte, Deepankar Khiwani (Par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 13 Juin 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Asie, Poésie

Entracte, Deepankar Khiwani, traduit de l’anglais (Inde) Nina Cabanau, bilingue, éditions Banyan, février 2025, 128 p. 19 €

« J’ai mis du temps à comprendre que cette douleur était la mienne » : sur Entr’acte de Deepankar Khiwani

Entr’acte (titre original) est le seul recueil publié de son vivant, en 2006, par le poète indien anglophone Deepankar Khiwani, né en 1971 à Delhi et mort prématurément en 2020. Les éditions Banyan nous en proposent une traduction française par Nina Cabanau, agréable et suggestive. Une riche introduction par Anand Thakore, ami de l’auteur et poète lui aussi, permet de situer Khiwani sur un plan biographique et littéraire.

Le mot « recueil », dans son acception courante, ne convient pas tout à fait à ce livre (à ce beau livre au sens mallarméen du mot) : en effet, si les poèmes choisis couvrent une dizaine d’années (1995-2005), l’ouvrage, concerté, est construit avec rigueur avec un « Premier acte » ouvert par un « Prologue » et comportant sept sections, chacune étant introduite par un vers tiré de ce « Prologue » (p. 2-109), et un « Deuxième acte » beaucoup plus court constitué d’un unique poème en quatre séquences (« Une étape à Shiroshi ») et aboutissant à un « Épilogue » (p. 110-123).