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La Une CED

La Guerre des chambres dans ma maison, Hans Thill (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 15 Septembre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Langue allemande

La Guerre des chambres dans ma maison, Hans Thill, trad. allemand Habib Tengour, préf. Jean Portante, éd. APIC, coll. Poèmes du monde, 156 p., 2022

 

Poésie composite

Il y a des mystères que l’on traverse sans le savoir. Il y a des énigmes qui trouvent réponse. Entre ces deux états se tient la ligne poétique de Hans Thill. L’on y est à la fois saisi par la force du langage, son secret, sa profondeur, et une inquiétante étrangeté. Le monde décrit procède, pour le lecteur francophone, par fragments, touchant à l’étrange. Oui, par une espèce de baptême de la signification. Une matière « noire » du langage.

Malgré tout, même cette sorte de sfumato des signes ne perd pas le lecteur qui voit un travail quand même concentré sur la ville, qui ne traite pas comme souvent en poésie, des notions communes de descriptions bucoliques. Et même si la forêt a son importance par exemple, la focale du recueil c’est la cité, le monde urbain avec sa richesse, son étrangèreté.

Paul Audi, Tenir tête (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 10 Septembre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Paul Audi, Tenir tête, Paris, Stock, 2024, 336 pages, 21, 90 €

 

Installées pour la plupart loin des « territoires palestiniens », au Qatar ou en Iran, les hiérarques du Hamas avaient-ils médité les traités classiques de la guérilla, qui ont tous été écrits en Europe ou en Chine ? Ce n’est pas à exclure, car ils ne sont pas – ou n’étaient pas – des imbéciles illettrés. Quoi qu’il en soit, les attaques du 7-Octobre, filmées, diffusées et vécues en direct par le monde entier, parvinrent à jeter les Israéliens dans l’effroi et la sidération. Et l’opération minutieusement planifiée (ce qui rend d’autant plus inexcusable la cécité des services de renseignement) fut un coup à plusieurs bandes, puisqu’en plus du bilan humain, des morts et des otages capturés dans la plus pure tradition musulmane des rezzou, les semaines et les mois suivants virent la seule démocratie, le seul État moderne du Proche-Orient devenir le lépreux de la communauté internationale.

Quel monde à venir ? Anne Rothschild - Poème (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 09 Septembre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Quel monde à venir ? Anne Rothschild - Poème - éditions du Levant, septembre 2024, 15 €

 

"Que vienne encore

la lumière éphémère des mimosas

leur poudre parfumera de jaune nos doigts

les sabots très sûrs de l'âne gris

un sentier au flanc des monts saccagés

je me sens lourde des générations passées

et de celles à venir" (p.73),

 

écrivait, significativement, l'auteure dans "Nous avons tant voyagé", un livre précédent (Le Taillis Pré, 2018) - dans lequel l'étrange solidarité des hommes dans l'injustice et le mal cherchait déjà sa difficile justification :

Éperdument. Un enfant d’Alep au bord de la Seine, Abed Azrié (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 08 Septembre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Récits

Éperdument. Un enfant d’Alep au bord de la Seine, Abed Azrié, préf. Hubert Haddad, couv. Ziad Dalloul, éd. Al Manar, 2025, 170 p., 22 €

 

Tout d’abord je voudrais écrire quelques mots sur l’indication Récit inscrit sur la couverture du livre, car si l’on s’en tient au Larousse 2007, le roman a trois définitions qui pourraient donner sens à ce « récit » d’Abed Azrié. Je cite partiellement : « 1. Le roman est une œuvre littéraire, étude de mœurs, analyse de sentiments, observations réelles ou non de faits subjectifs ou objectifs ; 2. Histoire riche d’épisodes imprévus ; 3. Roman familial : fantasme dans lequel le sujet imagine ses parents et les siens ». Je trouve que le récit que fait Abed Azrié de sa propre vie correspond peu ou prou à ces définitions du dictionnaire.

Quoi qu’il en soit, nous sommes pris dans la grande et la petite histoire d’un chrétien d’Orient, vivant en lui-même une espèce de mélange de culture (peut-être difficile mélange). L’on pourrait intituler le livre : La prière et l’exil. Car en somme nous partageons la propre traversée de son histoire personnelle abouchée à un récit à la fois factuel et intellectuel.

Tobie des marais, Sylvie Germain (par Sandrine-Jeanne Ferron)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 05 Septembre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Tobie des marais, Sylvie Germain, éditions Gallimard, 1998, 221 pages

 

Tu n’aimes pas encore si ta vue ne transgresse pas les limites du visible, si ton ouïe ne perçoit pas les changements et soupirs du silence, si tes mains ne savent pas effleurer l’autre à travers la distance, l’étreindre dans l’absence. Non, tu n’aimes pas encore.

Le temps est en arrêt et le visible en crue.

Ce sont pour des phrases comme celles-ci que ça vaut le coup de se lever le matin, peu importe ce qu’il y a sur la table. L’émotion pour que la vie soit mémorable. Les êtres. Ce texte n’est pas une note de lecture, il est un hommage. Une lettre de remerciement adressée au personnage de Déborah. L’arrière-grand-mère de l’enfant Tobie. Ce sont deux des personnages majeurs du livre de Sylvie Germain. Les êtres autour de la table.

Déborah venait de loin, loin dans le temps et dans l’espace. Elle était née avant le siècle dans un village de Galicie polonaise, et jusqu’à l’âge de dix-neuf ans elle avait vécu dans son shtetl situé en bordure d’une rivière nommée Lubaczówka.