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Science-fiction

Loco, Joël Houssin

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 20 Octobre 2012. , dans Science-fiction, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Loco, Ed. Ring, 20 septembre 2012, 240 p. 16 € . Ecrivain(s): Joël Houssin

« La planète n’était plus qu’un gigantesque mausolée à ciel ouvert de cinq milliards de morts ».

« On ne voyait, en guise d’étoiles, que le ciel de cendres qui crachait de temps à autre toute sa merde noire et radioactive sur la terre, ondées infécondes dont il fallait se protéger pour survivre quelques mois de plus… ».

Un programme fou, la Black Box, a déclenché une catastrophe nucléaire. La planète a été ravagée, elle n’est plus qu’une terre gorgée de sang. Désormais, deux mondes cohabitent. D’un côté les rescapés et de l’autre les contaminés. Les premiers errent dans les paysages dévastés, avec une espérance de vie limitée. On n’y rencontre quasiment jamais de vieillards, et les enfants sont plus que rares. Les seconds sont protégés dans leur bulle, à l’abri de l’atmosphère empoisonnée.

Le monde que décrit Joël Houssin pourrait être le monde de demain. C’est peut-être déjà celui que nous connaissons aujourd’hui, dans une métaphore à peine voilée. Deux classes antagonistes, une autre forme d’apartheid. D’un côté les gens en bonne santé, de l’autre les contaminés. Aucun terrain d’entente n’est et ne sera possible. Les uns ne peuvent aller dans le monde des autres sans se faire contaminer. Les autres sont exterminés s’ils tentent de s’infiltrer dans le monde protégé.

La guerre des salamandres, Karel Capek

Ecrit par Yann Suty , le Lundi, 09 Juillet 2012. , dans Science-fiction, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays de l'Est, Roman, La Baconnière

La Guerre des salamandres, 1936, mai 2012, trad. du tchèque Claudia Ancelot, 316 p. 18 € . Ecrivain(s): Karel Čapek Edition: La Baconnière

 

La lecture de ce livre terminé, on se met aussitôt à douter. A-t-il vraiment été édité en 1936 ? N’est-ce pas un « coup » marketing quelconque ? On pense au livre d’Antoine Bello, Les falsificateurs, en se demandant si cette réédition est une vraie réédition, si le livre n’a pas pu être écrit ces derniers temps et pas il y a 80 ans tant il semble si moderne dans son propos et dans sa forme, en plus de faire preuve de certains talents visionnaires…

En tout cas, les Editions La Baconnière ont l’excellente idée de rééditer, en collaboration avec Ibolya Virag, La guerre des Salamandres de l’auteur tchèque Karel Capek. Précurseur de la science-fiction, il est notamment l’inventeur du mot « robot ». Il avait même été l’un des favoris pour le Prix Nobel dans les années 34-35, mais il avait été mis hors course pour ne pas froisser Hitler…

Super triste histoire d'amour (Super Sad True Love Story), Gary Shteyngart (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 24 Avril 2012. , dans Science-fiction, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman, L'Olivier (Seuil)

Super triste histoire d’amour (Super sad true love story. Trad. de Stéphane Roques) Mars 2012. 408 p. 24 € . Ecrivain(s): Gary Shteyngart Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Une dystopie. Il fut un temps, naguère, où on disait « anticipation » et dans le cas de ce roman le terme est tellement plus juste. Anticipation, à peine … Et la puissance tellurique de ce livre c’est ça : l’à-peine décalage dans le temps. Oui, c’est de la fiction, mais une fiction tellement ancrée dans les fondements aveuglants du présent, qu’elle en extrait la quintessence. A la manière d’une fable philosophique, ce roman d’anticipation dresse un tableau saisissant de ce qui nous attend ou, plus exactement, de ce qui nous arrive.

Lenny Abramov, Juif américain presque quadra est tombé amoureux, lors d’une année sabbatique à Rome en l’An … , d’une très jeune coréenne, Eunice Park. Lui qui travaille pour  « les services post-humains » de la Staatling-Wapachung, entreprise US qui a pour objet la production de … l’immortalité, rien moins. Belle injection de jouvence que cette fille, menue, drôle et prototype tonique de son temps.

Ailleurs et sur la Terre, Jacques Sternberg

Ecrit par Laetitia Steinbach , le Vendredi, 23 Mars 2012. , dans Science-fiction, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Mijade

Ailleurs et sur la Terre, novembre 2011, 270 pages, 12 € . Ecrivain(s): Jacques Sternberg Edition: Mijade


« Tu es quelqu’un de bien » entend-on souvent ; quelqu’un de bien, vraiment ? A en croire Jacques Sternberg, nous serions plutôt quelqu’un de « pire » au point d’être considérés par l’auteur comme les créatures les plus odieuses et les plus exsangues de sentiments de toutes les galaxies.

Ailleurs et sur la Terre est une anthologie de nouvelles publiées entre 1958 et 1995, par Jacques Sternberg, un des rares auteurs de science-fiction de langue française à la réputation internationale.

Maître de la démonstration par l’absurde, Jacques Sternberg n’a de cesse de prouver à son lecteur que le monde sans l’homme est finalement bien plus policé et fréquentable qu’avec la présence de celui qui a inventé les notions de société, de respect ou de droits de l’homme. Quoique… ces derniers soient bien appliqués puisqu’il ne s’agit en somme que de conquérir des terres peuplées d’êtres non-humains, donc non éligibles à l’application d’un traité quelconque. C’est qu’ainsi, avec une grande ironie – parfois amusée, parfois désabusée voire désespérée – que l’auteur nous renvoie à nos propres errements ou contradictions, comme dans la courte histoire « Les étrangers ». Qui d’ailleurs n’est pas sans nous rappeler une actualité teintée de polémique autour de la notion « d’identité »…

Le ParK, Bruce Bégout

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 12 Novembre 2011. , dans Science-fiction, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Allia

Le ParK, Editions Allia Avril 2010 – 152 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Bruce Bégout Edition: Allia

Sur une île privée au large de Bornéo, un milliardaire a créé le ParK. Comme son nom l’indique, c’est un parc, mais pas comme les autres. Il rassemble en effet tous les types de parcs en un seul, il est le parc de tous les parcs, la synthèse ultime qui rend tous les autres obsolètes.

Avec lui s’ouvre « une nouvelle phase dans l’ère du divertissement de masse », mais qui dépasse les notions mêmes de divertissement et de loisir.

Le ParK est immense. Sa surface est comparable à celle de la ville de Djarkata. Une année ne suffit pas pour en faire le tour et en découvrir toutes ses attractions. Des « attractions » ? Oui, mais ... pas tout à fait. Elles sont si délirantes et violentes qu’elles provoquent l’ahurissement et le malaise. Le qualificatif de « répulsions » leur sied mieux.

Le ParK tient tout autant de Disneyland que de Treblinka.

Il met en scène l’idée de parcage et rassemble en un seul lieu toutes les formes d’enclavement humain pour protéger, isoler, enfermer, domestique, classer, regrouper, exterminer. S’y côtoient une réserve animale, un parc d’attractions, un camp de concentration, une technopole, une foire aux plaisirs, des cantonnements de réfugiés, un cimetière, une kindergarten, des jardins zoologiques, une maison de retraite ou encore une prison.