Intérieur (par Didier Ayres)
Qui surplombe l’univers éternel ?
La maison est-elle un signe comme est signe la direction des étoiles ?
Tapis rouge tapis noir
Quelques pétales de nacre
Ce dessin de la licorne au crayon 2B
Subsiste la beauté dans ce microcosme de la vision
Comme une exploration car le temps ne se produit pas.
Que dire de la bibliothèque ?
Bruits intenses de toutes les époques
Photographies reproductions romans beaucoup d’Idées Gallimard
Des lieux descriptifs
Figures de notre civilisation monde et figures de l’excès de civilisation
Ouvrant la réalité par le centre.
Je ne bouge pas du living
Et une odeur de pomme cuite et de caramel me donne l’impression d’une vieille paix
Living traversé
J’écoute.
Puis-je disparaître ?
Où vont les choses disparues ?
Quel ordre dans la matière ?
Je dessine encore le Jars and Bottles qui se trouve dans l’atelier
Par où dois-je commencer ?
Par le grandiose des chardons sur la commode de l’entrée ?
Par les nuits valpurgiques ?
Où vais-je ?
Que voir ?
Je ne suis qu’un simple cavalier qui parcourt la maison
Rebondissant dans le miroir
Où le temps passe comme le néant
Mon dessin le monde se dilatent
Je représente le rêve sacré et une part de folie
L’odeur de bonbons persiste
L’inachevée D.759 en si mineur
Pénètre la maison.
Ma solitude fabrique de l’interdit
Et je regarde ce que je regarde étrangement
La chambre et son drap neige
Cette manière de jeter le gant de la forme et celui de l’élaboration
Jusqu’à la crise de larmes.
L’andante de l’inachevée
Le travail des minutes
Comprendre m’est inconnu
Je ne dessine que l’après-midi en son rayonnement en spirale.
Deux simples chaises côte à côte
Moi seul sais le désir
Moi seul habite le désir
Cette triple solitude qui sonne
Personne après personne
Suis convié à une impossible immobilité
Décris malgré tout les 3 biscuits en faïence de couleur verte hérités de ma famille
Éclaircis cette scène.
Je me trouve proche des 3 marches de l’escalier du salon
Proche de la collection d’Avant-scène cinéma
Devant ce qu’on appelle au théâtre « le quatrième mur »
Où se trouve le hors champ de ce poème
Simplement rapproché de la plastique du temps de sa fertilité
Quand en mon centre le passé se détruit ordinairement.
Serais-je né à Senlis parfait et incomplet
Que ma personne n’aurait rien tu
Que le pouvoir de la musique et des choses inertes et des après-midis d’endormissement
De quelque hôpital du XIVème
Aurait contribué à me faire autre
Autre et réaliste.
Où dois-je me rendre vers ce lieu triparti ?
Ici çà ou là
Désireux du monde
Lequel s’anime en puissance spirituelle
Un monde de représentation donc
Armé du seul langage
Je n’ai rien perdu à cet échange
Je séjourne uniquement.
Réalité du sommeil
Réalité des minutes
Réalité de la maison
Réalité des trois espoirs.
J’appréhende l’ambiguïté des insectes
Des livres rêvés
Les heures de la semaine parvenant à abolir mon angoisse
Divisions
Tristesse inexplicable du seul réel.
Fallait-il croire à cette couronne fabuleuse ?
Ce vieil idéalisme philosophique qui nous poursuit depuis la Grèce hellénistique
Se broie dans les 17 heures du réveil mécanique
Et de cet adieu
Il ne reste que l’idée.
Didier Ayres
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