Identification

Essais

33 Newport Street. Autobiographie d’un intellectuel issu des classes populaires anglaises, Richard Hoggart (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 16 Octobre 2025. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques

33 Newport Street. Autobiographie d’un intellectuel issu des classes populaires anglaises, Richard Hoggart, trad. Claude et Christiane Grignon, préf. Bernard Lahire, 432 p., éd. Hors d’atteinte, 2025, 21 €

 

Transfuge de classe

Richard Hoggart, né en 1914 dans une famille ouvrière de Leeds est décédé en 2014. En 1976, il a dirigé le Goldsmiths College de Londres. Il est considéré comme l’un des fondateurs des cultural studies. Son ouvrage admirable, 33 Newport Street. Autobiographie d’un intellectuel issu des classes populaires anglaises, publié en 1988, est considéré aujourd’hui comme fondamental pour la sociologie, et figure toujours dans les programmes universitaires. Son influence a été majeure pour la sociologie française.

Le grand sociologue anglais, par ce récit autobiographique singulier, inaugure une archéo-anthropologie pionnière de la classe ouvrière, elle dont l’histoire s’enfouit avec la mort de ses membres : « À part ce qui est transmis oralement, les classes populaires n’ont presque aucun sens de leur propre histoire ; et cette histoire est en général décousue, confuse et vite perdue lorsqu’ils remontent à des années qu’ils n’ont pas enregistrées ».

Archibald Ney, La vérité vingt-quatre fois (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 03 Octobre 2025. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Archibald Ney, La vérité vingt-quatre fois, éditions du Vol à voile, avril 2025, 171 pages, 18 euros.

Sur La vérité vingt-quatre fois d’Archibald Ney

 

L’essai et premier livre d’Archibald Ney, La vérité vingt-quatre fois, dont le titre renvoie, en la détournant, à une phrase fameuse de Godard placée en épigraphe (« La photographie, c’est la vérité, et le cinéma, c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde »), repose sur un principe simple et stimulant : choisir vingt-quatre scènes marquantes tirées de vingt-quatre films et expliquer en quoi elles ont été importantes pour l’auteur, en quoi elles ont changé sa vie ou du moins l’ont embellie et revivifiée.

Archibald Ney ne prend pas ici la pose d’un cinéphile professionnel et c’est tant mieux si l’on pense avec Gilles Deleuze que les philosophes et les écrivains sont les mieux qualifiés pour parler des films qu’ils ont aimés (mais Archibald Ney est bien un cinéphile puisqu’il cherche à nous transmettre une succession d’engouements) et en dire ce qu’un spécialiste, justement, avec son jargon, n’aurait pas dit.

Les Tribulations d’un chercheur en littérature, Vincent Laisney (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 29 Septembre 2025. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Les Tribulations d’un chercheur en littérature, Vincent Laisney, La fabrique des Souvenirs, Paris, CNRS Éditions, 2025, 356 pages, 25 €.

 

Comme l’écrit dans sa préface Marie-Ève Thérenty, professeur à l’université de Montpellier, qui dirige également la collection où ce volume est accueilli (on comprend dès le départ qu’on est dans un confortable entre-soi), le livre que Vincent Laisney a fait paraître sous un titre un peu étrange possède au moins deux niveaux de lecture.

Le premier est celui d’un ouvrage universitaire comme il s’en publie chaque année des centaines et qui forment ce qu’on appelle de manière peu aimable mais nullement injuste la « littérature grise », que seules achètent en général les bibliothèques universitaires (nous sommes donc en face d’un système fermé sur lui-même). Les trente pages de bibliographie témoignent du sérieux de la recherche. Vincent Laisney s’est attaché à explorer et à cartographier un territoire méconnu, celui d’une sous-catégorie des mémoires appelée « souvenirs littéraires » (ceux de Maxime Du Camp, qui portent précisément ce titre, sont parmi les plus connus ou les moins oubliés).

Petit bréviaire du vin et de l’ivresse –– Claudine Brécourt-Villars (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 22 Septembre 2025. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, La Table Ronde

Petit bréviaire du vin et de l’ivresse –– Claudine Brécourt-Villars Petit bréviaire du vin et de l’ivresse, Editions La Table Ronde, septembre 2025, 224 pages, 19 € Edition: La Table Ronde

 

Le vin a toujours cheminé aux côtés des plus grands écrivains, et ce depuis l’Antiquité. Euripide, dans Les Bacchantes, en dressait déjà le portrait spirituel : « Le vin est le miroir de l’âme ». Le Moyen Âge, quant à lui, l’honorait en tant qu’élixir d’amour et de passion, le dotant de vertus aussi bien aphrodisiaques que thérapeutiques, notamment contre la mélancolie.

De Rabelais à Baudelaire, en passant par Alexandre Dumas, le vin a irrigué traités, romans et recueils poétiques. Rabelais, dans son Traité du vin, prône avec verve cette joyeuse médecine : « Une âme folâtre est grande salubrité : le buveur de bonnes mœurs sait s'en souvenir. Un vin exquis, bu tripe creuse, renouvelle les forces [...] C'est pourquoi il convient, dès potron-minet, de se rincer le museau, de s'humecter les poumons, de se laver les tripes : ainsi vous serez fringants et ingambes [...] ». Baudelaire, grand amateur de Bordeaux, inverse la perspective : pour lui, l’excès, l’ivresse, entraînent vers les gouffres les plus sombres.

Nicolas Le Flahec – Jean-Patrick Manchette : écrire contre (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 17 Septembre 2025. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Nicolas Le Flahec – Jean-Patrick Manchette : écrire contre – Éditions Gallimard – 729 p. – 30 € Edition: Gallimard

 

Ce livre anniversaire parait pour les trente ans de la disparition de Manchette et les soixante dix ans de la Série Noire (SN). Si la lecture d’Eliott Chaze (numéro196 de la SN) a marqué fortement à l’âge de 11 ans Jean-Patrick Manchette, on apprend en parcourant son journal que son cursus scolaire fut sinon normal tout du moins celui d’un jeune homme qui ne se prépare pas à écrire des polars. Le Flahec dans son gros mémoire qui à l’origine était une thèse de doctorat nous livre ainsi une multitude de choses sur celui qui en onze livres fut l’auteur français phare de la SN. Il a exploité chez le littérateur qui écrivait énormément : livres, correspondances (Paul Buck, Maud Mannoni, Richard Morgiève, Echenoz, Siniac etc,) auxquels il faut ajouter son journal (qui a fait l’objet d’une publication), ses carnets, les manuscrits de scénarios, et la littérature purement alimentaire y compris érotique ; enfin toute la somme représentant la construction de ce qu’était J-P M.