Identification

Essais

La Vie des plantes, Une métaphysique du mélange, Emanuele Coccia (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 23 Avril 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Petite bibliothèque Payot

La Vie des plantes, Une métaphysique du mélange, Emanuele Coccia, Rivages Poche/Petite Bibliothèque, novembre 2023, 192 pages, 9,50 € Edition: Petite bibliothèque Payot

 

« Les plantes sont les vrais médiateurs : elles sont les premiers yeux qui se sont posés et ouverts sur le monde, elles sont le regard qui arrive à le percevoir dans toutes ses formes. Le monde est avant tout ce que les plantes ont su en faire. Ce sont elles qui ont fait notre monde, même si le statut de ce faire est bien différent de celui de toute activité des vivants. C’est donc aux plantes que ce livre va poser la question de la nature du monde, son extension, sa consistance. Aussi, la tentative de refonder une cosmologie – la seule forme de philosophie qui puisse être considérée comme légitime – devra commencer par une exploration de la vie végétale ».

Le propos est puissant, emporté voire excessif, mais on désire y adhérer. Emanuele Coccia a amené le lecteur au terme d’un prologue brillant, promettant d’envisager le monde et notre relation à celui-ci au travers du prisme de la plante.

L’époque de la peinture, Prolégomènes à une utopie, Jérôme Thélot (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 22 Avril 2024. , dans Essais, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

L’époque de la peinture, Prolégomènes à une utopie, Jérôme Thélot, L’Atelier contemporain, février 2024, 160 pages, 20 €

 

Ambiguïté de la peinture/ambiguïté de l’utopie

Je viens de passer quelques heures en compagnie du livre que Jérôme Thélot a fait paraître récemment. Il avance une thèse hardie et très intelligente, en parlant des lieux d’utopie de la peinture, et bientôt de l’utopie au sens général à laquelle la peinture pourrait donner accès. Pas avec une langue absconde ou amphigourique, mais par une analyse qui suggère au lecteur de faire sienne cette hypothèse, voire cette théorie. À savoir, que la peinture de Manet, de Hals, de Poussin, de Zurbaran, de van Velde, par exemple, se trouve être davantage des pensées que des choses. Une peinture qui pense.

Et ce regard qui pense surgit dans une sphère hantée par le silence et en même temps par le cri – le Tres de mayo de Goya ou celui de Munch, entre autres.

Julien Gracq, Nora, une passion surréaliste, Roger Aïm (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 03 Avril 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Julien Gracq, Nora, une passion surréaliste, Roger Aïm, Editions Infimes, janvier 2024, Préface Irène Frain, 90 pages, 12 €

 

« À l’heure de l’apaisement du monde, Nora occupe l’intime de son être. Ancré dans sa timidité, il ne pouvait aimer qu’avec une passion retenue à l’écart de tous, son étoile Bulgare au regard doux, au sourire léger, à la démarche enjouée, née un 29 septembre 1921 à Sofia ».

« N’appartenant qu’à elle-même, volant toujours de ses propres ailes et dans les directions qu’elle assumera toujours de choisir, Nora, femme libre, sans fards, façonne sa liberté et construit, jour après jour, sa vision du bonheur ».

En lisant Julien Gracq, Nora, une passion surréaliste, on ne peut que rappeler que tout exercice d’admiration qui n’est pas porté par celui de la langue, est vain. Roger Aïm est l’un des grands lecteurs de Julien Gracq, fidèle à l’art romanesque et poétique de l’ermite de Saint-Florent-le-Vieil ; et les petits livres qu’il lui a consacrés (1) sont tous ambrés d’une même passion littéraire, nourris d’un exceptionnel savoir savoureux de l’œuvre de Julien Gracq.

Philippe Sollers entre les lignes, Pascal Louvrier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 13 Mars 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Passeur

Philippe Sollers entre les lignes, Pascal Louvrier, Le Passeur Éditeur, février 2024, 260 pages, 18 € . Ecrivain(s): Pascal Louvrier Edition: Le Passeur

 

« On est à la Closerie des Lilas, dans cette partie tranquille de la brasserie qu’on appelle « Le Daumier ». Sollers y a sa petite table réservée en permanence. Endroit un peu sombre. Pas d’oreilles indiscrètes. À l’écart de l’agitation stérile. Deux bloody mary chacun. Ses traditionnels œufs- mayonnaise. Eau minérale. Pas de vin. La tête fraîche, les idées nettes. Pour pouvoir écrire deux ou trois pages durant l’après-midi ».

« L’existence se présente sous la forme de petits romans métaphysiques, où chaque instant compte. Jean a bien vu ce qu’il a vu, le tombeau est vide (Philippe Sollers, Graal, Gallimard, 2022).

Cet essai de Pascal Louvrier possède deux vies, la première en 1996 (Editions du Rocher), la seconde aujourd’hui (Le Passeur Éditeur), entre-temps, Philippe Sollers n’a cessé d’écrire des petits romans métaphysiques avant de se retirer dans son île, loin des propos et des regards malveillants, et si proche du « carré des aviateurs Anglais » du cimetière d’Ars-en-Ré.

Glam Rock, Glitter, Teenage pop & art rock, Christophe Brault (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 11 Mars 2024. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Le Mot et le Reste

Glam Rock, Glitter, Teenage pop & art rock, Christophe Brault, Éditions Le Mot et le reste, janvier 2024, 280 pages, 22 € Edition: Le Mot et le Reste

Le début des années 70 est dominé dans la sphère rock par le hard rock et le rock progressif. N’en déplaise à certains, ce ne sont pas là des variations sur un même thème sans aucune importance, on a ici une évolution qui, a posteriori, semble logique et parfaitement intégrée au genre musical. Quel que soit le mouvement musical considéré, il y a toujours des créateurs pour s’emparer de structures musicales et les faire évoluer. Et bien entendu, le rock, musique populaire, n’échappe pas à cette règle. Ainsi naîtra au début des années 70 le glam rock, objet de cet ouvrage on ne peut plus documenté, un glam rock prêt à tout pour se faire une place.

C’est le 10 mars 1971 que tout commence. Lors de l’émission télévisée britannique « Top of the Pops », Marc Bolan et son groupe T.Rex présentent un nouveau titre, Hot love. Et dans le but de marquer les esprits, Marc Bolan va se présenter avec des paillettes scintillantes sur les joues, pour les faire briller devant les cameras, d’autant que l’émission est diffusée en couleurs (les caméras couleur sont utilisées depuis novembre 69). Marc Bolan veut représenter l’avenir et le pari, risqué, aboutit à une montée dans les charts. Un nouveau mouvement musical est né, le glam rock, qui va prendre une place considérable. Les paillettes ont fait leur œuvre !