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Ecriture

Haute résolution (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 23 Janvier 2024. , dans Ecriture, La Une CED, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Tu n’as décidé qu’une seule chose cette année, tu dis oui à la vie. Tu ne diras plus jamais non. Tu dis oui à toutes les opportunités, à toutes les rencontres, à toutes les épreuves. Prends garde. Car l’Univers avec une majuscule va exaucer tes vœux.

Première aventure, ton partenaire (genre neutre. Mot actuel pour désigner la seconde entité du couple) depuis six mois, avec qui tu crois filer le parfait amour, vient de t’annoncer qu’il est polylovers. Polyquoi ? Tu n’es pas la seule sur son profil WhatsApp-agenda-galerie photo. Tu es une femme, il est un homme. Sept polycopies dans le salon pour ne pas dire dans le lit. Polygame, si tu préfères. Et t’as de la chance, ce n’est pas en simultané. Réjouis-toi, car toi t’es unique. Naturellement. Une par soir. Il faut de l’organisation et beaucoup d’énergie, t’es d’accord. Tu pleures ou tu restes, tu pleures aussi et t’attends ton tour. Tu dis oui à la vie, souviens-toi. Tu te documentes, tu regardes des séries sur Netflix. Me, You, Her. Tu t’instruis, tu essayes de comprendre, tu apprends des nouveaux mots. La compersion. Question de valeurs ou de convictions. Je t’expliquerai.

ON AIR (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 14 Décembre 2023. , dans Ecriture, La Une CED, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning !

As-tu passé dix-sept heures dans un aéroport, à vider les testeurs de parfums et les échantillons de crèmes, à cent dollars les 30 ml ; deux heures, assis, dans un avion sur le tarmac pour finalement être débarqué, réembarqué sept heures plus tard, trois jours et quatre avions pour traverser les États-Unis et trois nuits en chien de fusil dans trois aéroports à réciter des mantras en élaborant des scénarios de meurtre ?

Voilà à quoi ressemble le monde merveilleux des vols intérieurs américains. Dédommagements, hébergements, bons repas, que nenni, ça, c’est si tu as le temps de faire la queue au service commercial de ladite compagnie aérienne qui pratique le débarquement, le surbooking, le burn-out, le work-more/win-less et toutes les réjouissances du low-cost. Slogan subliminal, Tu ne sais pas quand tu pars, tu ne sais pas quand tu arrives, si c’est toi ou ta valise qui part.

Laisse le vent parler, Juan Arabia

, le Mercredi, 20 Septembre 2023. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED


Laisse le vent parler,

les églises ont recouvert d’ornements

tous leurs mensonges

et les artistes sont descendus dans la rue

pour s’exercer à des sonorités populaires


Les académies glorifient les postes de travail

factices, elles attribuent des prix à leurs mensonges,

et les ouvriers restent seuls

après s’être battus

contre une même lignée

Chantier interdit au public (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 19 Septembre 2023. , dans Ecriture, La Une CED, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Vous aimez les petits trains ou les petites voitures, n’est-ce pas, comme celles que vous poussiez enfant, sur le tapis dans votre chambre, couleur béton, en imitant les bruits du moteur. Ou les petits camions. Les engins de chantier comme la grue, la pelleteuse, le bulldozer ou le rouleau-compresseur, pour bâtir votre petit monde à votre hauteur et en toute légalité.

Ici, à Miami, pas de petits trains. Des petites voitures, des petits camions et des borborygmes. Des machines à profusion. À Miami, c’est le terrain de jeux, taille adulte. Ou le bac à sable. Ici, les chantiers ne s’arrêtent jamais. Nuit et jour. Le béton grimpe. Les stars architectes gravent leur nom dans la pierre, l’idée n’est pas nouvelle, ils comblent les trous dans le sol et plus personne, pas même les gosses, ne jouent dedans. Ici, on fore, on drague, on ne rénove pas, on rase et on refait en mieux. Ça coûte moins cher. Investissement à moyen terme, bénéfices à court terme, le long terme, c’est bon pour le virtuel. Miami sous les eaux d’ici un demi-siècle, on modélise mais au fond personne ne veut vraiment y songer. Du rêve, du soleil, du sable et du vent. Point. Les plages seront vidées de leur sable, ratissées jusqu’à l’écorce pour bâtir les immeubles, lesquels immeubles seront rendus à Mère Nature, désagrégés dans cinquante ans. Merci. Retour à la case départ.

Biographie littéraire, Juan Arabia

, le Mercredi, 06 Septembre 2023. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED


Tu n’étais rien qu’un fou, chancelant dans d’obscures eaux anciennes,

une sensation occidentale, chargée de pauvreté occidentale

Provence occitane…

À jamais né, à jamais oublié,

clair comme le reste humide de ton existence.

 

Mais quand les eaux se sont mises à monter, et ces poissons qui semblaient morts,

à battre des nageoires comme des couleuvres aux champs,

les premiers à sourire furent ceux-là qui chargeaient les plus lourdes pièces

baignées de soleil

ceux qui poussaient et protégeaient la première charge.