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La Une CED

Césarine de nuit, Antoine Wauters (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 10 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Césarine de nuit, Antoine Wauters, Cheyne Éditeur, Coll. Grands Fonds, 2012, 128 pages

 

Et si Césarine de nuit, en même temps que ce livre constitue un réquisitoire contre le monde normatif qui impose ses codes et ses lois à des individus non conformes et non dociles à son pouvoir d’oppression, était, par le truchement d’un conte cruel initiatique, un hymne formidable à la Liberté individuelle face à tout Système qui la broie ? Le choix de deux enfants, en l’occurrence de jumeaux abandonnés à leur destin, comme protagonistes de ce périple d’une innocence martyrisée est largement symbolique, puisqu’ainsi que l’affirme Jean-Pierre Siméon en quatrième de couverture : « En ces enfants, c’est le désir qu’on assassine ».

« La Collection Grands Fonds accueille, en marge de tout genre littéraire codifié, des pages plus secrètes, témoins d’une vie qui s’inquiète et s’interroge », précise l’éditeur.

La Ligne d’ombre, Marie Alloy (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie, Al Manar

La Ligne d’ombre, Marie Alloy, éditions Al Manar, juin 2024, 116 pages, 20 €

 

Écrire, voir ; voir, écrire

L’intérêt primordial à mon sens de ce recueil que publie Marie Alloy chez Al Manar, c’est la confrontation de l’écrivaine avec son autre talent, la peinture. L’on y voit d’ailleurs une rencontre avec la saison hivernale, à la fois dans les aquarelles qui illustrent l’ouvrage, et dans la prosodie même, combinaison savamment agencée de la peintre et éditrice du Silence qui roule (une autre corde à son arc). J’ai dit l’hiver en pesant mes mots, car pour moi c’est la saison du poème (comme l’été est celle d’Yves Bonnefoy). La nature se dépouille, les eaux s’immobilisent dans la glace, les chemins sont éclairés par des lumières froides et parfois rasantes. Tout y est poudreux, au contraire de l’été où tout rayonne. J’aime ce sentiment minéral, cette sorte de pureté presque pérenne de la neige dans sa brièveté violente. J’ai retrouvé cela dans La Ligne d’ombre.

Avant cela, il y avait l’ombre, Maria João Cantinho (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 03 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Avant cela, il y avait l’ombre, Maria João Cantinho, Jacques André éditeur, Coll. Poésie, juillet 2024, édition bilingue, trad. portugais, Cécília Basílio, Patrick Quillier, 136 pages, 15 €

 

« Il est un pays ancien qui s’est blotti en moi

un pays dont je n’ai aucun souvenir

sinon de moi enfant, une langue

de soleil et d’eau collée à ma peau,

qui veut obstinément être du temps en moi,

qui veut être bouche, qui cherche l’ouverture,

qui s’écoule entre les fentes de la mémoire,

tel un oiseau aux ailes brisées.

La Forge #1 octobre 2023, La forge #3 juin 2024, Revue de poésie (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Revues

La Forge #1 octobre 2023, La forge #3 juin 2024, Revue de poésie, éditions de Corlevour, 22 €

 

Revue buissonnante

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Je chronique peu les revues, néanmoins j’en connais le labeur et le besoin de diversité – dirigeant moi-même une revue papier. Ici, je suis en terrain connu avec les numéros 1 et 3 de la revue de poésie La Forge. D’ailleurs, dès les premiers mots de l’éditorial de Réginald Gaillard de la première livraison de ce périodique, l’on voit se dessiner un propos : faire de la poésie une affaire d’inclusion et de correspondance des affects et des styles littéraires ; « Encore faut-il, quand même l’intention serait juste et louable, que cela sonne juste. Là est la seule limite qui tienne », nous dit-il.

Tourne et tourne le vent, Anne Rothschild (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 28 Août 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Tourne et tourne le vent, Anne Rothschild, Le Taillis Pré, mai 2024, 78 pages, 15 €

 

Dans un précédent livre, Anne Rothschild (née en 1943, belgo-suisse aujourd’hui gardoise, qui allie l’écriture à son travail de graveuse et peintre) voyageait dans une Chine que, soixante-dix ans plus tôt, ses parents étaient partis habiter pour raisons professionnelles, en la confiant à ses grands-parents en Europe – précaution qu’elle prit à tort pour un abandon. L’auteure venait ainsi découvrir ce lointain pays qui l’avait en quelque sorte évincée, souhaitant comprendre sur place, en s’attachant à lui, la fascination d’alors (délétère pour elle) de ses parents. C’était (Au pays des Osmanthus) un journal d’empathique confrontation, et de nuances salutaires, aigu et tendre – avec la lucidité impérieuse et douce à la fois qui émeut chez cette écrivain.

Aujourd’hui, ici, autres abandons : le vent de la vie a encore « tourné », et cette errance du sort, une nouvelle fois, tourne mal. Anne Rothschild est laissée seule, trois fois, semble-t-il : d’abord par un compagnon qui soudain reprend sa vie avec lui, repart avec tout ce qu’il avait donné en choisissant activement l’absence ! :