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Ecriture

ON HAIR (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 10 Janvier 2023. , dans Ecriture, La Une CED

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! quel est votre premier souvenir capillaire ?

Est-ce la crise de larmes, parce que votre mère (ce sont encore les mères qui ont la main sur ce genre de choses) a coupé vos cheveux longs à six ans. Ou parce qu’elle vous a emmené chez le coiffeur en vous traînant par les pieds. Et rien n’a pu vous consoler. Jouets, livres, siège en forme de voiture, quoiqu’à notre époque ils étaient rares ceux qui avaient investi dans de tels équipements, vous avez hurlé comme si votre mère, ou l’horrible arracheur de cheveux, vous avait coupé la tête. La tête, les cheveux, pour vous c’était pareil. Vous alliez mourir, votre bras ou votre jambe amputés. Quant à ceux qui vous affirmaient que ça repoussait, vous les traitiez de menteurs. Regarde, c’est comme pour les arbres. Justement les arbres, ils saignent quand on leur prend une feuille, leur écorce entaillée pour fabriquer vos baskets en caoutchouc, vous l’aviez vu avec le figuier dans le jardin de vos grands-parents et vous connaissiez l’origine du caoutchouc. Bref.

Testosterone Therapy (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mercredi, 23 Novembre 2022. , dans Ecriture, La Une CED, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! allez, avouez-le ! vous vous êtes inscrite sur un site pour rencontrer l’homme de votre vie, en tout cas pour combler une part de votre vie. Vous habitez Mayami, vous avez téléchargé l’appli Bumble, vous avez confié vos données bancaires, vous ne savez pas trop à qui, vous avez accepté que vos données confidentielles ne le soient plus. Vous avez complété avec application toutes les lignes de votre profil, vous êtes géniale, bien sûr. Vous avez téléchargé vos plus belles photos, juste quelques années de décalage, ça va aller, vous n’êtes pas trop décatie, les hommes prétendent même que vous êtes plutôt bien conservée et ça vous fait bondir.

Eux en revanche, ils ont morflé. Les années, l’andropause, la presbytie, la calvitie, les divorces, les gosses en garde alternée, les licenciements, le business, le sport en dents de scie, se réinventer toujours et c’est loin d’être affriolant. Quant aux autres, ils sont beaucoup plus jeunes, beaucoup trop jeunes et jouer les mamans, ce n’est plus de votre âge.

Réalité 1. Nature (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 21 Novembre 2022. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

Henri David Thoreau a raison

Nous sommes des insurrections.

 

Allons vers l’esprit veux-tu

Car les dieux ne sont à personne

De simples respirations.

 

Le ruisseau souffle voilà tout

Et le noisetier d’ébène est un jeu

C’est-à-dire un suspend critique.

La robe panthère (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 18 Novembre 2022. , dans Ecriture, La Une CED, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Marcella a une boutique de vêtements située sur Lincoln Road, à Miami Beach, et pas seulement une boutique. Deux étages dont un consacré aux hommes qui veulent porter des robes dos nu, également un espace dédié aux Arts. Ici, vous n’achèterez pas un vêtement, vous le rencontrerez. Ici, vous écouterez un auteur, une coupe de champagne à la main, en portant un habit qui vous définira bien davantage que tous ceux qui prétendent vous connaître. Marcella est élancée, elle est généreuse, elle est fantasque. Elle est sensible, voire un peu trop, à la lumière et aux inconnus. Elle est fragile comme toutes ces femmes qui collectionnent les adjectifs. Elle fut hippie, elle fut riche, elle fut sacrée Miss Colombie. Des cheveux blonds à la Jayne Mansfield qui, paraît-il était chauve sous sa perruque, interminables à l’instar de sa carrière de mannequin. Marcella fut une des plus belles femmes au monde. Modèle dès l’âge de dix ans en Colombie, il faut dire que ses parents l’étaient, des dieux tombés du Pic Cristobal Colon.

La compétition, Mário Araújo traduit du portugais (Brésil) par Stéphane Chao

, le Jeudi, 10 Novembre 2022. , dans Ecriture, Nouvelles, La Une CED, Langue portugaise

 

C’est son père qui donna le départ, imitant avec sa voix la détonation d’un révolver. D’entrée, le petit fut distancé, alors qu’elle et son père, au coude à coude, propulsaient en avant leurs jambes, elle moulinant à un rythme incroyablement rapide pour compenser les foulées beaucoup plus longues de son père. Le petit avait été distancé avant tout parce que, mi-anxieux, mi-distrait, il était resté sur place quelques secondes de plus avant de réagir au signal de départ.

Sa tête à elle arrivait juste au-dessus de la taille de son père, mais la vérité est qu’à cet instant, elle le voyait à peine, tant elle était concentrée sur sa propre course. Elle sentait seulement sa présence à ses côtés, une forme sombre et compacte, de haute taille, revêtue d’un pantalon, qu’il n’enlevait jamais. Elle était un peu agacée par le fait que son père n’avait pas besoin d’accomplir autant de mouvements qu’elle. Il avait l’air d’être en suspens dans les airs et malgré tout, il paraissait imbattable. On aurait dit qu’il était entraîné dans son sillage par les moulinets que faisaient ses jambes, deux véritables hélices qui attiraient tout ce qu’il y avait autour d’elle, tels des aimants.